Accra sous eau. Encore, et encore, et...

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Si les agriculteurs du centre et du nord du pays apprécient toujours l’arrivée de la saison des pluies, les habitants de la capitale du Ghana, Accra, et d’autres régions du pays redoutent les pluies annuelles de juin et de juillet. Au Ghana, les inondations sont un énorme problème récurrent.

Le 3 juin 2015, un jour marqué d’infamie dans l’histoire du Ghana, environ 165 hommes, femmes et enfants sont morts dans de terribles circonstances lorsque de fortes pluies ont provoqué l’explosion d’une station-service, tuant des passants et des personnes qui cherchaient à s’abriter de la pluie. Ce jour est devenu le mercredi noir du Ghana et le gouvernement a déclaré trois jours de deuil national.

Après la tragédie, le président ghanéen, John Dramani Mahama, a débloqué 13 millions de dollars US pour réparer les routes et les égouts démolis par les inondations, et pour couvrir les dépenses médicales des survivants.

Heureusement, le gouvernement semble avoir tiré quelques leçons de la tragédie de l’année dernière.

Cette année, au moins à Accra, les conséquences des fortes pluies ont été atténuées par le dragage et l’assainissement des collecteurs de pluie qui rejettent l’eau dans la mer. Pourtant, plus de dix personnes ont déjà perdu la vie au Ghana (y compris au moins une personne à Accra) depuis le 9 juin où 185 mm d’eau – l’équivalent d’un mois de pluie – sont tombés en un jour.

Les causes des inondations à Accra et dans d’autres parties du Ghana sont nombreuses. D’abord, la ville a perdu plus de 95 % de sa végétation au profit de constructions, ce qui a réduit la surface qui pouvait au préalable absorber l’eau de pluie.

Ensuite, il y a le système de drainage du Ghana qui n’est plus adapté : environ 95 % des égouts ghanéens sont à ciel ouvert et de nombreuses personnes s’en servent pour y déverser des détritus qui finissent par les obstruer.

Et puis, il y a la position géographique de la ville d’Accra, située dans une région de savanes sur la côte et donc susceptible d’être balayée par de fortes pluies, d’autant que le changement climatique a accentué certains phénomènes météorologiques extrêmes récents.

Isaac Addei, responsable de la planification du développement à l’université des mines et des technologies de Tarkwa, a expliqué aux journalistes d’Equal Times qu’une « cause naturelle d’inondation dans certaines villes du pays est la topographie des terres. Dans des villes comme Accra, la plupart des quartiers se situent sur des terres basses et plates par nature, submergées dès qu’il y a de fortes pluies. Les égouts obstrués et envasés ont aussi leur part de responsabilités. »

Mais, pour l’urbaniste David Acheampong de l’université Kwame Nkrumah des sciences et des technologies à Kumasi, le manque de planification joue aussi un rôle dans les dommages récurrents causés par les inondations au Ghana.

« L’incapacité des autorités de la ville de concevoir un réseau d’égouts fluide explique principalement pourquoi Accra est inondée, même en cas de faibles averses. » Pour lui, il n’est pas trop tard pour que les gouvernements locaux et fédéraux agissent. « Si Amsterdam, une ville bâtie à un niveau inférieur à celui de la mer, n’est pas inondée avec 100 mm de pluie, alors Accra, située au-dessus du niveau de la mer ne devrait pas être inutilement inondée », explique-t-il.

Les inondations ont des effets néfastes sur Accra puisque la plupart des commerçants ferment leurs magasins et leurs échoppes à la moindre goutte de pluie. Nombre d’entre eux ont aussi été déplacés.

« Nous vendions suffisamment, mais, depuis que nous ne pouvons plus vendre là où nous étions avant, le volume des ventes a fortement diminué », explique Constance Lamptey, une vendeuse des rues du carrefour Kwame Nkrumah dans le centre d’Accra.

« On espère que la saison des pluies va s’arrêter et que nous pourrons retourner à nos anciennes places. »

 

Cet article a été traduit de l'anglais.