Démission forcée du leader du mouvement syndical fidjien en raison de sa candidature aux élections

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Felix Anthony, dirigeant de longue date de la principale centrale syndicale nationale du Fidji, a démissionné de ses fonctions syndicales pour représenter le People’s Democratic Party aux prochaines élections, en septembre.

Chef de file du Fiji Trades Union Congress (FTUC) depuis 15 ans, Felix Anthony a déclaré être sceptique quant à l’impartialité des prochaines élections qui devraient mettre un terme au régime dictatorial du Commodore Frank Bainimarama, arrivé au pouvoir à l’issue d’un coup d’État militaire.

C’est sous la contrainte qu’Anthony a renoncé à toutes ses fonctions syndicales avant d’annoncer qu’il présenterait sa candidature aux prochaines élections générales. Le régime militaire a interdit aux membres du mouvement syndical de participer aux élections fidjiennes.

L’ex-dirigeant du FTUC – dont les activités syndicales lui ont auparavant valu d’être attaqué par des malfrats à la solde de l’armée – était également le secrétaire général du Fiji Sugar and General Workers Union, qui représente l’un des secteurs économiques les plus importants du pays.

Dû aux règles électorales draconiennes qui ciblent spécifiquement les syndicalistes, plusieurs autres hauts dirigeants syndicaux ont préféré attendre avant d’annoncer qu’ils quittaient leurs fonctions syndicales et se présenteraient aux élections.

Dans la dernière édition de son Rapport annuel sur les violations des droits syndicaux, la Confédération syndicale internationale (CSI) a inclus le Fidji parmi les sept principaux pays à risque. Le soutien en faveur des travailleurs fidjiens et de leurs syndicats figurera à l’ordre du jour des discussions du Congrès mondial de la CSI qui se tiendra dans le courant de ce mois à Berlin.

Des échanges sont d’ores et déjà en cours sur la meilleure approche stratégique au niveau régional et international pour assurer un processus électoral libre et impartial en septembre et mettre un terme à une dictature hostile aux intérêts des travailleurs.

Dans la meilleure tradition du syndicalisme, la tribune électorale de Felix Anthony pour le People’s Democratic Party (PDP) se centrera, en tout premier lieu, sur les droits humains.

L’accent est mis non seulement sur le rétablissement des droits des travailleurs mais aussi sur les droits des femmes et les droits à l’éducation pour tous les Fidjiens, de même que sur les droits des iTaukei.

M. Anthony a confié au Fidji Times que la décision de démissionner de ses fonctions en tant que dirigeant du mouvement syndical n’a pas été facile à prendre.

Les syndicats fidjiens ont créé le People’s Democratic Party à la suite d’un différend public avec le Fiji Labour Party concernant le rôle des syndicats dans le processus politique.

 

Les syndicats abandonnent le Labour Party

Bien que le Labour Party - qui a naguère occupé le pouvoir aux Fidji – trouve ses racines dans le mouvement syndical, ses dirigeants sont perçus comme ayant tourné le dos à leurs bases.

« La décision de constituer le People’s Democratic Party fut prise au terme de débats, de discussions et de consultations de longue haleine et d’une série de réunions du conseil national du FTUC », a déclaré Felix Anthony au Fiji Times.

« Ça ne s’est pas fait du jour au lendemain. Le processus a pris des mois et ce n’est qu’après, suite à la conférence extraordinaire des délégués à Nadi, le 12 janvier, que le FTUC a finalement décidé de former un parti politique. »

M. Anthony a vigoureusement démenti que le PDP n’est qu’une simple aile dissidente du Labour Party.

Felix Anthony avait, auparavant, accusé le leader des travaillistes et ancien Premier ministre fidjien Mahendra Chaudry de convertir son ancien parti en un fief personnel qui ne tient plus compte des besoins des travailleurs fidjiens. Le Labour Party - naguère multiracial – est devenu un parti exclusivement indo-fidjien, selon le dirigeant syndical démissionnaire.

Chaudry a fait l’objet de poursuites pour détournement de fonds à Fidji – et la plupart des analystes estiment que le Labour a perdu une grosse partie du soutien général dont il jouissait au départ, même s’il reste quelques dirigeants syndicaux dans ses rangs.

En plus du People’s Democratic Party soutenu par le FTUC, les prochaines élections verront la seconde principale centrale syndicale nationale fidjienne, le Fiji Islands Council of Trade Unions – un groupe dissident du FTUC – soutenir une autre formation politique, le National Federation Party.

Article initialement publié dans Working Life.