Rachid Malaoui : « Nous luttons pour la démocratie en Algérie »

Rachid Malaoui est le président du SNAPAP, le Syndicat National Autonome des Personnels de l’Administration Publique, en Algérie. Ce syndicat fut créé en 1988 durant le « printemps arabe » algérien.

Entretien avec Rachid Malaoui, président du SNAPAP, le Syndicat National Autonome des Personnels de l’Administration Publique, au sujet de la liberté syndicale en Algérie.

En tant que syndicat autonome, quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontés en Algérie ?

L’Algérie a un gouvernement totalitaire. Toutes ses décisions sont imposées sur le peuple algérien. Tous les syndicats indépendants du pouvoir et des partis politiques sont réprimés. C’est un pouvoir qui ne négocie pas.

Nous voulons une société de droit démocratique. On essaie donc d’imposer notre combat sur le terrain pour défendre les travailleurs. Mais il nous est interdit de manifester. En Algérie, une autorisation du ministre de l’Intérieur est nécessaire pour se réunir. Ce dernier refuse toutes les autorisations aux organisations autonomes. La loi permet néanmoins de nous réunir, mais seulement dans nos propres locaux. Malgré cela, nos locaux sont souvent fermés, encerclés par la police.

Nous avons beaucoup de femmes syndicalistes qui sont licenciées pour activité syndicale. Il y a même eu une tentative d’assassinat à mon égard en 2011.De plus, le pouvoir a toujours fait peur au peuple. On nous accuse, nous les autonomes qui veulent le changement, d’être des agents de l’étranger qui vont transformer l’Algérie en une nouvelle Syrie.

 

Pourriez-vous nous parler de votre plainte à l’Organisation internationale du travail (OIT) ?

En 2001, nous avons été le premier syndicat arabe à déposer une plainte à l’OIT.
Le comité des libertés de l’OIT a écrit plusieurs rapports qui recommandent au gouvernement algérien la fin de la suspension des syndicats ou la reconnaissance des confédérations syndicales.

Un entretien à la police est obligatoire en Algérie pour former un syndicat. Puis, si une autorisation est délivrée, ce qui arrive rarement, elle peut prendre jusqu’à cinq années d’attente avant son obtention.Le comité des experts a également noté que les lois algériennes ne sont pas conformes à plusieurs conventions de l’OIT, ratifiées par l’Algérie. L’OIT a également dénoncé les tentatives d’assassinat envers certains dirigeants syndicaux.

 

Quel est la situation politique en Algérie après la réélection de Bouteflika ?

Ce quatrième mandat a poussé la société civile à se renforcer. L’opposition est en train de se constituer en force. En tant que société civile. En tant que parti. C’est un bon mouvement pour avancer vers la démocratie.