Mettons fin aux violations des droits des journalistes à Gaza

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Chaque conflit fait des victimes dans la presse. Les journalistes qui couvrent les guerres connaissent les risques qu’ils courent : ils peuvent être pris pour des combattants, ils peuvent être victimes de tirs croisés ou marcher sur des mines.

 

Mais les risques que rencontrent les journalistes – locaux et internationaux – dans les actuels bombardements et opérations terrestres à Gaza n’ont jamais été si élevés.

Au seizième jour de bombardements incessants sur Gaza par l’armée israélienne, le Palestinian Journalists Syndicate (Syndicat des journalistes palestiniens – PJS), affilié à la Fédération internationale des journalistes (FIJ), a signalé de nombreuses violations, dont la mort de deux travailleurs des médias, Hamed Shibab et Khaled Hamad.

Par ailleurs, cinq journalistes ont été blessés depuis le début de l’opération « Bordure protectrice », le 8 juillet 2014, et la voiture d’un travailleur des médias a été bombardée, ainsi que cinq bureaux des médias.

Les frappes aériennes sur la tour des médias d’al-Jawhara, au centre-ville de Gaza, ont blessé un photographe, Mohammed Shibat, qui travaille pour l’agence de presse al-Watania.

Plus de 50 journalistes étaient présents dans la tour au moment des frappes aériennes et il apparaît que l’attaque a provoqué de considérables dégâts dans les bureaux de plusieurs médias, y compris les bureaux du PJS de Gaza, situés dans le même immeuble.

Ces attaques semblent reproduire la même offensive que celle de décembre 2008, pendant laquelle cinq travailleurs des médias avaient trouvé la mort et où au moins 15 autres avaient été gravement blessés.

Une mission internationale d’information menée par la FIJ à Gaza suite à l’attaque a révélé que les troupes israéliennes n’avaient pas de consignes réglementant l’ouverture du feu et qu’elles procédaient souvent à des tirs aveugles.

La mission de la FIJ n’a aucun doute sur le fait que l’action militaire d’Israël contre les journalistes et les installations des médias enfreint le droit international, notamment la Convention de Genève sur la protection des civils et des journalistes dans les zones de conflit armé.

La FIJ a alors appelé le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, à enquêter et à prendre des mesures au sujet de la crise des médias et de la situation des journalistes, qui sont pris pour cibles.

Ces affirmations ont été confirmées par des éléments de preuve concrets fournis par la mission, donnant à penser qu’Israël savait, ou aurait dû savoir, que les victimes de ces attaques étaient des journalistes et des installations des médias, qui sont sous la protection du droit international.

Israël a été informé sur les coordonnées des installations des médias, qui indiquent précisément leur localisation. De plus, les véhicules et les bureaux des journalistes portent clairement les mentions « Presse » et « Télévision » afin d’être identifiés par les forces militaires terrestres, navales et aériennes.

La protection des civils, parmi lesquels les journalistes et les travailleurs des médias, est réglementée par de nombreux traités internationaux.

D’après l’article 79 du Protocole additionnel I aux Conventions de Genève, une attaque ciblant intentionnellement des journalistes ou des personnels des médias constitue une grave infraction au droit international humanitaire.

L’article 85, paragraphe 5, du Protocole additionnel I stipule qu’une telle infraction au droit international humanitaire est assimilée à un crime de guerre.

Le Statut de Rome, au paragraphe 2 (b) (i) de l’article 8, mentionne également les responsabilités visées par le droit pénal international en cas d’attaques ciblant des civils.

Les matériels et les installations utilisées pour l’exercice de la profession journalistique sont des biens de caractère civil, aux termes de l’article 52 du Protocole additionnel I.

Le bombardement d’une chaîne de télévision ou d’une station de radio, même si elles sont en partie utilisées à des fins de propagande, est incompatible avec le droit international humanitaire.

Selon l’article 85 du Protocole additionnel I, il s’agit d’un crime de guerre.
L’époque des années 80 où un drapeau blanc et l’inscription « TV » au ruban de masquage sur les véhicules assuraient une certaine sécurité aux personnels des médias est révolue.

À l’heure de l’invasion terrestre menée par l’armée israélienne, la FIJ craint que la sécurité des journalistes se détériore à Gaza si aucune voix ne s’élève, de manière concertée et unie, pour dénoncer les violations des droits des journalistes à Gaza et mobiliser l’opinion mondiale afin de changer les choses sur le terrain.

 

Traduit de l’anglais par Equal Times.