Un tiers des Autrichiens ont un contrat d’emploi atypique

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Avec un taux de chômage de 5,7 % en 2015– l’un des plus faibles en Union européenne –, le marché du travail autrichien donne l’impression d’être sûr pour les travailleurs, mais un examen plus minutieux des données permet de se rendre compte qu’un tiers de la population du pays dispose d’un emploi à temps partiel, temporaire ou indépendant.

Selon le bureau autrichien des statistiques, 33,5 % des travailleurs du pays disposent d’un contrat d’emploi atypique.

Par rapport aux autres pays de l’Union européenne, c’est un chiffre élevé. En réalité, d’après l’agence de statistiques de l’UE, Eurostat, l’Autriche affiche le deuxième taux le plus élevé de personnes disposant d’un emploi à temps partiel, après les Pays-Bas.

Une travailleuse autrichienne d’une trentaine d’années, qui a souhaité garder l’anonymat, a déclaré à l’équipe d’Equal Times qu’elle dispose d’un contrat d’emploi temporaire à 70 % pour une chaîne télévisée à Vienne, mais qu’elle souhaite négocier un poste plus permanent.

« Le mieux que je puisse obtenir est un contrat d’indépendante avec des heures garanties tous les mois », confie-t-elle, expliquant qu’il y a un nombre limité de contrats à plein temps en tant qu’employé (angestellte) – la forme d’emploi la plus sûre – et que les salariés doivent attendre qu’un poste se libère. 

Le fait d’être angestellt implique qu’il est bien plus facile de faire certaines choses, comme accéder à la propriété, car les banques ont tendance à n’accorder des prêts qu’à des personnes disposant de ce type de contrat. La personne à qui nous avons parlé nous a aussi expliqué que les contrats d’emploi atypiques engendraient de l’insécurité pour les travailleurs. 

« Si votre compagnon dispose d’un emploi sûr, ça va. Mais, mon compagnon travaille aussi à temps partiel et nous ne pouvons rien prévoir pour l’avenir. Nous voulons déménager et peut-être acheter un appartement, mais je ne peux prendre aucune décision tant que je ne suis pas fixée sur mon contrat », poursuit-elle.

« Il s’agit de stabilité et de sécurité, de savoir combien vous allez gagner à la fin du mois. C’est compliqué quand vos revenus fluctuent ».

 

Les femmes sont les plus touchées

Même si dans ce cas, notre témoin et son compagnon disposent tous les deux d’un emploi à temps partiel, les contrats de travail atypiques concernent principalement les femmes. En Autriche, alors que 84 % des travailleurs salariés disposent d’un contrat standard, ce n’est le cas que pour 47,9 % des travailleuses, ce qui signifie que les femmes travaillent plutôt en ayant des contrats à temps partiel ou temporaires que des contrats à temps plein ou permanents.

Alexa Jirez, de la confédération syndicale autrichienne Österreichischer Gewerkschaftsbund (ÖGB) explique que l’on peut interpréter positivement ces statistiques, « notamment parce que beaucoup de femmes travaillent ». Elle ajoute toutefois que l’Autriche est toujours un pays très traditionnel en termes de rôles des hommes et des femmes, de congé de maternité et de garde des enfants.

Toujours selon, Alexa Jirez, à cause de leur statut d’emploi, de nombreuses femmes pourraient souffrir d’un manque dans leur cagnotte de retraite lorsqu’elles seront plus âgées, les rendant plus vulnérables à la pauvreté.

L’Autriche est aussi le pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) où les femmes sont confrontées à l’écart salarial le plus important avec les hommes. Selon l’index de 2016 des femmes au travail (Women in Work Index) de PricewaterhouseCoopers, une Autrichienne gagne, en moyenne, 23 % moins qu’un Autrichien.

Pour aider les femmes travaillant à temps plein, ÖGB encourage le gouvernement à améliorer les services de garde d’enfants et réclame aussi un changement des heures d’école pour qu’elles s’adaptent mieux aux familles de travailleurs. « Ici, en Autriche, l’école commence tôt – ce qui pose aussi un problème – et finit donc tôt », explique-t-elle. « Nous souhaitons que les heures de fermeture changent pour mieux convenir aux parents. »

Elfriede Harrer, de WAFF, une organisation financée par le conseil municipal de Vienne qui aide les travailleurs au niveau de leur développement professionnel, a confié aux journalistes d’Equal Times que « les raisons pour lesquelles les personnes travaillent à temps partiel sont multiples. Souvent, pour les femmes, il s’agit de concilier la vie de famille et la vie professionnelle, alors que pour les hommes, c’est davantage parce qu’ils font des études supplémentaires. »

« Évidemment, certains souhaiteraient avoir un emploi à temps plein. Nous soutenons les femmes en général pour les aider à se recycler et à suivre d’autres études pour les aider au niveau professionnel. »