Corbyn provoque un séisme au sein de la jeunesse britannique

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Alors que la course à la direction du Labour Party entre dans son sprint final, le député vétéran de gauche et favori surprise Jeremy Corbyn a mobilisé des milliers de jeunes en faveur de sa campagne. Même s’il n’arrive pas au 10 Downing Street, sa prise de position claire contre l’austérité a au moins le mérite d’avoir insufflé une ferveur renouvelée à l’engagement politique des jeunes Britanniques.

Alors que l’aile droite du Labour Party avertit que Corbyn ne pourra jamais remporter une élection générale, un sondage d’opinion réalisé à Londres par YouGov lui attribue la plus forte cote de popularité auprès de l’électorat plus large où les jeunes, en particulier, feraient pencher la balance en sa faveur en tant que favori à la direction des Travaillistes.

Cela pourrait donner lieu à un profond changement lors des prochaines élections nationales. La participation des 18-24 ans aux suffrages a systématiquement été inférieure à la moyenne britannique, comme aux dernières élections générales en mai 2015, où près de la moitié (42%) des électeurs de cette catégorie d’âge se sont abstenus de voter.

George Aylett, un organisateur de l’équipe de campagne de Corbyn, a confié à Equal Times que la popularité dont jouit Corbyn auprès des adolescents et des jeunes adultes – malgré son âge (66 ans) – est le résultat d’une campagne qui a su puiser dans le sentiment généralisé d’aliénation à l’égard de la vie politique.

« Le problème de la politique est qu’elle a provoqué le désaveu d’une partie importante de la jeunesse et que les politiciens manquent de leur offrir des politiques qui les bénéficient. En réaction, ils choisissent de s’abstenir de voter et les politiciens, pour leur part, manquent de proposer des politiques au bénéfice des jeunes, dès lors que ceux-ci ne sont pas perçus comme une force significative dans l’équilibre des pouvoirs », selon Aylett. « Ce que Corbyn fait c’est offrir de l’espoir, en affirmant sans détours que les jeunes comptent et en proposant des politiques qui leur seront directement bénéfiques », dit-il.

Selon les activistes, les politiques d’austérité du gouvernement britannique – qui incluent la suppression de l’allocation d’études et des réductions budgétaires dans les services de santé mentale – ont eu une incidence disproportionnée sur les jeunes.

Et alors que les chiffres les plus récents publiés en août font état d’une hausse du chômage des jeunes à 16%, beaucoup de jeunes ont le sentiment que pour la première fois de leur vie un homme politique de premier plan se préoccupe de leur sort.

 
La récupération de Corbyn fait écho

Le mois dernier, Corbyn a lancé son manifeste A Better Future for Young People (Un meilleur avenir pour les jeunes), lors d’un des meetings archicombles de sa tournée à travers le pays. Rédigé à l’issue d’une consultation avec les jeunes partisans, le document met en exergue une série de mesures-clés, dont la suppression des minervaux universitaires, le rétablissement des bourses d’études et le rabaissement de l’âge minimum pour le droit de vote à 16 ans.

« Avant que Corbyn n’annonce sa candidature, les candidats ne m’inspiraient rien qui vaille », dit Umaar Kazmi, un étudiant de 18 ans qui fait partie des 15.000 bénévoles qui ont souscrit à la campagne de Corbyn. « Franchement, je ne ressentais aucune affinité avec aux ; leurs politiques et leurs priorités n’étaient pas les bonnes.

« Le fait que Jeremy veuille supprimer les minervaux universitaires, évitant aux diplômés d’être accablés de dettes colossales ou d’une « taxe sur les diplômés » est courageux dans une ère où l’endettement devient la norme. Sa décision de s’embarquer dans cette lutte en notre nom mérite notre soutien. »

Pour Jess Green, écrivain et acteur indépendant de 26 ans, Corbyn parle avec les jeunes plutôt qu’aux jeunes. « Il apparaît comme quelqu’un d’honnête et de normal, tout simplement comme « un des nôtres ». Je crois que les gens ont confiance en lui. Il ne donne pas l’impression de tout le temps vouloir esquiver les questions délicates ou de se dérober.

« Pour moi, les politiques les plus importantes sont la réduction de l’âge minimum de vote à 16 ans car je trouve condescendant de ne pas accorder le droit de vote aux personnes de 16 ans et je pense que c’est une des principales raisons pour lesquelles les jeunes se sentent dissociés de la vie politique. »

 
Un séisme au sein de la jeunesse européenne

L’ascension rapide de Corbyn dans les sondages et sa popularité auprès des jeunes fait écho à des mouvements similaires à travers l’Europe, comme Syriza en Grèce et Podemos en Espagne.

En août, le leader de Podemos Pablo Iglesias a exprimé son soutien pour Corbyn et déclaré que le succès de sa campagne « montre à quel point les choses sont en train de bouger en Europe ».

Corbyn a également rallié le soutien des deux principales centrales syndicales britanniques UNISON et UNITE. Anthony Curley, Coordinateur national de la jeunesse de UNITE a déclaré à Equal Times que Corbyn représentait l’espoir pour les jeunes :
« La campagne de Jeremy Corbyn a politiquement inspiré des dizaines de milliers de jeunes qui sont désespérément en quête d’une alternative à l’austérité et veulent jouer un rôle actif dans la lutte pour la justice sociale », selon Curley.

« Une campagne aussi positive et passionnée est sans précédent dans la vie de ma génération. Dans le contexte des attaques incessantes du gouvernement qui ont assombri les perspectives d’avenir pour les jeunes, la campagne de Jeremy lutte contre ce discours implacable qui a été l’objet de contestation pour ma génération. »

Cet article a été traduit de l’anglais.