Le Plan climat du gouvernement français ne peut se faire sur le dos des travailleurs

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Il y a une petite, mais une bonne surprise, dans le Plan climat annoncé par le ministre français de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot : la volonté d’assurer un « contrat de transition » à tous les salariés des filières impactées, à commençer par ceux des centrales thermiques à charbon.

« Il n’y aura pas de perdants, mais des adaptations et un « contrat de transition » pour tous les salariés impactés par notre Plan climat », annonçait le ministre.

Une volonté qui mérite d’être saluée… avec vigilance, compte tenu de ce qui se prépare en matière de détricotage du Code du travail.

Car, soyons clairs, derrière le principe d’une transition juste – c’est-à-dire une transition qui ne se fait pas sur le dos des salariés et qui, dixit l’Accord de Paris, protège les salarié(e)s et crée de l’emploi de bonne qualité – il y a plus de dix ans de lutte syndicale dans les instances internationales, dans les couloirs des parlements, et sur le terrain, dans les entreprises et les usines.

Ainsi, (et enfin !), un gouvernement s’engage publiquement à ouvrir un dialogue avec les syndicats, avec les travailleurs eux-mêmes, avec les entreprises et tous les acteurs du territoire ayant comme horizon la fin des centrales à charbon d’ici 2022, la fin des moteurs essence et diesel et de la production d’hydrocarbures d’ici 2040.

Un dialogue et des négociations qui seront nécessaires, car pour nombre de personnes, ces échéances sont bien réelles et proches… et surtout bien concrètes.

Qu’arrivera-t-il, par exemple, aux centaines de salariés des quatre centrales thermiques à charbon encore opérationnelles en France ? La réponse résidera dans la volonté d’EDF et de E.On, propriétaires de ces centrales, et dans la capacité des syndicats à négocier les meilleurs reclassements possibles. Il faudra aussi de la volonté de la part de l’État pour garantir des nouvelles opportunités et une protection sociale renforcée pour ces salariés et pour ceux dont les emplois sont indirectement menacés par la fermeture.

Comme le préconise le Plan climat, il nous faut « anticiper afin que le changement profite à tous et que personne ne soit laissé au bord du chemin ».

Malheureusement, la révision du Code du travail par ordonnance et, apparemment, sans véritable négociation avec les organisations syndicales, jette un voile sombre sur l’avenir de cet engagement vis-à-vis des travailleurs.

Aurons-nous comme gouvernement le D Jekyll qu’on nous promet sur le Plan climat, développeur de nouveaux droits et d’une transition juste digne de ce nom, ou le M. Hyde qui par le biais d’une Loi Travail XXL s’attaquera justement à ces même droits, à la protection des salariés et à leur représentation ?

Il faut prendre acte de l’engagement pour une transition juste et s’assurer de sa mise en œuvre. Il donne un premier exemple d’une volonté de construire une politique climatique plus juste et de s’attaquer à ce qui jusqu’à présent était un angle mort de l’action pour le climat : l’accompagnement des travailleurs et de leurs communautés dans la transition vers un monde sans émissions.

Il faut prendre acte, oui, mais être vigilant aussi !