Le FMI se plante et met en cause les multiplicateurs

 

Dans la continuité d’une pratique initiée en 2011, le FMI a, une nouvelle fois, abaissé considérablement ses prévisions officielles de croissance mondiale au regard des chiffres annoncés tout juste trois mois auparavant.

Cependant, pour la première fois, l’économiste en chef du Fonds a offert une explication pour la surestimation quasi pathologique des pronostics de croissance économique par les conjoncturistes du FMI durant plusieurs trimestres successifs: C’est la faute aux multiplicateurs.

Olivier Blanchard, économiste en chef du FMI a expliqué, ce mardi, à Tokyo que les conjoncturistes du Fonds monétaire international ont pu déterminer que les multiplicateurs dont ils s’étaient servis pour calculer l’impact macroéconomique des politiques d’austérité (ou de « consolidation fiscale » ou réduction du déficit) mises en œuvre dans un grand nombre de pays depuis 2010, étaient trop bas.

Il a fait son admission au cours de la présentation du rapport sur les Perspectives de l’économie mondiale (PEM) du FMI, avant les assemblées annuelles des IFI, du 12 au 14 octobre.

Ni Blanchard ni le rapport PEM ne vont au-delà d’explications purement spéculatives quant aux raisons derrière l’importante marge d’erreur dans les modèles économétriques employés par les économistes du FMI.

C’est fort à propos que le rapport PEM suggère : « Un travail plus approfondi s’impose sur la corrélation entre les multiplicateurs fiscaux, le temps et la conjoncture économique. »

Suite à ces nouvelles révisions baissières des prévisions de croissance, le FMI prévoit, à présent, que 10 pays de l’Union européenne enregistreront une croissance négative du PIB en 2012.

Viennent s’ajouter à eux 12 pays d’autres régions, quoique certains d’entre eux soient actuellement en proie à des troubles politiques (à noter, l’absence de statistiques pour la Syrie).

Les prévisions de croissance du PIB qui ont fait l’objet des révisions baissières les plus fortes sont celles des économies des marchés émergents.

Ceux-ci continuent, néanmoins, d’afficher une croissance plus forte que la moyenne.

S’agissant des grandes économies émergentes, les révisions baissières les plus importantes des prévisions de croissance du PIB initialement annoncées en juillet sont celles de l’Inde (moins 1,3 point de pourcentage en 2012) et du Brésil (moins 1,0 point de pourcentage).

Parmi les grandes économies avancées, les abaissements les plus importants des prévisions de croissance du PIB concernaient l’Italie et la Grande-Bretagne.

Bien que le rapport PEM du FMI reconnaisse que l’impact récessionniste des politiques de rigueur a été nettement plus fort que prévu, allant jusqu’à affirmer que « le risque d’un sérieux ralentissement économique mondial est extrêmement élevé », il manque de proposer des changements de substance au programme politique général qu’il a prôné au cours des deux dernières années: Tentative de réparation du système bancaire en vue d’une relance des flux de crédit et consolidation fiscale sur le moyen terme.

La majeure partie des propositions spécifiques contenues dans les PEM se rapportent, une fois de plus, à l’Europe.

Le Fonds encourage l’UE à rendre le nouveau Mécanisme européen de stabilité « opérationnel le plus tôt possible » afin de permettre l’achat d’obligations, à taux d’intérêt plus faibles, des pays de la zone euro en crise qui n’ont pas encore obtenu un plan d’aide en bonne et due forme, notamment l’Italie et l’Espagne ; à mettre sur pied une structure intégrée de régulation et de contrôle financier au niveau de la zone euro et à poursuivre la réforme des marchés du travail et des produits dans les économies en « périphérie » de la zone euro.

Le rapport PEM pointe l’Allemagne et la Chine comme les deux économies les plus importantes en termes d’excédent commercial qui doivent stimuler la demande intérieure.

Le rapport indique qu’en Allemagne, « la force sous-jacente du marché du travail devrait encourager une reprise des salaires, de l’inflation et des prix des actifs et que celle-ci doit être envisagée en tant que partie intégrante d’un processus naturel de rééquilibrage » à l’intérieur de la zone euro.

Le rapport PEM indique aussi que l’Allemagne et les Pays-Bas (l’autre économie de la zone euro qui a dégagé un excédent commercial) devraient accepter des taux d’inflation de 3-4 pour cent, qui permettraient toujours à l’ensemble de la zone de maintenir l’inflation en-dessous de 2 pour cent si les pays en crise (Grèce, Irlande, Italie, Portugal et Espagne) maintiennent leur inflation en-dessous de 1 pour cent.

Pour consulter l’édition d’octobre 2012 du rapport Perspectives de l’économie mondiale (250 pages) du FMI, cliquez sur:

http://www.imf.org/external/pubs/ft/weo/2012/02/pdf/text.pdf.