Le travail forcé persiste dans les cultures de coton d’Ouzbékistan

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D’après une série de témoignages recueillis par le Forum germano-ouzbek pour les droits humains, les travailleurs des services de santé s’épuisant dans les plantations de coton en Ouzbékistan seront bientôt rejoints par des étudiants universitaires de troisième et de quatrième années que les autorités obligent à travailler aux récoltes annuelles de l’automne.

L’organisation non gouvernementale met aussi en avant des récits indiquant que des mineurs pourraient être forcés de cueillir le coton.

Tous les ans, à l’époque des récoltes, le gouvernement mobilise plus d’un million de résidents pour la cueillette du coton en recourant à la coercition systématique, et, à en lire une déclaration de Cotton Campaign, une coalition d’organisations, dont l’ONG américaine de défense des droits au travail, Solidarity Center, « les bénéfices engrangés profitent à l’élite gouvernementale plutôt qu’à la population ».

Après une condamnation internationale, l’Ouzbékistan a réduit le travail des enfants dans ses champs de coton, mais lors de la récolte de 2014, les autorités ont mobilisé plus d’agents de la fonction publique que les années précédentes, certainement pour compenser la diminution d’enfants cueilleurs, peut-on encore lire dans le rapport 2015 du Forum germano-ouzbek.

De septembre à octobre, de nombreuses classes restent fermées, car les enseignants figurent au nombre des personnes forcées de cueillir le coton. Les cliniques et les hôpitaux ne sont pas en mesure de fonctionner à plein régime, le personnel médical s’épuisant également dans les champs.

Cette année, le gouvernement ouzbek espère tirer un milliard de dollars US de profits de la vente du coton, une somme d’argent qui disparaît dans un fonds extrabudgétaire du ministère des Finances auquel seuls les responsables les plus élevés ont accès, toujours selon le rapport.

Au moins 17 personnes ont perdu la vie et beaucoup d’autres ont été blessées lors de la récolte de l’année dernière en raison des conditions de travail et de vie piètres ou peu sûres. Les travailleuses et les travailleurs sont obligés de s’épuiser de longues heures durant sans avoir accès à de l’eau potable et, en général, sans aucun dispositif de protection, directement exposés aux pesticides toxiques et manipulant des outils dangereux.

« Nous ne recevons aucune nourriture. Nous devons apporter notre pain et nos tomates », explique un travailleur des services de santé. « Le coton est très bas et dans le sable, il y a beaucoup de serpents ».

Beaucoup de salariés sont menacés de perdre leur emploi, de ne plus avoir accès à des services publics, risquent des amendes et des poursuites en justice s’ils ne participent pas à la cueillette de coton. Celles et ceux qui refusent s’exposent même à des diminutions de leur pension et autres avantages liés au travail.

Cette année, par deux fois, la police ouzbèke a agressé Elena Urlaeva, défenseuse des droits humains : en mai, alors qu’elle se renseignait sur le travail forcé dans les plantations de coton et en août, lorsqu’elle distribuait des tracts expliquant que des lois interdisaient le travail forcé.

En juillet, le Département d’État des États-Unis a modifié le classement de l’Ouzbékistan dans son rapport sur la traite des êtres humains pour le positionner dans la deuxième tranche de sa liste de surveillance. Cela veut dire qu’il estime que le pays ne respecte pas entièrement la loi américaine sur la traite des êtres humains et la protection des victimes (TVPA en anglais), mais a engagé des efforts considérables en ce sens.

Dans le rapport de 2014, l’Ouzbékistan figurait dans la troisième tranche, soit dans la catégorie de pays qui ne respectent pas entièrement la TVPA.

Plutôt, dans l’année, le Solidarity Center, aux côtés de 30 syndicats internationaux, d’associations professionnelles et de réseaux sans but lucratif pressaient le Département d’État de veiller à ce que son rapport sur la traite des personnes reflète précisément le régime grave, toujours en cours et soutenu par les autorités de travail forcé en Turkménistan et en Ouzbékistan.

Lors d’une visite en Ouzbékistan en juin, le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a déclaré que davantage devait être fait s’agissant de « la mobilisation des enseignants, des médecins et d’autres professions dans le secteur du coton, mais aussi pour empêcher les traitements cruels contre les prisonniers ».

Des dizaines de syndicats et d’organisations de défense des droits humains avaient envoyé une lettre à Ban Ki-moon, l’exhortant à soulever la question du travail forcé.

 

Cet article a d’abord été publié sur le site web de Solidarity Center.

 

Cet article a été traduit de l’anglais.

Cet article a été traduit de l'anglais.