Dossier d’information pour lutter contre le VIH/SIDA chez les travailleurs/euses portuaires

 

Des millions de travailleurs/euses portuaires à travers le monde se sont vus remettre un nouveau dossier d’information sur le VIH/SIDA visant à éradiquer la propagation mondiale de l’épidémie dans l’industrie maritime.

Publié par la Fédération internationale des ouvriers du transport (FIOT), HIV/AIDS and port workers - a resource pack for unions (VIH/SIDA et travailleurs/euses portuaires: dossier d’information pour les syndicats) est un outil de prévention destiné à communiquer «des stratégies, des faits et des conseils» aux ouvriers du secteur portuaire.

D’après Paddy Crumlin, président de la FIOT et président du secteur des dockers, «la FIOT est une organisation qui représente les intérêts des travailleurs/euses des transports de toute la planète; il serait impossible de remplir ce rôle sans lutter contre le problème du VIH/SIDA. C’est un problème qui concerne les syndicats».

Le dossier d’information fait suite à une enquête mondiale de la FIOT qui a donné lieu à une série d’appels à l’action syndicale pour sensibiliser les travailleurs/euses portuaires aux effets du SIDA et pour protéger de la discrimination les personnes vivant avec cette maladie.

La majeure partie des 34 millions d’hommes et de femmes atteints du VIH/SIDA dans le monde sont des personnes qui travaillent et le transport est l’un des secteurs les plus touchés.

Lorsque les travailleurs/euses voient leur santé décliner, qu’ils/elles perdent leur emploi et, bien souvent, meurent, les conséquences pour leur famille et leur communauté peuvent être catastrophiques.

Sharon James, secrétaire du secteur des dockers de la FIOT, déclare à Equal Times que les syndicats ont la responsabilité de fournir des informations et du matériel éducatif pour aider les travailleurs/euses et les employeurs à faire face aux effets de la maladie dans l’industrie maritime.

«Lutter contre le VIH/SIDA et la stigmatisation qui entoure cette maladie est une responsabilité qui nous incombe à tous. Les travailleurs, les syndicats et les employeurs ont un rôle considérable à jouer.

«Ce nouveau guide décrit les actions que chacun peut et devrait mener et vise à donner aux dockers et à leurs syndicats les moyens pratiques pour lutter contre les effets du VIH/SIDA», précise Sharon James.

 

Vulnérabilité

En 2012, une enquête réalisée par le programme des Nations Unies, ONUSIDA, révélait une prévalence plus élevée du VIH/SIDA chez les travailleurs/euses portuaires à l’échelle mondiale que dans le reste de la population.

Ces chiffres sont attribués, entre autres facteurs, à de mauvaises conditions de travail, à un manque d’accès aux informations sur la santé, à la possibilité d’obtenir facilement de l’alcool et des stupéfiants, et à un nombre important de partenaires sexuels.

«Les ports sont des points de passage par lesquels transitent un ensemble complexe de nationalités et de prestataires de services à travers des échanges multiples», explique le Dr Asif Altaf, coordinateur du VIH/SIDA à la FIOT.

«Dans les ports, en général, la main-d’œuvre est essentiellement masculine et, dans certains endroits, les travailleurs portuaires disposent d’un revenu plus élevé que celui de la plupart des travailleurs/euses des alentours, qui peuvent être attirés vers le port pour satisfaire les besoins des personnes de passage en termes de repos, de détente et de divertissement.

"Comme de nombreuses plateformes de transports et les communautés plus générales qu’ils desservent, les ports sont obligés de reconnaître que le VIH/SIDA représente une menace potentielle».

Un rapport de Stigma Index (indicateur de stigmatisation) indique que 9 personnes sur 10 vivant avec le VIH/SIDA sont des personnes qui travaillent.

Pour Zuzanna Muskat-Gorska, coordinatrice des syndicats à l’échelle mondiale sur le VIH/SIDA pour la Confédération syndicale internationale (CSI), ces chiffres montrent que les syndicats doivent absolument veiller à ce que les travailleurs/euses atteints du VIH/SIDA, tous secteurs confondus, ne fassent pas l’objet de discrimination.

«Plus d’un tiers des personnes vivant avec le VIH signalent avoir été confrontées à la perte de leur emploi, au refus de soins de santé, à l’exclusion sociale ou professionnelle et/ou à la révélation involontaire de leur maladie sur leur lieu de travail.

«La lutte contre le VIH ne se limite pas à combattre un virus. Il s’agit de lutter contre l’inégalité des genres et des revenus, contre la marginalisation sociale, la discrimination injuste, les bas salaires, la précarité de l’emploi et l’irresponsabilité des gouvernements. Personne ne peut atteindre ces objectifs seul, mais ensemble nous pouvons y parvenir».