Royaume-Uni: Le nombre de travailleurs pauvres est en hausse

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Le gouvernement britannique a été vivement critiqué par les syndicats et des experts politiques suite à la publication d’un rapport qui révèle que la pauvreté affecte en plus grand nombre les familles qui travaillent que les familles sans emploi.

Selon le rapport du New Policy Institute (NPI) publié par la Joseph Rowntree Foundation (JRF), sur 13 millions de citoyens britanniques vivant dans la pauvreté, approximativement 6,7 millions vivent dans des familles dont un membre adulte au moins exerce un emploi.

D’après le même rapport annuel intitulé Monitoring Poverty and Social Exclusion, les bas salaires et l’insécurité de l’emploi auraient entraîné un déclin sans précédent du niveau de vie.

Dans un entretien avec Equal Times, Peter Kenway, directeur du NPI et auteur du rapport a indiqué que les conclusions reflétaient le « déclin progressif » de l’aide sociale aux travailleurs britanniques.

« Jamais depuis l’avènement de l’État providence les membres les plus pauvres de la société n’avaient-ils été confrontés à de telles pressions… Un filet social pour sauver ceux et celles qui sombrent est vital pour la mobilité sociale – il permet, même à l’heure actuelle, de sauver des millions de personnes chaque année – or aucun dirigeant n’est prêt à le défendre ».

Un autre rapport publié le mois dernier et signé Richard Murphy, de Tax Research UK, révèle que le revenu moyen des travailleuses et travailleurs indépendants, dont le nombre est en progression constante, a diminué de 27 % entre 2008 et 2011.

D’après ce rapport, la crise économique et la difficulté de trouver des emplois permanents ont contraint beaucoup de travailleurs à passer au statut d’indépendant.

 

« Piégé »

Électricien de formation, Andy Britner, 49 ans, de Manchester, a eu une expérience directe du chômage et de la pauvreté. Au début de l’année 2013, ne disposant plus de moyens suffisants pour s’acquitter des nouveaux frais d’examen de certification – obligatoires pour conserver sa qualification d’électricien – Britner s’est vu contraint de passer au statut de travailleur indépendant.

« J’étais pris au piège. Le centre d’aide à l’emploi me disait de ne plus déposer de demande pour ce type d’emploi. La seule formation qu’ils me proposaient était totalement inadéquate », se souvient-il.

Britner vit seul et travaille désormais en tant que bricoleur. Il effectue des petits travaux de réparation comme le remplacement d’ampoules électriques. Si son statut d’indépendant lui donne, en principe, droit à des crédits d’impôt, il signale que depuis l’introduction de la ‘taxe sur les chambres vides’ au début de l’année, il y a des semaines où il touche moins que quand il était au chômage.

« L’incertitude règne – parfois, quand je n’ai pas beaucoup de travail, je me retrouve avec 40 livres (65 dollars) de moins que quand j’étais au chômage. J’ai tout juste de quoi survivre. Le gouvernement affirme qu’il est préférable d’avoir un emploi mais pour beaucoup de gens ce n’est tout simplement pas vrai », dit-il.

Pour Frances O’Grady, secrétaire général du Trade Union Congress, la lutte contre l’insécurité de l’emploi et les bas salaires représente l’un des principaux défis au Royaume-Uni.

« Le rapport de la Joseph Rowntree Foundation (JRF) montre à quel point les syndicats ont raison de s’inquiéter du niveau de vie et a fortiori de celui des travailleurs plus faiblement rémunérés. L’emploi précaire, où l’on voit un grand nombre de personnes contraintes de cumuler plusieurs jobs à temps partiel – fréquemment sous contrats zéro-heure – combiné au déclin des salaires réels, et ce à l’heure où les biens de consommation courante semblent plus chers que jamais, pousse un nombre sans précédent de familles sous le seuil de pauvreté.

« À moins que les salaires ne se redressent, des millions de familles ordinaires resteront sur la corde raide financière et le gouffre entre les riches et les pauvres s’avèrera impossible à combler ».

Julia Unwin, directrice exécutive de la JRF partage cet avis :

« Notre marché du travail manque de garantir un salaire et une protection et les emplois offrent une sécurité sociale dérisoire et une rémunération de misère qui ne suffisent pas à joindre les deux bouts.

« Même si les statistiques et les prévisions officielles semblent indiquer qu’une reprise est en bonne voie, pour les plus pauvres, l’amélioration des salaires et des perspectives demeure de l’ordre du mirage… Nous devons redoubler d’efforts pour réduire la pauvreté – celle-ci est nuisible pour les personnes qui en sont victimes et néfaste pour nos perspectives économiques ».