Bishnu Rimal, syndicaliste népalais : « Le 1er mai, nous serons en deuil »

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Bishnu Rimal, président de la fédération des syndicats népalais.

Moins de deux jours après le violent tremblement de terre et les répliques qui ont frappé le Népal, faisant au moins 3.700 morts et plusieurs milliers de blessés, Equal Times s’est entretenu avec Bishnu Rimal, le président de la fédération des syndicats népalais General Federation of Nepalese Trade Unions (GEFONT).

Quelle est la situation sur le terrain au Népal ?

La capitale Katmandou est dévastée. De nombreux immeubles, temples et sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO se sont effondrés. Nous ressortons toujours des personnes des décombres.

De nombreux quartiers n’ont plus d’électricité. La nourriture manque. Des milliers de personnes vivent dans les rues et les lieux publics, dans des tentes ou avec seulement quelques couvertures.

Nous sommes très préoccupés par la situation dans les villages népalais. Certains sont difficiles d’accès et nous craignons que le nombre de victimes soit beaucoup plus élevé, essentiellement du fait que la population de ces zones isolées se compose en grande partie de personnes âgées, de femmes et d’enfants.

C’est l’une des conséquences du manque d’emplois dans le pays et du recours à la main-d’œuvre népalaise pour travailler sur les chantiers de construction à l’étranger, en particulier au Moyen-Orient.*

 

Quels sont les besoins les plus urgents et les priorités du moment ?

Les sauveteurs travaillent 24 heures sur 24 et l’aide étrangère commence à arriver. Nous continuons à rechercher des survivants et nous devons aider les personnes qui vivent dehors en leur apportant de la nourriture, des médicaments, et tout ce dont elles ont besoin.

Heureusement, le séisme a eu lieu un samedi, qui était de plus un jour férié. S’il s’était produit pendant la semaine, beaucoup plus de gens auraient été tués dans les bureaux et les lieux de travail qui ont été détruits.

 

Quelle aide apporte le mouvement syndical népalais ?

Nous demandons à tous nos affiliés d’encourager leurs membres à donner du sang et à aider les personnes touchées par le séisme comme ils le peuvent. Nous devons mobiliser tous les volontaires possibles.

Nous avons également décidé de ne pas célébrer le 1er mai cette année. Ce sera un jour de deuil et de prière collective en hommage aux morts et aux blessés.

Enfin, nous demandons au gouvernement d’intensifier les efforts de recherche et de sauvetage, et d’apporter de l’aide à ceux qui ont tout perdu.

 

Comment le mouvement syndical international peut-il aider ?

Nous avons besoin de solidarité. Pour l’instant il est encore trop tôt pour déterminer exactement sous quelle forme. Nous cherchons encore à obtenir des renseignements et des données avant de lancer un appel à l’aide internationale.

Mais une chose est sûre : un gros travail de reconstruction sera nécessaire. Nous aurons besoin d’aide et d’expertise pour reconstruire les infrastructures et les immeubles qui se sont effondrés.

Cependant, nous devons veiller à ne pas reproduire le scénario d’Haïti, dans lequel les aides n’avaient pas été affectées correctement et où les entreprises étrangères avaient profité de la catastrophe pour servir leurs propres intérêts.

Pour empêcher cela, nous devrons maintenir la pression sur le gouvernement, aussi bien au niveau local qu’international.

Mais nous avons de l’espoir. Nous pensons que nous pouvons travailler avec les autorités pour que cette tragédie serve au moins à créer des emplois, à fournir des prestations sociales et à réduire l’inégalité au Népal.

 

*Note de la rédaction : dans une lettre adressée aux gouvernements du Qatar, d’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis, la Confédération syndicale internationale (CSI) a demandé une suspension d’urgence du système de parrainage de la kafala afin de permettre aux travailleurs migrants népalais de rentrer dans leur pays. Au titre du système de la kafala, des centaines de milliers de travailleurs népalais employés dans le Golfe ne peuvent partir que si leur employeur leur en donne l’autorisation.