Je lève ma voix : lettre ouverte de Gustavo Dudamel au gouvernement du Venezuela

J’ai consacré toute ma vie à la musique et à l’art en leur qualité d’outils de transformation des sociétés.

Je lève ma voix contre la violence et la répression. Rien ne peut justifier que coule le sang. Il est temps d’arrêter de négliger les appels d’un peuple asphyxié par une crise intolérable. Au cours de son histoire, le peuple vénézuélien a toujours été un peuple combatif, mais jamais violent.

Pour que la démocratie soit saine, respect et compréhension véritable sont des éléments indispensables. La démocratie ne peut être construite sur mesure aux dimensions d’un gouvernement particulier, car elle cesserait d’être une démocratie.

L’exercice démocratique suppose d’écouter la voix de la majorité, comme dernier bastion de la vérité sociale. Aucune idéologie ne peut aller au-delà du bien commun.

La politique doit être exercée avec conscience et dans le respect le plus absolu de la Constitution, s’adaptant de la sorte à une société jeune qui, comme la société vénézuélienne, a le droit de se « réinventer » et de se reconstruire sous l’égide de contrepoids démocratiques sains et irréfutables.

Les Vénézuéliens aspirent désespérément à leur droit inaliénable au bien-être et à la satisfaction de leurs besoins les plus fondamentaux. Les seules armes qui doivent être placées entre les mains d’un peuple sont les outils qui permettront de façonner son avenir : instruments de musique, pinceaux, livres, etc. c’est-à-dire les plus hautes valeurs de l’esprit humain, à savoir le bien, la vérité et la beauté.

Je lance un appel urgent au Président de la République et au gouvernement national afin qu’ils corrigent le tir et écoutent la voix du peuple vénézuélien. L’avenir ne peut être entaché du sang de notre peuple.

Nous devons à nos jeunes un monde prometteur, un pays où l’on peut avancer librement dans le désaccord, dans un dialogue respectueux et tolérant et où les rêves ont leur place dans la construction du Venezuela dont nous rêvons tous.

Le moment est venu d’écouter le peuple : Ça suffit.

Cette lettre ouverte a été publiée le 4 mai sur le profil Facebook de Gustavo Dudamel (@GDudamel) après la mort du jeune violoniste âgé de 17 ans, Armando Cañizales Carrillo, membre du Système national d’orchestres dirigé par Dudamel. Il a été tué au cours d’une manifestation contre le Gouvernement de Nicolás Maduro.

This article has been translated from Spanish.