Ce samedi, marche pour la science !

La marche mondiale pour la science de samedi est essentielle pour montrer qu’en dépit des dirigeants et mouvements populistes à travers le monde, la majorité souvent silencieuse est à la fois inquiète et déterminée à sauver la planète et ses habitants. La recherche scientifique et les politiques fondées sur les preuves empiriques sont menacées. La vox populi doit se faire entendre haut et fort.

Sur le site Web de la Marche pour la science, qui regroupe les centaines de marches prévues dans le monde entier, DJ Patil, ancien Scientifique des données en chef de la Maison-Blanche d’Obama, a déclaré qu’il marcherait à San Francisco aux côtés du présentateur Adam Savage de l’émission Mythbusters, ainsi que de nombreux autres grands scientifiques.

« Lorsque je pense à l’élément le plus important qui alimente sans cesse le moteur des États-Unis, je pense à la science. Et quand je pense au temps que j’ai passé à la Maison-Blanche et que je me rappelle des personnes et événements les plus frappants et qui m’ont le plus marqués, le dénominateur commun a toujours été la science », publie Patil dans un billet.

Patil y souligne certaines personnes qu’il a rencontrées et dont les vies ont été considérablement améliorées grâce à la science : un amputé qui contrôle son bras artificiel avec son esprit, deux jeunes sœurs qui ont lancé un satellite, des familles dont le projet « Moonshot » lutte contre le cancer, etc.

Toutes ces initiatives dépendent de politiques et de financements adéquats de la part du gouvernement, mais sont aujourd’hui menacées par une administration Trump aux relents populistes et dont les politiques ont remis en cause les faits scientifiques établis.

L’un des exemples les plus effarants en est l’administrateur de l’Agence de protection de l’environnement (EPA), Scott Pruitt, contournant ses propres scientifiques et refusant d’interdire un pesticide dangereux et largement utilisé, le chlorpyriphos.

Par ailleurs, la Maison-Blanche souhaiterait réduire les dépenses du Bureau de recherche et de développement de l’EPA de 40 %. Cela signifierait donc beaucoup moins de recherche, y compris au sein des universités, sur le changement climatique, la qualité de l’air et de l’eau ainsi que la sécurité chimique.

« Lorsque vous avez des gens qui n’y connaissent pas grand-chose sur la science, mais qui sont dans le déni total à son égard et qui arrivent au pouvoir, ça, c’est la recette idéale pour le démantèlement intégral de notre démocratie éclairée, » affirme l’astrophysicien Neil deGrasse Tyson, évoquant l’état de la science aux États-Unis.

Effet du Brexit

En Europe, le Brexit aura probablement un effet désastreux sur la recherche scientifique, tant au Royaume-Uni que dans l’UE. Bien que le gouvernement britannique ait insisté qu’il comblera la différence de financement après avoir perdu celui d’Horizon 2020, le programme de l’UE allouant 88 milliards d’euros (80 milliards USD) sur 7 ans à la recherche et au développement, l’organisation basée au Royaume-Uni, Scientists for EU, reste sceptique.

Et la rupture a déjà commencé : des scientifiques britanniques auraient été rejetés pour certains projets de recherche de l’UE par crainte de réductions budgétaires causées par le Brexit.

Les installations réputées, tels l’accélérateur de particules du CERN en Suisse et l’Agence spatiale européenne, sont des entités internationales qui pourraient garder le Royaume-Uni en qualité de membre. Toutefois, le Royaume-Uni devra parvenir à des accords individuels avec les instituts du Centre commun de recherche (CCR), un organe de la Commission européenne, tous situés en dehors du Royaume-Uni.

L’impact qu’aura le Brexit sur le progrès global de la science demeure incertain, mais cette incertitude inquiète suffisamment de nombreux scientifiques pour les faire descendre dans la rue. Le progrès dans la recherche de nouveaux remèdes et dans l’amélioration de la vie des gens risque de perdre de son élan en conséquence des politiques populistes.

Une importante mobilisation mondiale lors de la marche pour la science peut en tout cas envoyer un message aux dirigeants du monde entier affirmant que le public, en se joignant à la communauté scientifique, demande vision et leadership de la part de ses représentants élus. Il demande en outre de ne pas penser aux gains politiques à court terme ou de céder aux intérêts des corporations, mais de réfléchir avant tout aux intérêts de l’humanité et à la seule planète habitable que nous connaissions.

Cet article a été traduit de l'anglais.