Les travailleurs de la santé en Afrique du l’Ouest réclament une protection contre le virus mortel Ebola

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Les personnels de santé en Afrique de l’Ouest appellent leurs gouvernements à accorder la priorité à la santé et la sécurité dans leur combat contre le virus mortel Ebola.

Des dizaines de travailleurs de la santé ont déjà perdu la vie en Guinée, au Libéria et au Sierra Leone en tentant d’empêcher la propagation du virus à travers toute la région. Au moins une quarantaine de médecins et d’infirmières sont morts rien qu’au Sierra Leone.

Le Dr Ayuba Wabba, président du West African Health Sector Unions’ Network (WAHSUN) relève l’absence de tenues et d’équipements de protection dans les institutions publiques où sont traitées les personnes atteintes de la fièvre Ebola comme la principale cause du niveau élevé d’infection et de mortalité parmi les personnels soignants. Selon lui, une réponse doit être apportée de toute urgence à cette déficience critique.

« Les travailleurs de la santé constituent le premier point de contact d’un patient infecté. Il est donc impératif que les personnels soignants soient protégés afin de pouvoir assurer des soins de qualité aux patients », a déclaré le Dr Wabba, interviewé depuis Lagos, au Nigeria.

« Nous avons pu déterminer qu’au fil des ans, la question de la sécurité des travailleurs de la santé n’a pas reçu toute l’attention qu’elle méritait. Et étant donné que les fièvres hémorragiques sont des infections virales et pour autant hautement contagieuses, il est extrêmement important pour nous à présent de nous attaquer à ce problème. »

En Guinée, au Libéria et au Sierra Leone, plus de 1200 personnes ont contracté le virus qui a déjà coûté la vie à 729 personnes [au 1er août] depuis que le premier cas a été relevé en mars de cette année, d’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Il n’existe pas de vaccin ou de remède contre le virus Ebola, qui peut s’avérer mortel dans jusqu’à 90% des cas.

Les symptômes de la maladie incluent la fièvre, les vomissements, la diarrhée et les saignements, notamment au niveau des oreilles et des yeux.

Le décès récent à Lagos de Patrick Sawyer, un fonctionnaire du gouvernement du Libéria qui avait contracté la maladie, a fait naître la crainte de voir ce virus hautement contagieux se propager dans l’ensemble de la mégalopole nigériane, dont la population est estimée à plus de 20 millions d’habitants.

Le Sierra Leone et le Liberia – pays les plus durement touchés par l’épidémie – ont déclaré l’État d’urgence et procédé à la fermeture de toutes les écoles ; des zones entières ont été placées en quarantaine, sous la surveillance de l’armée, et des perquisitions ont été effectuées de maison en maison à la recherche de personnes infectées.

 

Épidémie la plus meurtrière

L’épidémie actuelle du virus Ebola est la plus meurtrière jamais enregistrée en termes du nombre de cas et de morts recensés, de même que de la portée géographique de la maladie.

L’OMS a récemment annoncé un plan d’action de 100 millions USD en réponse à la crise de l’Ebola mais dans une région où les infrastructures et les budgets alloués aux soins de santé sont déjà sérieusement limités, cette épidémie a un impact d’autant plus dévastateur sur les communautés locales et les travailleurs de la santé.

Le Dr Sheik Umar Khan, le seul virologue du Sierra Leone à avoir traité plus de 100 patients atteints du virus Ebola est décédé des suites de la maladie le 29 juillet.

« Le Dr Khan était un médecin extrêmement déterminé et courageux qui se préoccupait énormément pour ses patients », a déclaré MSF dans un communiqué de presse.

Le Dr Samuel Brisbane qui travaillait au Centre médical John F. Kennedy dans la capitale du Libéria, Monrovia, est lui aussi décédé des suites de la maladie la semaine dernière.

Il y a un mois environ, Samuel Muhumuza Mutoro, un médecin ougandais qui était atteint du virus Ebola s’est, lui aussi, éteint dans le même centre hospitalier. Un médecin américain qui travaillait pour l’organisation humanitaire Samaritan Purse to Combat Ebola in Liberia est actuellement infecté par le virus.

« La Guinée a enregistré 20 morts sur 28 cas de travailleurs de la santé infectés, d’après les données les plus récentes du ministère de la Santé », a déclaré Ogna Elise Camara, une journaliste guinéenne qui couvre l’épidémie depuis la capitale Conakry.

En plus des équipements de protection, la formation sur le traitement des personnes infectées par le virus Ebola est aussi un enjeu prioritaire.

« Beaucoup d’infirmières n’avaient pas reçu de formation adéquate pour le traitement de cette maladie létale, ce qui, dans certains cas, leur a couté la vie. Et les équipements de protection ne sont pas toujours aux normes », a confié à Equal Times Alex Fatorma, secrétaire régional du Sierra Leone Health Services Workers Union.

« Il est question de recyclage des équipements de protection or certains hôpitaux ne disposent même pas de ces équipements au départ », a-t-il fait remarquer.
Les responsables du gouvernement affirment pourtant qu’ils s’efforcent du mieux de protéger les travailleurs de la santé.

« Nous essayons de sensibiliser les travailleurs de la santé et de leur fournir des équipements de protection individuelle qu’ils sont tenus de porter en permanence pour éviter de contracter la maladie lorsqu’ils s’occupent de patients atteints du virus Ebola », a déclaré Aboubacar Fofanah, ministre adjoint à la Santé.

Selon le Dr Wabba, toutefois, il reste beaucoup à faire.

« Les personnels soignants doivent être équipés de masques, de gants, de tenues de protection, de chlore et de chaussures, entre autres. La fourniture d’équipements de protection adéquats fait partie de nos modalités de service », a-t-il affirmé.