Le Front de la voie révolutionnaire peut-il trouver une issue en Égypte?

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Un nouveau mouvement politique a été constitué en Égypte dans le but de créer une alternative à l’actuelle polarisation entre l’armée et les Frères musulmans.

À la fin du mois dernier, environ 150 militants d’horizons politiques différents ont fondé le Front de la voie révolutionnaire.

L’objectif du groupe selon son acte fondateur est de « Renouer avec la révolution et d’opposer la contre-révolution ».

Le 3 juillet, suite à une vague de manifestations nationales contre la présidence tumultueuse des Frères musulmans, arrivés au pouvoir un an plus tôt, l’armée égyptienne a déposé Mohamed Morsi – le premier président démocratiquement élu depuis le renversement de Hosni Moubarak.

Depuis lors, l’Égypte est en proie à de graves troubles.

Des centaines de personnes – principalement des partisans des Frères musulmans qui réclament le rétablissement de Morsi – ont été tuées lors d’affrontements avec la police et l’armée.

Pendant ce temps, Morsi est maintenu en détention dans un lieu secret.

Le 4 novembre 2013, lui et 14 hauts responsables des Frères seront traduits en justice pour la mort de sept personnes durant des affrontements qui avaient eu lieu devant le palais présidentiel, au Caire, l’année dernière, entre opposants et partisans des Frères musulmans.

Le paysage politique en Égypte est fracturé entre ceux qui soutiennent l’armée et l’appel à la répression de l’Islam politique et ceux qui soutiennent les Frères musulmans et l’appel en faveur du retour de Morsi.

Cependant, personne ne semble prêt à admettre l’échec des deux camps à répondre aux attentes du peuple égyptien.

L’activiste politique Khaled Abdel Hamid, membre fondateur du Front de la voie révolutionnaire a déclaré à Equal Times que le mouvement offre une alternative aux Égyptiens :

« L’autorité militaire et les Frères musulmans constituent les deux ailes de la contre-révolution.

« Nous n’allons pas nous allier avec l’armée contre les Frères et nous n’allons pas nous allier avec les Frères contre l’armée », a-t-il dit.

 

Violence

Depuis le renversement de Morsi par l’armée, les manifestations se sont étendues à toute l’Égypte, notamment suite à la répression brutale par les autorités de deux sit-in pro-Morsi le 14 août.

L’attaque, soutenue par une majorité de l’opinion égyptienne, a fait plus de 1000 morts et blessés parmi les membres et partisans des Frères musulmans.

Mais malgré la violence et l’incertitude, près de trois années après la révolution de janvier, beaucoup d’Égyptiens estiment que pas une seule de leurs demandes, à savoir « pain, liberté, dignité et justice sociale », n’a été satisfaite.

Et c’est précisément là qu’entre en scène le Front de la voie révolutionnaire. Il appelle à la redistribution de la richesse pour parvenir à la justice sociale. Il s’est aussi engagé à combattre l’oppression politique, à combattre la discrimination sous toutes ses formes, à réunir les conditions pour une justice de transition et à adopter des politiques étrangères qui garantissent la souveraineté de l’Égypte.

Pour atteindre ses objectifs ambitieux, le Front se prépare à entreprendre une série de campagnes au cours des prochaines semaines, selon Abdel Hamid.

Une de ces campagnes sera basée sur un des documents fondateurs du Front intitulé « Les droits du peuple égyptien », présenté lors de la conférence inaugurale.

L’objectif de la campagne est de réunir un million de signatures de soutien aux fins d’inclure, à terme, ce texte dans une future constitution nationale.

Le document vise à garantir l’égalité pour tous les citoyens égyptiens dans tous les domaines, du travail décent à la liberté d’expression, en passant par l’accès aux soins de santé et à l’éducation.

Le Front a condamné avec véhémence la violence qui menace de déchirer l’Égypte mais a averti que l’effusion de sang risquait de se poursuivre jusqu’à ce que justice ne soit rendue.

Dans une déclaration publiée récemment concernant les dernières actions répressives des forces de sécurité, qui ont fait plus de 53 morts lors de rassemblements commémoratifs pour le 40e Anniversaire de la guerre du 6 octobre, le Front a indiqué :

« Nous condamnons les meurtres et l’instigation à la violence commis par ce régime et insistons sur la fatalité de représailles justes contre tous les assassins – de Moubarak et sa clique, [Mohammed Hussein] à Tantawi et son Conseil suprême des forces armées, en passant par Morsi et les membres des Frères musulmans qui ont agi à l’encontre de la loi et le régime actuel qui continue à tuer des civils et tient des propos incendiaires depuis des mois. »

Pas un seul dirigeant n’a été condamné pour les violences qui ont déferlé sur l’Égypte depuis 2011 et le Front de la voie révolutionnaire estime qu’une solution s’impose d’urgence.

« Les représailles viendront tôt ou tard car tout espoir de stabilité est vain tant qu’il n’y aura pas de justice. »