Au Rwanda, le congé de maternité bientôt payé à 100 %

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Le Rwanda est peut-être un bon élève en ce qui concerne la représentation des femmes au parlement (64 % des parlementaires sont des femmes), mais il peut mieux faire sur le plan des droits des femmes au travail. Les actes de violence sexiste sont toujours nombreux, et la lutte contre les inégalités entre les sexes demeure une priorité urgente pour les femmes des régions rurales.

Cependant, un projet de loi sur le congé de maternité est salué par les organisations de la société civile et les syndicats comme une avancée majeure dans la bonne direction.

Si ce projet de loi sur le congé de maternité est adopté par le parlement rwandais, les travailleuses bénéficieront de 12 semaines de congé de maternité durant lesquelles elles toucheront l’intégralité de leur salaire.

Le cabinet et le parlement ont approuvé le projet de texte en mars, avant de le soumettre à la considération de la Commission parlementaire des Affaires sociales. Le texte devrait être approuvé définitivement dans les semaines à venir.

Avec cette nouvelle loi, les employeurs s’acquitteront de la moitié du salaire tandis qu’un fonds de sécurité sociale prendra en charge les 50 % restants. Chaque employé, du public comme du privé, devra verser une cotisation obligatoire de 0,6 % de son salaire.

Dans un souci de facilité, toutes les cotisations seront déduites par l’employeur via l’Office rwandais de sécurité sociale (Rwanda Social Security Fund – RSSB), indépendamment du type de contrat ou de l’échelon salarial.

 

« Tout le monde y gagne »

Auparavant, les femmes touchaient l’intégralité de leur salaire durant les six premières semaines du congé de maternité mais, si elles ne reprenaient pas le travail, seulement 20 % de celui-ci durant les six semaines suivantes.

Les nouvelles propositions ont été saluées par les militants.

Dominique Bicamumpaka, président du Congrès du travail et de la fraternité au Rwanda (COTRAF), a déclaré à Equal Times : « Le COTRAF est favorable à ce texte. Nous avons été associés à toutes les étapes du processus et nous encourageons tous les citoyens à soutenir pleinement cette nouvelle initiative car, en accouchant, une femme fait don de la vie non seulement à sa famille, mais aussi à l’ensemble de la société. »

André Mutsindashyaka, secrétaire général du syndicat Rwanda Extractive Industry Workers Union (REWU), affilié à la Centrale syndicale des travailleurs du Rwanda (CESTRAR), salue les nouvelles propositions.

« Auparavant, la loi donnait l’impression de punir les jeunes mères. La plupart des gens semblent faire passer les profits avant tout, et considèrent que les jeunes mères sont moins productives, ou dérangeantes. C’est un tort. Il faut des campagnes de sensibilisation pour que la population comprenne qu’au final, tout le monde y gagne » a-t-il déclaré.

Mais Mutsindashyaka a également ajouté que l’augmentation de la rémunération perçue durant le congé de maternité n’était qu’une première étape vers l’amélioration des conditions de travail des jeunes mamans.

« Nous essayons de faciliter la vie des mères, en particulier de celles qui allaitent, en trouvant des moyens de leur permettre de travailler tout en s’occupant de leur enfant. D’ici cinq ans, nous espérons pouvoir lancer un programme grâce auquel chaque bureau disposera d’une garderie où les mères pourront allaiter leur bébé. À l’heure actuelle, certaines sociétés comme l’Office des cultures industrielles du Rwanda pour le thé (OCIR-Thé) mettent déjà des garderies à la disposition des femmes, et nous espérons qu’au final, il pourra en être de même partout » a-t-il expliqué.

Olive Uwamariya, militante des droits des femmes pour Care International, a déclaré à Equal Times que cette nouvelle loi sur le congé de maternité en dit long sur l’action que mènent les députées pour défendre les droits des femmes, et qu’il faut les en féliciter.

« Les femmes méritent le respect. Je sais qu’il reste du chemin à parcourir, mais des changements comme celui-ci nous donnent au moins l’impression d’avancer. La grossesse commençait à être source de tracas pour des questions de temps et d’argent, mais cette nouvelle loi est un signe que les choses évoluent en bien. Nous ne pouvons que nous en réjouir. »

 

Cet article a été traduit de l’anglais.