La grève générale en Indonésie marquée par la violence

 

Environ deux millions de travailleurs indonésiens ont pris part à une grève de 48 heures, jeudi, pour revendiquer un salaire minimum, une protection contre l’embauche de main-d’œuvre contractuelle et une couverture de santé universelle.

Les manifestations pacifiques ont, cependant, tourné à la violence lorsque des malfrats recrutés pour l’occasion ont attaqué les grévistes à l’aide de barres de fer, de couteaux et de machettes.

Dans les villes de Bekasi et Karawang, des travailleurs ont été attaqués par des membres d’une organisation de jeunes paramilitaires qui auraient été expressément engagés par des patrons d’usines dans le but d’infliger une correction aux grévistes.

D’après Prihanani Boenadi, vice-présidente du département international de la Fédération indonésienne des syndicats de métallurgistes (FSPMI) et de la Confédération des syndicats des travailleurs d’Indonésie (KPSI-CITU), 17 travailleurs ont été grièvement blessés avec, notamment, des coups de couteau portés à la tête, dans le dos, aux jambes, à hauteur de taille et au ventre.

Said Iqbal, président de la FSPMI et de la KSPI, a demandé que le chef de la police de Bekasi, Kombes Isnaini, démissionne de son poste pour n’avoir pas été capable d’empêcher la violence.

Les travailleurs demandent que le gouvernement augmente le salaire minimum national d’environ 50 pour cent et que le salaire minimum régional à Jakarta soit fixé à 3,7 millions de rupiahs (approximativement 330 dollars).

L’année dernière, à l’issue d’une action collective similaire à travers le pays, les travailleurs avaient réussi à arracher une augmentation salariale de 44 pour cent.

Cette année, toutefois, un nombre record d’Indonésiens peinent à joindre les deux bouts, dû à la hausse vertigineuse du coût de la vie, elle-même provoquée par la suppression des subventions publiques sur les carburants.

« Les travailleurs indonésiens mettent en avant des demandes simples que les travailleuses et travailleurs du monde entier reconnaissent comme étant justes et nécessaires », a dit la secrétaire générale de la CSI, Sharan Burrow, dans un communiqué de presse diffusé en début de semaine.

« En Indonésie comme partout ailleurs, les travailleuses et travailleurs méritent une part juste et équitable du gâteau économique et nous soutenons de tout cœur leur lutte pour la dignité au travail et une économie qui agit au bénéfice de tous. »

L’Indonésie affiche une croissance économique parmi les plus rapides au niveau de la région Asie-Pacifique or les salaires des travailleuses et travailleurs d’usines dans ce pays sont parmi les plus bas de la région, et ce en raison du fléau de l’externalisation.

Malgré des conditions de travail difficiles pour tous les travailleurs, les deux autres confédérations syndicales indonésiennes, KSPSI et KSBSI, ont refusé de se rallier au mouvement de grève à l’échelon national.

La KPSI affirme, toutefois, avoir bénéficié d’un soutien large des autres syndicats aux niveaux provincial et de district, ainsi que d’un soutien public de la part d’autres partenaires de la société civile.

Vendredi, 100000 travailleuses et travailleurs de la zone industrielle de Pulo Gadung, à Jakarta, ont pris part à une marche sur l’hôtel de ville de Jakarta, où le conseil des salaires avait été convoqué pour fixer le salaire minimum régional pour 2014. Les travailleurs ont ensuite rejoint un rassemblement de masse devant le palais présidentiel.