Il est temps de mettre fin à la privatisation des programmes de développement

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Les Nations unies ont annoncé, en 2000, huit Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) afin de réduire la pauvreté dans le monde entier.

Comme les objectifs « expirent » l’année prochaine, de nouveaux objectifs sont en cours de définition dans les assemblées et les couloirs de l’ONU.

Certaines portes à l’ONU seront, toutefois, fermées à l’examen par l’opinion publique mais largement ouvertes aux entreprises.

L’ONU s’axe de plus en plus sur les partenariats pour le développement avec le secteur privé, comme le démontre la proposition de Ban Ki-moon de créer une facilité de partenariat de l’ONU avec le secteur privé.

Toutefois, durant les négociations sur les « partenariats pour le développement », les informations deviennent de moins en moins accessibles aux organisations de la société civile en raison des pressions exercées par les entreprises.

La fenêtre d’opportunités ouverte aux grandes entreprises à l’ONU a déjà accordé plus de poids aux discours des entreprises… et à leurs intérêts.

L’aide au développement est progressivement privatisée: un montant de plus en plus élevé de l’aide, l’argent du contribuable, est alloué aux entreprises privées ou aux institutions financières, principalement dans les pays développés, plutôt qu’aux organisations caritatives ou aux gouvernements dans les pays en développement.

Les entreprises ont trouvé un intérêt conflictuel dans les programmes de développement.

Depuis 2007, les institutions de financement du développement, en particulier en Europe, ont augmenté les flux financiers en direction du secteur privé de pratiquement 200 pour cent.

Des études ont, toutefois, révélé que dans les flux de l’aide accordée au secteur privé par la Banque européenne d’investissement et la Banque mondiale, pratiquement la moitié des fonds destinés à l’aide au développement ont été consacrés au soutien aux entreprises établies dans des pays développés et des paradis fiscaux, alors que 25 pour cent seulement des entreprises bénéficiant d’un soutien étaient établies dans les pays les moins avancés où l’aide est octroyée.

Grâce à ce système, les gouvernements dans les pays développés peuvent « sous-traiter leurs responsabilités en matière de développement », indique Guilherme Patriota.

Selon Jens Martens, du Global Policy Forum, ce pouvoir croissant des entreprises dans l’élaboration de politiques est préjudiciable tant au système multilatéral qu’aux États.

« Lorsque les entreprises établissent le programme des gouvernements, elles compromettent la responsabilité et la transparence et, en définitive, le pouvoir des gouvernements » a-t-il déclaré.

Durant le récent Congrès mondial de la CSI, Roberto Bissio de Social Watch a rappelé aux participants que « les entreprises n’ont pas de compte à rendre aux citoyens. Plus le pouvoir détenu par les entreprises dans le système multilatéral de l’ONU est grand, plus les inégalités seront grandes tant au sein des pays qu’entre pays ».

Le développement concerne les citoyens et leurs droits. Les entreprises réalisent des bénéfices. Il est temps de rappeler aux Nations unies que nos vies valent plus que leurs profits.