Pourquoi nous avons quitté les négociations sur le changement climatique de l’ONU

Pourquoi nous avons quitté les négociations sur le changement climatique de l'ONU

One day before the scheduled conclusion of the international climate talks in Warsaw, Poland, hundreds of climate activists walked out in protest at the lack of ambition at the talks, and in solidarity with people affected by climate change.

(Luka Tomac/Friends of the Earth Europe)

Jeudi dernier, les syndicats – aux côtés de leurs partenaires de la société civile issus d’un éventail d’organisations, de la protection de l’environnement au développement, des droits des femmes à la justice sociale – ont quitté la Conférence sur le changement climatique COP19 de l’ONU en Pologne un jour avant la clôture officielle de l’événement.

Bien qu’il s’agît d’un acte de protestation et de solidarité, c’est aussi par profond respect pour le processus que nous l’avons fait.

Nous avons toujours eu l’intime conviction que la COP constituait le seul espace légitime permettant aux gouvernements de tomber d’accord sur une solution qui protège les populations et la planète.

Cependant, la solution implique un engagement de tous les pays, sur une base démocratique.

C’est précisément par respect pour ce processus international et son objectif primordial – la limitation des émissions de gaz à effet de serre à des niveaux sûrs, garantissant un développement durable – que nous avons quitté les négociations.

Il ne serait pas faux d’affirmer que les gouvernements sont partis longtemps avant nous. D’aucuns martèlent depuis des années leur engagement au processus or leurs discours sont en contradiction avec chacune de leurs actions.

On a vu, de par le monde, des gouvernements échafauder autour du changement climatique une architecture complexe qui ne s’accompagne pas des engagements nécessaires en matière d’atténuation, d’adaptation ou d’indemnisation des communautés affectées.

Ils colportent depuis des années leurs mesures dérisoires et incohérentes comme un « progrès » or la seule chose dont ils peuvent réellement se prévaloir c’est du déclin général des ambitions.

Le manque d’engagement de la part des pays développés, ceux-là mêmes qui sont supposés être les hérauts du changement, est ni plus ni moins que criminel.

Il ne faut, cependant, pas prendre notre départ pour un renoncement.

Nous sommes aujourd’hui plus que jamais engagés dans la lutte contre le changement climatique.

Nous affirmons haut et fort notre engagement en faveur d’une transformation de nos systèmes de production vers un modèle bas carbone qui garantira des emplois décents aux travailleurs aujourd’hui et dans le futur.

Nous avons quitté la COP 19 parce qu’il était embarrassant d’être partie à une discussion où les négociateurs et les ministres sont venus dépourvus d’un mandat pour négocier quoi que ce fût qui répondît à l’ampleur du problème auquel nous sommes confrontés.

Nous n’avons pas vu de progrès dans les engagements à court et à moyen terme qui soit à même de garantir la transformation à long terme que les gouvernements prétendent – hypocritement – défendre.

Ce qui était sur la table des négociations jeudi était très loin d’être suffisant pour parvenir, d’ici 2015, à un accord qui soit à la hauteur du défi climatique. Pourtant, cet accord, nous en avons désespérément besoin.

Cela va de soi, il n’y a là rien de nouveau. Face à des issues similaires lors de COP antérieures nous avions choisi d’attendre patiemment le changement et le progrès – quand bien même la science nous montre clairement que l’attente constitue un suicide collectif.

Mais nous en avons assez d’attendre.

Face à la froide indifférence qui a suivi la tragédie du typhon Haiyan aux Philippines ; face à la manière dont la COP s’est convertie en un salon d’exhibition pour des sociétés multinationales qui comptent parmi les plus grands pollueurs du monde; face aux promesses antérieures qui ont été brisées par les mêmes gouvernements qui les avaient faites seulement quelques années auparavant, nous n’avons d’autre choix que de crier haut et fort : « Ça suffit ! »

Nous sommes conscients que pour réellement changer les choses nous devons accroître la mobilisation des bonnes volontés.

Nous devons revenir à la charge plus forts, avec plus de gens, plus d’idées et une société plus mobilisée, prête à combattre le changement climatique et à garantir une « transition juste ».

La diversité de la coalition qui a planifié cette sortie de conférence tirait sa beauté à la fois de son ampleur et du profond sentiment de solidarité dont elle est imprégnée.

Le fait que certaines des voix les plus engagées en faveur du processus de l’ONU soient restées en marge des plénières de la COP 19 ne manquera pas d’envoyer un message clair aux gouvernements du monde.

Halte à l’hypocrisie collective et halte à la désaffection. Ce processus est important et nous devons faire en sorte qu’il soit pris en compte. Nous reviendrons.