Le changement climatique, au-delà des défis

Le changement climatique, au-delà des défis

Image d’une aube à Hanovre (Allemagne) avec, en toile de fond, une centrale électrique au charbon. Août 2017.

(Julian Stratenschulte/dpa via AP)

À partir d’aujourd’hui, vendredi 13 juillet, Equal Times lance une série spéciale été.

Pour démarrer cette série d’articles, nous nous centrerons sur l’un des grands défis de notre temps : le changement climatique, qui affecte, entre autres, nos modes de production et d’alimentation, de même que l’avenir des emplois liés aux énergies fossiles. Depuis l’Asie, l’Afrique, l’Europe et les Amériques, nos journalistes sur le terrain enquêtent sur l’évolution des mentalités des gouvernements et des chefs d’entreprises à la suite de l’Accord de Paris sur le climat en 2015, et le rôle des acteurs sociaux et de la société civile.

« Il n’y aura pas d’emplois sur une planète morte », martèlent les syndicats depuis un certain temps déjà.

Sharan Burrow, secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale (CSI), a déclaré : « Les travailleurs sont déterminés à mettre en oeuvre les mesures urgentes qui s’imposent pour éviter cela », et c’est pourquoi la justice climatique et la transformation industrielle sont passées au rang de priorité de premier ordre du mouvement syndical.

L’article de Morgane Pellennec se focalise sur le cas de la Suède, un pays pionnier dans le domaine de la transition énergétique « en douceur ».

Avant, les sociétés considéraient la transition énergétique comme « un fardeau dont elles devaient assumer une partie », aujourd’hui, elles y voient de véritables opportunités commerciales et un moyen de conquérir de nouveaux marchés, affirme un des experts interviewés.

En Afrique, près de 70 % de la population dépend, pour sa subsistance, de l’agriculture, un secteur qui génère entre 25 et 35 % de tous les emplois directs et qui est hautement vulnérable aux effets extrêmes du changement climatique. Bien qu’il émette moins de 4 % du total des émissions de gaz à effet de serre, ce continent compte sept des dix pays les plus affectés par le changement climatique, d’où la popularité croissante que suscite l’idée d’une « agriculture climato-intelligente », analyse Dominic Kirui depuis le Kenya.

L’objectif, selon M. Kirui, est que les agriculteurs apprennent une combinaison de techniques agricoles qui leur permettent de tirer le meilleur parti de leurs terres, tout en contribuant à assurer la sécurité alimentaire (et offrir une réponse immédiate et efficace en cas de crise ou d’urgence) et l’autonomie économique à travers la vente des surplus agricoles. Cependant, selon les experts interviewés, l’agriculture climato-intelligente ne peut constituer l’unique solution pour combattre l’insécurité alimentaire.

Déjà à l’heure actuelle, en Asie, notre correspondante Laura Villadiego nous expose les diverses initiatives du secteur privé et de gouvernements, qui visent à réduire l’impact de l’agriculture et de l’aquaculture dans la région la plus fertile du Vietnam. En effet, depuis que le Vietnam a amorcé son ouverture vers l’extérieur il y a désormais plus de trois décennies et que la production agricole et animale, de même que l’aquaculture, se sont intensifiées dans la région ; les pesticides, fertilisants et effluents des fermes - outre les déchets et eaux usées domestiques – finissent dans les eaux du Mékong.

Depuis le continent américain, un des poumons de la planète, notre journaliste, Fabiola Ortiz, se penche à la fois sur le défi environnemental dérivé du changement climatique et sur la réponse « simple » qu’offrent les indigènes du bassin amazonien. À savoir, la reconnaissance de leur existence et de leurs droits sur la terre :

« C’est nous qui barrons la route à la déforestation généralisée provoquée par l’appétit mondial pour le soja, le bœuf, l’huile de palme, le papier et le bois. Et c’est nous que l’on assassine parce que nous protégeons nos forêts. Si vous souhaitez arrêter cette dévastation, investissez dans nos peuples et protégez nos droits. La forêt tropicale est le théâtre des batailles les plus importantes. »

Enfin, nous concluons cette série par un photoreportage de Joan Alvado consacré à une école de bergers dans le nord-est de l’Espagne qui, loin de la simple anecdote, s’inscrit dans une tendance qui voit les nouvelles générations en quête d’un débouché professionnel, quand ailleurs les autres portes fermées, être résolues à faire les choses autrement : de façon durable, à petite échelle et en respectant l’environnement.

La Suède gère sa transition énergétique en douceur

Par Morgane Pellennec

La Suède, qui s’est détournée du pétrole après les chocs de 1973 et 1979, est d’ores et déjà le pays européen qui consomme le plus d’énergies renouvelables. Elles représentaient 53 % de la consommation d’énergie totale du pays en 2014.

Photo: AP/Noah Berger

Objectif : neutralité carbone. Lors de la 70e Assemblée générale des Nations unies qui s’est tenue en 2015, le Premier ministre Stefan Löfven a annoncé que la Suède deviendrait l’une des premières nations au monde à ne plus utiliser d’énergies fossiles et, qu’à partir de 2050, le pays n’émettrait plus de gaz à effet de serre. Une échéance finalement avancée de cinq ans suite au vote d’une loi sur le climat le 15 juin 2017.

La Suède, qui s’est détournée du pétrole après les chocs de 1973 et 1979, est d’ores et déjà le pays européen qui consomme le plus d’énergies renouvelables. Elles représentaient 53 % de la consommation d’énergie totale du pays en 2014.

En plus d’une fiscalité environnementale forte qui encourage la transition, la Suède tire avantage de ses importantes ressources naturelles. Plus de la moitié de son territoire est recouvert de forêts, dont la matière organique transformée en bioénergie sert notamment au chauffage urbain et à la production d’électricité.

Ses nombreux lacs et cours d’eau alimentent plus de 2.000 centrales hydroélectriques qui assurent près de la moitié de la production nationale d’électricité. La place des énergies éolienne et solaire est encore un peu timide mais le pays s’apprête à construire la plus grande ferme éolienne terrestre d’Europe au nord de son territoire.

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L’agriculture climato-intelligente permettra-t-elle aux agriculteurs kenyans de vaincre l’insécurité alimentaire ?

Par Dominic Kirui

70%t de la population africaine vit de l’agriculture. En outre, ce secteur génère entre 25 et 35 % des emplois directs du continent.

Photo: Annie Bungeroth/CAFOD

Il est midi dans le village de Kiliku dans le comté de Machakos, à environ 90 kilomètres à l’est de la capitale kenyane Nairobi, et Nicholas Mutiso est assis sur une pierre avec un stylo et un cahier. Il écoute avec attention les paroles de l’agent de vulgarisation agricole local, Robert Kioko.

Mutiso est un agriculteur âgé de trente ans et il fait partie des 300 hommes et femmes qui participent à une série de formations organisées par le gouvernement local du comté de Machakos en partenariat avec Greenpeace Afrique et l’Institute for Culture and Ecology (ICE), une ONG kenyane centrée sur la gestion de l’environnement et des ressources.

Les participants sont initiés à l’agriculture intelligente face au climat (AIC), un ensemble de méthodes agricoles qui leur permettront de tirer le meilleur parti de leurs propres terres en contribuant à assurer la sécurité alimentaire et l’autonomisation économique grâce à la vente des cultures excédentaires comme le sorgho, le millet, l’ambérique verte (aussi appelée soja vert), le manioc et le pois à vache.

« En plus des bonnes pratiques agricoles que l’on nous enseigne, on nous encourage aussi à planter des arbres afin de reboiser notre région, car nous nous trouvons au pied de la montagne Ol Donyo Sabuk (Kilimambogo), autrefois une forêt pleine d’animaux sauvages. Mais depuis qu’elle a été déboisée afin de produire du charbon de bois, nous n’avons plus beaucoup de pluie, » explique Mutiso.

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Le Delta du Mékong tente d’éviter l’asphyxie face au changement climatique et au développement débridé

Par Laura Villadiego

Un technicien tend un filet pour contrôler la qualité des crevettes élevées dans la ferme piscicole Green Farm, à Soc Trang, dans le delta du Mékong.

Photo: Laura Villadiego

L’entreprise Green Farm pourrait, à première vue, sembler être une ferme piscicole quelconque. Les 35 hectares de l’installation sont divisés en 46 bassins d’eau d’une profondeur d’entre 1 et 1,5 mètre, aérés au moyen d’un système de turbines en fonctionnement 24 heures sur 24. Les crevettes sont séparées par espèce et par taille, tandis qu’une partie des bassins sont vidés afin de permettre leur nettoyage.

Reste que les crevettes de Green Farm ne sont pas élevées de la même manière que celles de la majorité des fermes piscicoles voisines qui parsèment le delta du Mékong, au sud du Vietnam. Parmi les multiples conditions exigées en vertu de la certification de l’Aquaculture Stewardship Council (Conseil chargé de la gestion de l’aquaculture), concédée à l’entreprise en septembre 2016, Green Farm n’est pas autorisée à utiliser des antibiotiques, ni à évacuer des eaux résiduelles non traitées. L’entreprise est aussi tenue de tracer l’origine des matières premières intervenant dans l’alimentation des crevettes.

Les conditions strictes et les frais de production plus élevés relevaient, nonobstant, d’une nécessité pour la survie de Stapimex, la firme propriétaire de Green Farm, dans un secteur qui subit de plein fouet les effets des changements climatiques au niveau de la région, ainsi que de la pollution accumulée durant des décennies et attribuable aux excès de diverses industries. « Nous voulions quelque-chose de durable sur le long terme », explique Nguyen Dang Khoa, responsable qualité de l’entreprise. « Si vous investissez plus d’argent, vous pouvez aussi gagner plus », affirme-t-il.

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Renforcement des droits communautaires sur les forêts – un enjeu clé pour la lutte contre le changement climatique

Par Fabíola Ortiz

Un projet pilote dans la région de la rivière Madre de Dios en Amazonie péruvienne a constitué l’un des premiers projets pilotes financés par la toute nouvelle Facilité internationale pour la propriété foncière et forestière.

Photo: The International Land and Forest Tenure Facility

Les peuples autochtones et les autres communautés locales jouent un rôle essentiel dans l’atténuation des effets du changement climatique. Et pourtant, bien qu’elles occupent 50 % des terres du monde, ces communautés n’en possèdent légalement que 10 %. Des groupes de la société civile appellent donc les gouvernements du monde entier à renforcer la protection des droits fonciers coutumiers.

Les terres gérées par les groupes communautaires jouent un rôle important de puits de carbone en permettant aux forêts de servir de réservoirs en absorbant le CO2 et en prévenant les effets nocifs liés à l’émission de ce gaz dans l’atmosphère. De fait, les forêts du monde emmagasinent collectivement plus de carbone que la quantité actuellement contenue dans l’atmosphère. Si les communautés autochtones ne sont pas légalement reconnues et protégées par les gouvernements et si le taux actuel de déforestation devait se poursuivre à la même allure, ces forêts deviendraient probablement une dangereuse source d’émissions de CO2.

Julio Ricardo Cusurichi Palacios, un dirigeant autochtone shipibo du Pérou et le lauréat du Prix Goldman 2007 pour son activisme citoyen en faveur de l’environnement, a déclaré à Equal Times que la solution repose sur un véritable engagement communautaire. « Nous souhaitons adopter une approche participative plutôt qu’imposée, afin de pouvoir proposer des solutions collectivement, » a-t-il déclaré.

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Graines de berger

Par Joan Alvado

Eloy Gonzalez, originaire de Mataro (Barcelone), s’est formé à l’Escola de Pastors en 2010.

Photo: Joan Alvado

L’Escola de Pastors de Catalunya, un projet audacieux visant la récupération et la redynamisation du secteur de l’élevage, fête cette année sa première décennie d’existence, et elle le fait en restant impassible face aux avis pessimistes qui considèrent que le pastoralisme est voué à disparaître.

L’un des principaux objectifs de l’initiative est d’assurer une relève générationnelle cruellement nécessaire dans le secteur de l’élevage. Et pour cause, la majorité des cantons ruraux d’Espagne affichent des indices élevés d’exode rural, où la migration des plus jeunes vers les villes et, par extension, le vieillissement de la population, se sont convertis en problèmes quasi-chroniques.

Les étudiants, au nombre d’une vingtaine par promotion, passent par deux mois de formation théorique et quatre mois de stages pratiques dans des fermes d’élevage réparties à travers la Catalogne et les Pyrénées françaises. Comme les années antérieures, l’école accueille des étudiants en provenance de toutes les provinces catalanes, mais aussi d’Aragon et du Pays basque, notamment, avec une palette de plus en plus riche de nationalités.

La majorité d’entre eux sont jeunes, proches de la trentaine, et ont choisi ce cours principalement par vocation. En plus de les former, l’école propose aux jeunes divers projets associés, dont une banque de terres, une bourse du travail, des conseils sur les nouveaux projets agraires et la commercialisation de produits artisanaux.

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Cet article a été traduit de l'espagnol.