Militant écologiste à Sotchi : une activité illégale ?

 

Veille écologique pour le Caucase du Nord : un nom qui fait peur au pouvoir russe.

Depuis quelques années, les militants de cette association de défense de l’environnement sont devenus la cible du pouvoir.

A l’approche des Jeux Olympiques de Sotchi, de « l’organisation d’émeutes de masse » à « insulte aux autorités », les motifs de harcèlement judiciaire se sont multipliés démontrant ainsi la frénésie des tribunaux pour faire taire ces voix discordantes.

Interpellations, interrogatoires, arrestations et ré-arrestations, mais aussi violences physiques et intimidations des familles, condamnations judiciaires absurdes : les autorités déploient leur arsenal répressif pour en finir avec ceux qui font grincer la machine bien huilée des cérémonies olympiques.

Le 5 février 2014, les militants de Veille écologique comptaient se rendre à Sotchi pour publier un rapport dénonçant l’impact environnemental des Jeux Olympiques. Ils n’arriveront jamais à bon port. Evgueni Vitichko est aujourd’hui en route pour une destination inconnue, condamné à trois ans d’emprisonnement. Suren Gazaryan a dû quitter le pays. Les autres ont été contraints de renoncer face aux pressions.

Tout commence en 2011, lorsqu’Evgueni Vitichko et ses compagnons de Veille écologique s’intéressent à une barrière illégale construite dans la forêt de Krasnodar, dans la région de Sotchi. Une clôture qu’ils soupçonnent de camoufler l’abattage d’espèces végétales rares et protégées. Ils multiplient alors les plaintes officielles et les interpellations des autorités locales, lesquelles ne répondent que pour écarter d’un revers de main toute remise en question.

Les militants organisent alors des manifestions pacifiques aux abords de la clôture dans la forêt. En novembre 2011, ils décident finalement de démonter une partie de la barrière pour vérifier par eux-mêmes ce qu’elle cache. Leurs craintes s’avèrent justifiées. En signe de protestation, ils laissent quelques graffitis sur la barrière.

Cette action vaudra à Evgueni Vitichko et Suren Gazaryan une condamnation à trois ans de colonie pénitentiaire.

Une fois encore en Russie, la justice ne cherche pas à rendre justice mais à faire taire. Les enquêteurs n’ont d’ailleurs pas cherché à déterminer la légalité de ladite clôture. La Cour Suprême russe elle-même soulignera cette faille grossière du jugement.

Pourtant, le 12 février dernier, après 15 minutes d’audience, Evgueni Vitichko a vu sa peine confirmée. Ces militants cherchaient à dénoncer l’illégalité des pratiques environnementales dans la région. Ils se retrouvent sur le banc des accusés, dans la cellule des condamnés, dans le silence des persécutés.

Etre militant écologiste aujourd’hui à Sotchi est une activité à haut risque.

 

 

This article has been translated from French.