Walmart Chili : Le géant égoïste

Actualité

Walmart, la plus grande chaîne de supermarchés du monde s’affronte au Chili à une négociation collective conventionnée et pour ne pas céder aux demandes de ses salariés, elle menace de les licencier.

Pour comble, elle propose pour toute concession un réajustement salarial de seulement 159 pesos, soit environ 31,8 cents de dollar.

Walmart est implantée dans le pays depuis 2008, lorsqu’elle est devenue actionnaire de la société Distribución y Servicios (D&S), qui a des liens avec la famille Ibañez. Elle contrôle désormais, sous le nom de Walmart Chile, les chaînes de supermarchés Ekono, Hiper Lider, Lider Express, de même qu’une société immobilière qui construit les grandes surfaces pour ensuite les louer à ses propres entreprises, ainsi qu’à la chaîne de supermarchés Acuenta.

Ce sont précisément les salariés d’Acuenta qui se trouvent au cœur du conflit collectif ; 1500 personnes qui réclament un réajustement salarial de 8% sur l’indice des prix à la consommation, l’amélioration des conditions de base comme l’uniforme de travail, des primes en fonction de l’horaire et l’encadrement des heures de travail.

La multinationale offre pour toute réponse un réajustement de 31,88 cents de dollars et des menaces qui portent atteinte à la liberté syndicale et aux droits des travailleuses et travailleurs.

Ce qui précède est corroboré par les agissements de la gérante de la branche des supermarchés Acuenta à Cerrillos, Jenny Contreras, qui a brandi la menace de licenciements et de retenues arbitraires contre les employés lorsque ceux-ci ont commencé à s’organiser et à soutenir la grève légale qui sera mise au vote le 30 juillet.

Equal Times a rencontré Juan Carlos Zambrano du Sindicato Interempresas Lider, qui a déclaré : « Nous avons créé cette instance pour défendre nos droits étant donné que l’entreprise recourait aux multiroutes*, que Walmart Chile a réduit au nombre de 12 ». Et d’ajouter : « L’offre du géant des supermarchés me paraît dérisoire si l’on considère que Walmart Chili a bouclé l’année 2012 avec des bénéfices estimés à 115635 millions de pesos (237 millions de dollars), soit 53% de plus qu’en 2011. »

Zambrano a été clair : « Il faut se rendre compte qu’il s’agit majoritairement de travailleurs rémunérés au salaire minimum, qui vivent dans des conditions extrêmement précaires. »

À l’heure actuelle, le salaire minimum au Chili est de 193000 pesos (382 dollars). Si on le compare au niveau régional, l’Argentine et le Venezuela font relativement « mieux ». Qui plus est au Chili, le loyer moyen pour un logement n’est jamais inférieur à 120000 pesos, tandis que le pain, le lait et d’autres produits de consommation de base sont imposés à 19%.

Pour faire entendre leurs doléances et proclamer publiquement leurs revendications, les travailleurs et travailleuses de Walmart Chile ont décidé d’occuper les succursales centrales de la société dans la zone commerciale « Ciudad Empresarial ».

Ils ont occupé les lieux armés de pancartes, de sifflets et de tambours, de manière pacifique et digne, demandant que soit honorée une négociation collective garantie par la loi. Cependant, la plus grande chaîne de supermarchés du monde, dotée de 3668 points de vente en Amérique latine, continue de faire la sourde oreille.

La Banque mondiale a annoncé récemment qu’à partir de juillet, le Chili passera au rang des pays à hauts revenus, avec un PIB par habitant de 22655 dollars. Ce chiffre est d’autant plus étonnant qu’en ce moment-même, au Chili, la moyenne salariale pour 50 pour cent de la population chilienne se situe à 498 dollars par mois.

Pour reprendre les propos de Gonzalo Duran, économiste auprès de la Fundacion Sol, notre pays « produit énormément de richesse mais la valeur attribuée au travail est minimale. »

Les études réalisées par cette Fondation, basées sur les indicateurs par pays de l’OIT liés au pourcentage de travailleurs qui négocient collectivement et bénéficient du droit de grève, retiennent l’attention. Il atteint 96 pour cent en Belgique, 90 pour cent en Uruguay, 88 pour cent en Suède, 59 pour cent en Allemagne, 60 pour cent en Argentine et, de façon alarmante, seulement 8 pour cent au Chili (de surcroît avec remplacement des grévistes).

Les travailleuses et travailleurs de Walmart Chile veulent marquer la différence. Ils sont à pied de guerre pour leurs droits en tant que travailleurs et leur lutte promet d’être âpre face au « Géant égoïste ».

 

Cet article a été traduit de l'espagnol.