Assurer une transition juste

Il n’y aura pas d’emploi sur une planète morte ! Les travailleurs sont déterminés à mettre en oeuvre les mesures urgentes qui s’imposent pour éviter cela. C’est la raison pour laquelle la Confédération syndicale internationale (CSI), qui représente 207 millions de travailleurs dans 163 pays et territoires, a érigé la justice climatique et la transformation industrielle comme l’une de ses trois priorités de premier ordre.

Les sociétés ne peuvent pas continuer à ignorer les violations environnementales et sociales au nom de la croissance économique. Les options disponibles sont claires : continuer à prendre des mesures isolées ou approfondir la collaboration entre les différents secteurs de la société afin de trouver des solutions communes et durables.

En signant le Programme 2030 pour le développement durable, promu par l’ONU, les gouvernements ont clairement exprimé leur soutien à une approche holistique. Le prochain Forum politique de haut niveau sur le développement durable (High Level Political Forum ou HLPF), en juillet 2018, constituera un jalon important sur la voie que nous empruntons réellement.

Sur le plan environnemental, social et économique, ce n’est rien de moins qu’une transformation profonde qui s’avère nécessaire.

On observe toutefois des signes encourageants. Certains exemples de transition juste portent leurs fruits et ont réussi à réunir employeurs et travailleurs dans le cadre d’un effort conjoint visant à adopter des pratiques plus durables.

Le secteur de l’énergie a été le laboratoire de la consolidation d’une approche évolutive. Port Augusta, une région reculée de l’Australie, en est un bon exemple. Les travailleurs des centrales au charbon de cette région, prévoyant la fermeture de ces dernières, ont présenté leurs projets d’emplois et d’énergie solaire thermique aux gouvernements des États et au gouvernement fédéral, ainsi qu’aux géants mondiaux de l’énergie en France et aux États-Unis. Ce ne fut pas une mince affaire, mais les travailleurs sont maintenant en mesure de conserver leurs emplois, de produire l’énergie durable dont toute leur collectivité dépend et d’avoir leur mot à dire dans la planification du recyclage, de la réinstallation et du redéploiement.

Une transformation industrielle colossale

Les travailleurs constituent pour une grande partie un lien dans le rapport de la société à l’environnement. Il convient de mettre à profit la richesse des expériences sur la manière de déterminer efficacement et durablement les méthodes de production. L’ampleur de la transformation industrielle requise est colossale, mais réalisable. Nous devrons lutter en faveur d’investissements dans des emplois nouveaux et repensés, dans la formation professionnelle, le redéploiement, les garanties de revenus et assurer les pensions de retraite. C’est pourquoi le dialogue social et la négociation collective constituent les éléments centraux d’une transition juste, permettant d’obtenir des résultats socio-économiques qui profitent à tous, de forger un consensus et de faciliter la mise en œuvre des politiques.

En soutenant le Centre pour une transition juste, la CSI a tissé des liens avec les entreprises et les gouvernements. Celui-ci a servi de plateforme permettant de nouer des alliances, de partager les meilleures pratiques et, plus encore, de lancer de nouvelles initiatives tant au niveau local qu’au niveau national.

Les exemples de transitions justes restent toutefois l’exception plutôt que la règle. Si nous souhaitons réaliser tout son potentiel, il est urgent de renforcer cette approche.

Les gouvernements, grâce à leur pouvoir fédérateur, ont un rôle de premier plan à jouer pour faire en sorte que les pertes résultant des transitions antérieures ne se répètent pas, sachant qu’elles ont créé des laissés-pour-compte, un climat de chômage intergénérationnel et une détérioration de la confiance sociale et politique.

En préparation du Forum politique de haut niveau sur le développement durable, les syndicats rédigent des rapports annuels par pays concernant la mise en œuvre des objectifs (ODD), en mettant l’accent sur la transparence, la consultation et le dialogue social. Les conclusions présentent une image contrastée de ce qu’est une vraie inclusion, qui produit des résultats constants. Comme le souligne l’indice CSI des droits dans le monde, l’espace démocratique des travailleurs se réduit. La transformation à laquelle nous aspirons doit aborder ces enjeux structurels liés à la façon dont les décisions sont prises.