Des centaines de mineurs tués dans l’explosion d’une mine en Turquie

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Aux dernières nouvelles, près de 300 mineurs auraient trouvé la mort mardi dans l’ouest de la Turquie lors d’une explosion dans une mine de charbon.

Des centaines de personnes seraient encore sous terre, d’après le ministre turc de l’Énergie et des Ressources naturelles, Taner Yildiz.

Le ministre a annoncé qu’au moins 360 mineurs avaient déjà été secourus mais qu’il y avait 787 travailleurs dans la mine au moment de l’accident, ce qui laisse craindre un nombre de décès plus élevé.

Selon les premières informations, c’est une défaillance électrique qui est à l’origine de l’explosion mardi en début d’après-midi. Un incendie s’est ensuite déclaré et des parois de la mine se sont effondrées, emprisonnant les mineurs dans les galeries souterraines.

Il a fallu pomper de l’oxygène dans la mine, et de nombreux mineurs secourus ont manifesté des difficultés respiratoires.

« Nous luttons actuellement contre l’intoxication au monoxyde et au dioxyde de carbone  » a précisé Yildiz à la télévision turque.

Des centaines de personnes se sont aussitôt rendues à la mine, à proximité de la ville de Soma, dans la province de Manisa, et à l’hôpital de la ville, dans l’espoir d’avoir des nouvelles de leurs proches.

Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, qui s’est rendu Soma, a déclaré trois jours de deuil national.

 

Des mines dangereuses

La mine de Soma, qui produit du lignite (une variété de charbon), est l’une des principales industries de la région. Elle appartient à Soma Komur Isletmeleri A.S, de la société Soma Holding.

L’entreprise affirme être la première productrice de charbon de Turquie en exploitation souterraine, avec une production annuelle d’environ six millions de tonnes.

Mercredi, une brève déclaration a été postée sur le site web de l’entreprise :
« En dépit des inspections fréquentes et minutieuses, cet accident s’est produit et nous sommes intervenus immédiatement. Nous en recherchons les causes mais notre principale priorité est de secourir nos travailleurs afin qu’ils puissent se rétablir rapidement et retrouver leurs proches et leur famille ».

Le ministère turc du Travail et de la Sécurité sociale a signalé que la mine avait été inspectée cinq fois depuis 2012, y compris en mars dernier, et qu’aucun problème de sécurité n’avait été détecté.

Or, certains mineurs ne partagent pas cet avis et affirment que les exigences élémentaires de sécurité n’étaient pas respectées dans la mine.

Bien que la Turquie soit loin d’être irréprochable en matière de sécurité dans les mines, et que des explosions de ce type ne soient pas rares, des accidents d’une telle ampleur sont exceptionnels.

L’accident le plus grave de l’histoire des mines en Turquie s’est produit en 1992 dans la mine de Zonguldak, dans la région de la mer Noire, où une explosion de gaz avait coûté la vie à 263 mineurs.

Un rapport turc révèle par ailleurs que pour 100 millions de tonnes de charbon produites, ce sont 900 travailleurs qui perdent la vie, contre un à six travailleurs aux États-Unis.

Dans une déclaration, la fédération syndicale internationale IndustriALL compare l’accident de la mine à un «  carnage  » et ajoute que «  la Turquie est probablement la plus mal placée d’Europe et occupe sans doute la troisième plus mauvaise place du monde en matière de sécurité, compte tenu du nombre d’accidents et d’explosions dans les mines ».

Cette organisation, qui compte parmi ses affiliées le Syndicat des mineurs de Turquie, appelle également le gouvernement turc à « ratifier immédiatement et à faire appliquer la Convention 176 de l’OIT sur la sécurité et la santé dans les mines afin de sauver la vie des mineurs. La « tuerie » doit cesser ».

D’après l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le charbon couvre 40% des besoins mondiaux en électricité.

L’AIE indique dans son rapport sur le marché du charbon à moyen terme Medium-Term Coal Market Report, publié en décembre, que la demande en combustibles fossiles va continuer d’augmenter de 2,3% en moyenne par an jusqu’en 2018, essentiellement en raison des besoins des économies à forte croissance telles que la Chine.

Selon les propos de la directrice exécutive de l’AIE, Maria van der Hoeven, « Que cela nous plaise ou non, le charbon a encore de longues années devant lui  ».

 

Traduit de l’anglais par Equal Times.

Cet article a été traduit de l'anglais.