Allaiter et travailler : c’est possible

Partout dans le monde, les femmes continuent de jouer un double rôle de travailleuses et de soignantes. Lorsque les travailleuses décident d’exercer leurs droits en matière de reproduction, leur vie économique tombe sous le coup de la loi ainsi que des politiques et préjugés sociaux. Une travailleuse mère de famille doit également tenir compte de toutes sortes de facteurs, tels que les absences pendant sa grossesse et la durée de son congé de maternité, ainsi que les politiques d’aménagement flexible du temps de travail et les pauses d’allaitement sur son lieu de travail.

Dans les pays les plus pauvres, les femmes travaillent de manière disproportionnée dans le secteur informel où elles ne bénéficient d’aucune protection sociale. Ces questions sont trop souvent considérées comme des « problématiques féminines » de peu d’importance et le rôle de la travailleuse dans sa fonction double de mère et de soignante est le plus souvent toléré au lieu de faire l’objet d’admiration, de soutien et de reconnaissance.

Les attitudes et les options changent toutefois. Au sein de l’Alliance mondiale pour l’allaitement maternel (WABA – World Alliance for Breastfeeding Action), nous sommes convaincus que la participation des femmes au travail est vitale, car ces dernières sont le moteur du changement. Les femmes sont des unités économiques indépendantes, responsables de leur propre survie économique et bien-être.

La valeur économique de la contribution des femmes à l’économie nationale est perçue comme minime et le « travail reproductif » n’est pas considéré comme une source de richesse supplémentaire pour un pays. Pourtant, la gestation et l’allaitement sont des fonctions biologiques que seules les femmes peuvent endosser.

Les femmes devraient être en mesure d’exercer un travail rémunéré et tout autre travail tout en continuant, avec un soutien adéquat, à s’occuper des enfants et à allaiter. Une mère devrait recevoir le soutien nécessaire que pour pouvoir concilier travaux productif et reproductif sans devoir sacrifier l’un pour l’autre.

Cette mère brésilienne et consultante en développement organisationnel, Ana Raquel Bueno Moraes Ribeiro, en est un exemple :

« Pour moi, pouvoir allaiter et travailler en même temps s’est révélé être compatible. Ces deux éléments représentent tous deux des aspects fondamentaux de ma vie. Je ne peux pas imaginer abandonner mon travail ; de la même manière que je ne pourrais envisager la maternité sans l’allaitement maternel. Je suis convaincue que c’est dans cette certitude que je trouve la force pour affronter les problèmes qui peuvent se présenter à moi, » déclare-t-elle.

« Certaines difficultés ont mis ma conviction à l’épreuve, mais lorsque je vois les yeux heureux et sains de mes enfants et que je sens l’affection qui jaillit du contact de nos peaux, je suis sûre que l’allaitement maternel était le meilleur choix que nous pouvions faire, » ajoute-t-elle.

L’équilibre : le fondement des droits des femmes et d’une population active forte, saine et dynamique

Lorsqu’une femme décide de devenir mère, elle a le droit de faire ce qu’il y a de mieux pour son enfant et les meilleurs conseils et données probantes disponibles recommandent l’allaitement maternel. L’allaitement maternel contribue considérablement à la santé de la mère et de l’enfant. L’allaitement maternel contribue à prévenir les maladies et favorise une croissance et un développement optimaux.

Une étude menée en 2016 a révélé que les congés de maternité rémunérés et prolongés contribueraient à réduire le taux de mortalité infantile de différentes façons. En effet, les congés de maternité rémunérés, qui garantissent un revenu et une sécurité d’emploi, peuvent faire baisser le niveau de stress chez la femme, un facteur de risque bien connu dans le cadre des naissances prématurées et de l’insuffisance pondérale à la naissance. Ils permettent également de mieux surmonter les difficultés liées à l’allaitement maternel et de mettre en place une routine.

Une mère qui allaite est productive du fait qu’elle produit de la nourriture et qu’elle prend soin et protège son enfant. Par ailleurs, l’allaitement maternel réduit également les risques environnementaux liés à la production de lait artificiel.

Il a été démontré que le fait de ne pas allaiter exclusivement exerce une pression sur les ressources familiales, non seulement en raison du coût du lait artificiel, de sa préparation et de sa conservation, mais aussi en raison du coût supplémentaire lié aux maladies et de la perte de salaire due aux absences liées aux maladies infantiles.
L’allaitement maternel contribue à une plus grande stabilité de la population active en réduisant l’absentéisme du personnel.

Des études menées aux États-Unis et ailleurs ont montré que les bébés allaités au sein tombaient statistiquement moins souvent malades que les nourrissons ayant reçu du lait artificiel. De plus, les mères de bébés allaités étaient moins absentes que les mères de bébés nourris au biberon.

Les employeurs qui soutiennent leurs employées en leur reconnaissant notamment le droit à des prestations de maternité, des pauses pour allaiter, des salles d’allaitement, des pratiques de travail flexibles et des services de garde d’enfants ou des crèches à proximité des bureaux, constatent une amélioration du moral du personnel, une diminution du taux de rotation et une plus grande fidélité au secteur du travail.

Afin de créer un environnement socio-économique idéal permettant aux femmes qui travaillent de donner le sein, il convient également de lutter contre l’inégalité entre les sexes. Par conséquent, les politiques de travail qui permettent aux femmes et aux hommes de conjuguer avec succès le travail avec les responsabilités liées à la maternité, à la paternité et aux soins revêtent une grande importance pour tous.

Tous les secteurs de la société profiteraient donc d’une intégration adéquate du travail et de la vie productifs et reproductifs des femmes et des hommes. Trouver un équilibre entre le travail et la vie familiale, y compris l’allaitement maternel, représente le fondement des droits des femmes et d’une population active forte, saine et dynamique.