Haïti dévastée par l’ouragan Matthew, la lutte pour le travail décent devra attendre

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Les organisations syndicales d’Haïti s’apprêtaient à célébrer, dans le cadre de leur campagne de ratification des conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT) 102 (sécurité sociale) et 189 (travail décent pour les travailleuses domestiques), ce vendredi 7 octobre, la journée mondiale pour le travail décent, centrée sur la nécessité de construire un système de protection et de sécurité sociale qui couvre l’ensemble des besoins et de la population haïtienne. La célébration a été annulée vu l’état d’urgence que vit la population travailleuse et ses organisations syndicales.

Alors que l’île d’Haïti peinait déjà à se relever du tremblement de terre et autres caprices de la nature, elle doit à nouveau panser ses plaies après avoir subi le passage d’un des cyclones les plus puissants de ces dernières années : vents violents et pluies torrentielles ont provoqué des inondations et de très nombreuses destructions, blessant et tuant sur son passage. 

Dans certaines régions de l’île, les moyens de communication ont été sévèrement endommagés par les rafales de vent soufflant jusqu’à 240km/h.

De ce fait, le contact est entièrement rompu depuis le passage de l’ouragan, et la situation dans beaucoup de zones affectées reste inconnue.

L’isolement et manque de communication avec les zones affectées plus sévèrement rendent difficile l’établissement d’un bilan de l’ampleur de la catastrophe. Selon des bilans provisoires, des centaines de personnes seraient décédées, un nombre important de maisons ont été endommagées et plus de 21.000 personnes sont actuellement réfugiées dans des abris de fortune.

De même, de nombreuses infrastructures, notamment routières, sont endommagées ou détruites et des larges surfaces agricoles ont été détruites par les rafales et les grandes inondations. 80% des plantations ont été détruites, laissant la population dans une situation de désœuvrement total sans disposer de ressources pour l’alimentation familiale.

La population est dans l’urgence de disposer d’un minimum vital : de la nourriture et de l’eau potable. L’eau est indispensable pour éviter la résurgence du choléra, dont de premiers cas ont déjà été déclarés.

Face à l’état d’urgence, les élections présidentielles et législatives prévues dimanche 9 octobre en Haïti ont été reportées jusqu’à nouvel ordre. Ce processus avait déjà été interrompu en 2015 suite à des fraudes massives.

La Confédération syndicale des Amériques et la Confédération syndicale internationale tiennent à manifester toute leur solidarité avec la population haïtienne et réitèrent leur la volonté de continuer à accompagner les organisations représentatives des travailleurs dans la lutte pour la construction de l’édifice social du pays, afin de garantir des droits et une protection réelle et efficace à tous les travailleurs et toutes les travailleuses de ce pays.