« Non » à la privatisation des hôpitaux madrilènes

Le dimanche 22 septembre, près de 50 000 ont manifesté dans le centre de Madrid pour défendre la santé publique, gratuite et universelle en Espagne.

Il s’agit de la onzième « marée blanche », manifestation organisée par des associations de professionnels de la santé, des associations de quartier et des syndicats, qui se déroule le troisième dimanche de chaque mois.

Les travailleurs/euses de la santé célèbrent la suspension à titre conservatoire du processus d’externalisation dans six hôpitaux madrilènes.

« Nous sommes convaincus qu’il nous faut maintenir la mobilisation et que les manifestations doivent se prolonger dans le temps et rester unitaires et massives. Nous devons maintenir la pression jusqu’à obtenir l’abandon définitif du plan de privatisation », explique Sergio Fernández Ruiz, vice-président de l’association pour la défense des institutions de santé publique de Madrid (Asociación para la Defensa de la Sanidad Pública de Madrid - ADSPM).

L’ADSPM est l’une des organisations de la Mesa en Defensa de la Sanidad Pública ayant appelé à la manifestation. Cette dernière a lancé une mise en garde contre « la faramineuse réduction du budget de l’État et l’augmentation des inégalités sociales en matière de santé ».

 

Six hôpitaux dans l’œil de cyclone

Au début du mois de septembre, le Tribunal supérieur de justice de Madrid avait suspendu à titre conservatoire la privatisation de six hôpitaux, suite au recours déposé par l’association des médecins spécialistes de Madrid (Asociación de Facultativos Especialistes de Madrid - AFEM).

Ces centres offrent des soins médicaux à 18 % de la population de la Communauté de Madrid titulaire d’une carte de santé, 5 000 professionnels de la santé y travaillent et les transactions économiques y atteignent des dizaines de millions d’euros.

« Aucun argument ne permet d’assurer que l’on pourra faire des économies tout en maintenant la qualité des soins de santé qui existe à l’heure actuelle. En revanche, des exemples tels que celui du Royaume Uni, montrent qu’une telle privatisation a conduit à la dégradation irréversible de la santé publique et à la souffrance de milliers de personnes », déclare‑t‑on à l’AFEM.

Le mercredi 25 septembre, le conseiller à la santé de la Communauté de Madrid, Javier Fernández-Lasquetty, a minimisé l’importance des manifestations et défendu son projet présenté comme une « mesure visant fondamentalement à l’économie et à la réduction des coûts tout en maintenant de très hauts niveaux de qualité ».

Le cabinet du conseiller à la santé de la Communauté de Madrid, qui doit faire face à une vingtaine de recours déposés devant les tribunaux affirme que son modèle suppose « des économies de 20 % sur les coûts actuels, ce qui équivaut à environ 170 millions d’euros par an pour les six hôpitaux ».

Ce n’est pas la première fois qu’un hôpital pourrait basculer vers une gestion privée, mais dans le contexte d’austérité et de crise que vit l’Espagne, la situation de la Communauté de Madrid est cruciale pour trois raisons : « l’importance numérique, la visibilité et le fait qu’il s’agit du premier plan global de privatisation », comme l’affirme Fernández Ruiz.

 

Vulnérabilité des travailleurs de la santé

« Nous avons occupé l’hôpital pendant 200 jours, de novembre 2012 jusqu’en janvier 2013, nous avons participé aux côtés de la population à des marches de 14 km, depuis la municipalité de Coslada jusqu’à Madrid, nous avons pris part aux marées blanches, nous avons fait signer des pétitions… nous nous sentons très soutenus », affirme José María González, infirmier depuis trois ans à l’hôpital del Henares à Coslada, un des six hôpitaux concernés par l’externalisation.

L’entreprise privée Sanitas a annoncé à la fin du mois d’août qu’elle allait renégocier les contrats avec les travailleurs.

« Les majorations en cas de travail nocturne, de changement dans les roulements d’équipe et de jours fériés pourraient disparaître », affirme M. González. Les négociations sont pour le moment suspendues.

« Nous sommes fiers des services proposés par notre hôpital à 150 000 habitants, et nous voulons maintenir leur qualité », explique l’infirmier.

Tant le gouvernement national que les autorités régionales réaffirment leur objectif, à savoir : « compte tenu de l’actuel manque de ressources économiques, offrir les mêmes services de santé publique à un moindre coût ».

Cependant, plusieurs voix se sont fait entendre et ont tiré un signal d’alarme sur les conséquences de ces politiques.

Fernández Ruiz signale que « d’après le rapport 2013, Les services sanitaires des Communautés autonomes, l’on a identifié trois conséquences : une augmentation des listes d’attente, aussi bien en ce qui concerne la durée moyenne d’attente que le nombre de personnes sur la liste, un nombre important de personnes ayant de bas revenus qui ne peuvent plus accéder aux médicaments dont ils ont besoin en raison du ticket modérateur (entre 12 et 16 %) et une détérioration de l’opinion publique sur le fonctionnement des services de santé publique.

This article has been translated from Spanish.