Espagne: Le nombre de personnes ayant fait appel aux organisations caritatives a triplé

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Les mesures d’austérité et les coupes budgétaires dans les services publics ont entraîné une hausse sensible du nombre de personnes qui ont recours aux aides de bienfaisance en Espagne.

D’après un rapport publié par Caritas Espagne, plus d’un million de personnes en difficulté ont fait appel à l’aide de l’organisation caritative catholique en 2011, par rapport à 370.000 en 2007, avant que n’éclate la crise.

Caritas explique que cette augmentation est due à l’affaiblissement de la protection sociale, qui a entraîné une diminution de la capacité des services publics, et aux niveaux élevés de chômage.

Et de préciser que, pour cette raison, il ne s’agit pas tellement d’un problème temporel mais bien d’un problème structurel.

 

[caption id="attachment_2047" align="alignnone" width="530"]Un homme ramasse un morceau de pastèque dans une poubelle à Madrid. (AP Foto/Paul White)

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« Les services sociaux n’ont pas su s’adapter pour affronter cette accumulation complexe de problématiques, cependant que les prestations économiques encourent des retards croissants, sont soumises à des conditions d’accès plus rigoureuses, sont minimes et de durée limitée », relève le rapport.

L’organisation avertit que les systèmes publics de protection sociale sont insuffisants car ils n’atteignent pas tous les citoyens et sont d’une portée limitée.

La situation pourrait encore s’aggraver au cours des prochaines années.

La décision du gouvernement espagnol de restreindre l’accès au système de santé publique pour les immigrés en situation irrégulière est susceptible d’entraîner une augmentation encore plus marquée du nombre de personnes faisant appel aux organisations caritatives.

Depuis le 1er septembre, 910.000 personnes qui ne cotisaient pas à la sécurité sociale ont vu annuler leur carte d’accès au système de santé publique.

Cette mesure affecte plus particulièrement les quelque 150.000 immigrés en situation irrégulière qui résident dans le pays et qui ne pourront plus désormais avoir accès aux services de santé publique.

Seules exceptions, les cas d’urgence comme les accidents ou les maladies graves, la grossesse, l’accouchement et le post-partum.

Les patients chroniques ou les personnes atteintes de maladies infectieuses ne seront pas, non plus, privés de traitement.

D’après Sebastian Mora, secrétaire général de Caritas, les immigrés en situation irrégulière sont les plus nombreux à avoir demandé une assistance médicale à l’organisation.

« Quand ils doivent se rendre dans un centre médical, ils ont peur de la police, peur de se faire dénoncer, de recevoir une facture à la maison, de se voir refuser l’accès au service de santé », confie-t-il.

Cinq personnes sur dix assistées par Caritas en 2011 étaient immigrées ; un tiers d’entre elles étaient en situation irrégulière.

Les étrangers ne sont pourtant pas les seuls affectés. D’après les chiffres officiels, la pauvreté touche à l’heure actuelle plus de 10,5 millions de personnes en Espagne, soit 21,8 pour cent de la population.

Cette progression est due, pour l’essentiel, au niveau élevé de chômage et à la précarisation du travail.

Caritas attire aussi l’attention sur le grand nombre de chômeurs « récents » au début de la crise, qui sont devenus des chômeurs de longue durée.

Beaucoup de jeunes couples (entre 20 et 40 ans) avec des enfants ont été durement affectés, au même titre que les mères isolées avec des personnes à charge.

« Nous sommes en train d’éroder de manière intense les mécanismes sociaux de protection de la dignité des personnes », a ajouté Sebastian Mora.

« Nous pouvons affirmer, sur la base des données de notre réseau d’accueil, qu’il apparaît de plus en plus évident que nous vivons dans une société plus pauvre, plus inégale et plus injuste au plan social. »

 

 

This article has been translated from Spanish.