Au Royaume-Uni, l’unique musée dédié aux travailleurs menacé de coupes budgétaires

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Une campagne en ligne pour sauver l’unique musée d’Angleterre consacré à l’histoire de la classe travailleuse a recueilli un soutien massif suite à l’annonce d’une réduction des subventions publiques de 200.000 livres sterling.

En 2010, le gouvernement de coalition libéral-conservateur (connu par ses critiques sous l’acronyme fâcheux de « ConDem ») a annoncé qu’il réduirait les subventions publiques accordées à divers musées aux quatre coins du royaume. Parmi eux, le People’s History Museum, à Manchester, est menacé de coupes de 20% d’ici 2015.

Le musée contient une collection de documents imprimés, d’objets et de photographies qui retracent la vie des classes ouvrières et documente 200 années d’histoire des mouvements démocratiques en Grande-Bretagne.

Le personnel est en quête de financements alternatifs mais l’imminence des coupes budgétaires fait craindre que le manque à gagner ne puisse être comblé en temps voulu.

Melissa Bassil, fervent défenseur du musée et organisatrice d’une pétition en ligne sur le site web 38degrees.org a dit à Equal Times que le gouvernement devrait sérieusement envisager de faire marche-arrière sur ces mesures d’austérité.

« Le People’s History Museum est non seulement le gardien de notre histoire mais il peut inspirer les générations futures à réaliser qu’elles peuvent s’unir, qu’elles peuvent faire la différence et qu’au lieu de se disputer les miettes, les travailleurs devraient s’unir pour changer la donne. »

« Nous avons les moyens de soutenir nos institutions culturelles et la vaste majorité des gens ne verraient pas la différence dans leur porte-monnaie. J’espère en tout cas qu’elle [la pétition] éveillera suffisamment d’intérêt pour qu’ils reconsidèrent leur décision. »

Lancée il y a un peu plus de deux semaines, la pétition intitulée en anglais Restore funding to the People’s History Museum a déjà recueilli plus de 7000 signatures.

Melissa Bassil s’est fixé pour objectif d’atteindre 10.000 signatures avant de présenter la pétition à Ed Vaizey, ministre de la Culture, des Communications et des Industries créatives.

Au nombre des partisans de cette campagne, Len McCluskey, secrétaire général de la centrale syndicale britannique Unite the Union, a récemment écrit un article dans le Guardian où il critiquait sévèrement le gouvernement.

« La réduction proposée des subventions au musée participe d’une démarche flagrante du Parti conservateur pour réécrire l’histoire à sa propre image et empêcher les générations futures d’apprendre les sacrifices qu’ont faits leurs ancêtres pour la nation », a-t-il écrit.

« … Nous devons défendre le People’s Museum contre l’attaque malveillante et politiquement motivée du gouvernement dirigé par les Conservateurs et sauver le seul musée consacré à la mémoire de notre histoire à tous. »

L’article de McCluskey faisait suite à un article paru dans le quotidien The Independent, où le conservateur du musée, Cath Birchall, a insinué que les coupes budgétaires intervenaient en représailles à une exposition qui évoque comment les conditions sociales de la classe travailleuse avaient été transformées par la Première Guerre mondiale.

D’après elle, le gouvernement refuse de « voir l’importance d’un musée national qui montre les effets de la guerre sur les gens ordinaires… »

Le gouvernement a toutefois démenti que ses motivations étaient idéologiques et le musée s’est subséquemment ravisé de ces déclarations.

Katy Ashton, directrice du PHM, a dit à Equal Times que le musée était désormais à la recherche de sources alternatives de financement, parmi lesquelles elle a cité les activités commerciales et les dons, et qu’il est extrêmement reconnaissant du soutien public qu’a généré la campagne.

« Le succès a été phénoménal en termes du nombre de personnes qui s’y sont rallié ; nous sommes extrêmement reconnaissants de cette solidarité et tenons réellement à ce que les gens continuent à soutenir le musée par tous les moyens qu’ils jugent appropriés. »

« Le Musée a un lien réel avec la vie des gens ordinaires. L’histoire que nous racontons est celle de travailleuses et travailleurs ordinaires et de la lutte que ces gens ont livrée pour une chose en laquelle ils croyaient fermement. Nous sommes le seul musée de ce pays consacré au développement de la démocratie et le fait de soutenir un récit intimement lié au pouvoir du peuple va droit au cœur de notre public. »

 

Cet article a été traduit de l'anglais.