Le Guatemala « doit faire plus » pour protéger les syndicalistes

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Le président du Guatemala, Otto Pérez Molina a promis de poursuivre les enquêtes sur les crimes contre les syndicalistes et à fournir une sécurité accrue à ceux qui considèrent que leur vie est en danger.

La promesse intervient suite aux pressions internationales accrues réclamant la fin de l’impunité dans le pays d’Amérique centrale et la justice pour 73 syndicalistes assassinés au cours des dernières années.

Au prorata de la population, le Guatemala reste le pays le plus dangereux du monde pour les syndicalistes.

Les travailleurs et leurs syndicats continuent de faire l’objet d’atteintes systématiques à leurs droits les plus fondamentaux, comme le droit d’organiser et de négocier au nom des travailleurs qu’ils représentent.

Plusieurs des syndicalistes assassinés pour avoir fait campagne en faveur de l’amélioration des droits des travailleurs avaient auparavant sollicité la protection du gouvernement après avoir reçu des menaces de mort.

Cette protection ne leur a, toutefois, jamais été fournie et ils ont été tués.

Conséquemment aux pressions internationales, le gouvernement a mis sur pied des programmes de protection dont le but est d’offrir une sécurité accrue aux syndicalistes qui estiment que leur vie est en danger.

Mais pour beaucoup de syndicalistes, cette réponse ne suffit pas à elle seule.

«  Nous sommes toujours inquiets car il n’y a pas de sentences fermes », affirme Luis Lara, secrétaire général du Sindicato Nacional de Trabajadores de la Salud de Guatemala (SNTSPG), qui fait partie du mouvement populaire Frente Nacional de Lucha

« Dans le cas de l’assassinat de notre collègue Carlos Hernandez Mendoza, aucune sentence n’a encore été prononcée. Pas de sentence non plus dans le cas de notre camarade Ovidio Ortiz Cajas. ».

 

Échec persistant

Les syndicats guatémaltèques et le mouvement syndical international ont exprimé, à maintes reprises, leur inquiétude concernant l’échec persistant du système judiciaire à rendre des sentences contre les personnes coupables d’assassinats de syndicalistes.

Au cours de l’année écoulée, plusieurs délégations internationales de haut niveau se sont rendues dans le pays pour rencontrer le président et demander instamment à son gouvernement de mettre fin à la vague d’assassinats de syndicalistes, au risque de voir révoquer le statut commercial préférentiel dont il jouit auprès de l’Europe et des États-Unis.

À l’occasion de sa conférence régionale annuelle qui s’est tenue récemment à Guatemala City, l’Internationale des services publics (PSI) a interpellé Perez Molina au sujet du manque de progrès depuis sa dernière visite dans le pays, six mois plus tôt.

« Même si certains changements cosmétiques ont été apportés et de nombreux nouveaux organes et institutions créés, cela n’a pas donné lieu à un changement de substance », a déclaré Sandra Vermuyten, chargée des questions d’égalité et de droits auprès de la PSI.

« Au contraire, l’impunité persiste et le gouvernement refuse d’appliquer les accords qu’il a signés.

Le Haut-commissaire des Nations Unies [aux droits l’homme] a très clairement attiré l’attention sur les massacres persistants, le déplacement forcé de populations indigènes [et] la violence contre les syndicalistes. Ce sont là autant de signes d’un État défaillant qui est complice des intérêts d’une oligarchie pour qui aucune règle n’existe. »

Le mois dernier, l’OIT a décidé de reporter à novembre un vote qui devait déterminer s’il convenait ou non d’initier une Commission d’enquête au Guatemala, pour laisser plus de temps au pays d’aborder toutes les questions soulevées dans la feuille de route qu’il a signée fin octobre.

Le président Pérez Molina a assuré à la secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale (CSI), Sharan Burrow, qu’il était dans l’intention du Guatemala de se conformer aux conventions internationales qui garantissent le droit de liberté syndicale et s’est engagé à diffuser une circulaire à toutes les institutions gouvernementales appelant celles-ci à respecter la liberté syndicale et la négociation collective.

« Il est grand temps que Monsieur Pérez Molina commence à montrer plus que de bonnes intentions pour les travailleuses et travailleurs du Guatemala », a déclaré Burrow.

«  Faute de quoi le mouvement syndical international se verra obligé d’intensifier ses pressions pour la constitution d’une commission d’enquête (le plus haut niveau d’investigation au niveau de l’Organisation internationale du travail). »

Ceci aura, à terme, une incidence sur les accords de libre-échange souscrits par le Guatemala, notamment au niveau du conseil d’arbitrage de l’ALEAC, et augmentera considérablement la probabilité d’une procédure de plainte au niveau de l’Union européenne.

Cet article a été traduit de l'anglais.