La saveur amère du café Starbucks au Chili

La chaîne de cafés Starbucks laisse un goût très amer au Chili. Adepte des pratiques antisyndicales, les atteintes qu’elle commet contre les droits de ses employés sont légion.

La participation syndicale s’en est vue sensiblement réduite, cependant que les licenciements sommaires contre celles ou ceux qui choisissent de se défendre sont à l’ordre du jour. Sur 270 employés syndiqués, il n’en reste aujourd’hui plus que 57.

Equal Times a rencontré Andres Giordano qui, en 2009, s’est joint à plusieurs de ses collègues pour fonder un syndicat dans le but d’améliorer les conditions d’emploi au sein de l’entreprise.

« Le problème, c’est le positionnement politique de l’entreprise, qui part du principe que les syndicats sont de trop.

C’est ce qu’a déclaré le PDG de la société, Howard Schultz, lui-même », explique Giordano.

Au fil du temps, les tensions entre l’entreprise et le syndicat sont allées s’intensifiant.

« Concrètement, cela veut dire qu’à chaque fois que nous faisons valoir nos revendications, Starbucks fait tout pour nous écraser et remettre en cause notre statut de représentant légitime des travailleurs.

Nous avons été victimes d’une litanie de pratiques antisyndicales qui ont été sanctionnées par quatre sentences judiciaires.

Nommément, les sentences F-32-2011, F39-20011, F12-2012 du tribunal du travail de seconde instance et la sentence F79-2001 du tribunal du travail de première instance », précise-t-il.

À la lumière de ce qui précède, la solidarité internationale ne s’est pas fait attendre.

Dans le cadre d’un appel à la solidarité de la CSI en soutien aux syndicalistes au Chili, vous êtes invités à signer une pétition dénonçant la conduite de la société Starbucks en vous rendant sur http://act.equaltimes.org/es/starbucks.

Cette lettre est adressée au directeur général de Starbucks, Howard Schultz, à Clifford Burrows (président de Starbucks aux États-Unis), à Francesca Faraggi (directrice des ressources humaines, Starbucks Chili) et à Federico Tejado (directeur général, Alsea).

Pendant ce temps, au Chili, les travailleuses/-eurs organisé(e)s ont décidé de voter en faveur d’une nouvelle grève. Celle-ci deviendra effective au cours des prochaines semaines, si la direction de l’entreprise refuse d’accéder aux revendications légitimes des travailleurs.

En clair, le syndicat demande une révision annuelle des salaires de base en fonction de l’IPC (indice des prix à la consommation), pour mettre à niveau les rémunérations.

Il demande également le versement de l’indemnité de collation actuellement limitée aux seuls membres de la direction et l’arrêt immédiat de la persécution des dirigeants syndicaux, en veillant à ce que ceux-ci disposent du temps et des ressources nécessaires pour mener à bien leur travail.

Dans son entretien avec Equal Times, Giordano a accusé Starbucks de « non-respect persistant du droit de négociation collective ». Et d’ajouter : « Nous envisageons la possibilité de déposer plainte pour faire en sorte que les traités dont le Chili est signataire soient respectés ».

Au fond, ce qu’on demande c’est « qu’on négocie de bonne foi, en respectant la constitution du Chili, les dispositions de l’OIT en matière syndicale et les principes directeurs de l’OCDE relatifs aux entreprises multinationales ».

 

Liste des pratiques antisyndicales chez Starbucks

Pratiques antisyndicales de Starbucks sanctionnées aux termes des sentences S-32-2011, S-39-2011, S-12-2012 du tribunal du travail de seconde instance et de la sentence S-79-2011 du tribunal du travail de première instance.

1) Refus de négociation dans les délais prévus par la loi et recours, durant le processus de négociation collective, à des mesures qui dénotent une mauvaise foi manifeste – en particulier, le recours abusif à l’embauche de personnel de remplacement illégal – qui a entravé le déroulement normal du processus en question ; recours à la coercition morale contre des personnes aux fins d’obtenir leur démission de l’organisation et, par-là, de nuire au cours normal du processus. (150 UTM)

2) Abus de pouvoir commis par les managers de district Francisco Saieh, Beatriz Vilches, Mauricio Vilches et Claudia Aburto pour gêner ou empêcher la négociation collective. (100 UTM)

3) Conduite discriminatoire consistant à priver les employés syndiqués de leur droit à la promotion. (100 UTM)

4) Atteinte aux droits fondamentaux des travailleuses affiliés à l’organisation plaignante moyennant recours à des discriminations illicites entre salariés eu égard à la passation et au renouvellement des contrats d’emploi, aux fins d’inciter à la désaffiliation du syndicat (150 UTM)

5)  Actes d’intimidation ou de coercition morale à l’encontre des travailleurs durant le processus de négociation collective, notamment des menaces de licenciement et de perte de prestations. (100 UTM)

6) Délivrance de fausses informations aux travailleurs aux fins d’éviter la grève (100 UTM)

7) Modification des horaires, des équipes et des jours fériés légaux pour affecter le quorum requis pour qu’une grève soit légale (150 UTM)

8) Diffamation et insultes à l’encontre de dirigeants syndicaux et de grévistes (150 UTM)

9) Conseils et soutien fournis à un groupe de travailleurs aux fins de constituer une nouvelle équipe de négociation acquise aux intérêts de l’entreprise. (150 UTM)

10) Licenciement sommaire du délégué syndical Antonio Páez, qui sera subséquemment réintégré et indemnisé sur ordre judiciaire. (150 UTM)

*UTM (Unité Tributaire Mensuelle = 80 USD)

 

Cet article a été traduit de l'anglais.