Botswana : lancement d’un fonds vert local

News

Tandis que les dirigeants de la planète et les militants pour le climat se réunissent à Marrakech, au Maroc, pour la 22e Conférence des parties (COP) à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), le Botswana, en Afrique australe, s’apprête à mettre en œuvre ses propres plans en faveur d’un environnement durable.

La récente initiative du Botswana, le fonds pour l’environnement National Environmental Fund (NEF), vise à renforcer les projets locaux liés à la protection de l’environnement, à l’atténuation du changement climatique et à l’adaptation au changement, à la gestion des déchets et au contrôle de la pollution.

Un premier appel a été lancé en janvier pour soumettre des projets dans le cadre du NEF ; dix projets ont été retenus (sur 191) pour lesquels un financement de 12,4 millions BWP (environ 1 million USD) a récemment été débloqué.

La sécheresse, la dégradation des sols, la désertification et le changement climatique sont les problèmes d’environnement les plus graves que rencontre cette petite nation d’à peine plus de deux millions d’habitants, et le Botswana a également été félicité pour ses politiques strictes en matière de protection de la nature, notamment la protection du delta de l’Okavango et la politique rigoureuse de lutte contre le braconnage.

Bien que des fonds comparables existent dans les pays voisins, le Zimbabwe et la Namibie, un porte-parole du gouvernement – Elias Magosi, secrétaire permanent au ministère de l’Environnement, des Ressources naturelles, de la Conservation et du Tourisme – déclare que cette initiative témoigne de l’engagement du Botswana pour redresser la barre en ce qui concerne la protection et la conservation de l’environnement dans le pays.

« Ce fonds soutient des projets qui aideront le Botswana à respecter le programme national sur l’environnement et à répondre à ses obligations internationales, tout en atteignant son objectif d’améliorer les moyens de subsistance des populations locales, en particulier des personnes tributaires des ressources naturelles ou de l’environnement en général », explique Magosi à Equal Times.

Le fonds, géré et administré par le conseil du NEF et le ministère des Affaires environnementales, vise également à soutenir des projets extérieurs à la principale ressource économique du pays, les diamants, en proposant une formation en plus du financement.

 

« Pour les générations futures »

Le groupe local d’artistes Zoba Style Community Trust, basé à Gumare, au nord-ouest du Botswana, est l’un des dix bénéficiaires du NEF. Il a reçu 247.490 BWP (autour de 23.630 USD) pour organiser un spectacle itinérant dans la région du delta de l’Okavango avec pour mission d’aider les populations locales à conserver cette zone, considérée comme l’un des habitats de la faune sauvage parmi les plus importants d’Afrique.

Le porte-parole de Zoba Style Community Trust, Lucky David, a déclaré sur le site Internet du Daily News du Botswana : « Nous voulons que la communauté préserve la beauté naturelle du delta de l’Okavango, qui contribue de manière significative à l’économie locale et nationale grâce au tourisme ».

En soutien aux efforts du gouvernement, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a également appelé la société civile à adhérer au Small Grants Programme (Programme de petites subventions) du Global Environment Facility (Fonds pour l’environnement mondial – GEF) pour aider les communautés à accéder aux opportunités qui s’offrent à elles en ce qui concerne les initiatives agroécologiques intelligentes et innovantes, l’énergie à faible intensité de carbone et les coalitions d’exploitation des produits chimiques – du niveau local vers le niveau mondial – dans le respect de la gestion nationale de l’environnement et des objectifs du GEF.

Cependant, tout en saluant l’attitude du pays face à la protection de la nature, Alice Mogwe, la directrice du Centre du Botswana pour les droits humains – ou « Ditshwanelo » – appelle le gouvernement à lutter contre la pauvreté des populations locales et à veiller à ce qu’elles ne soient pas exclues des projets de développement.

En effet, « la pauvreté et l’exclusion entraînent souvent la surexploitation de notre fragile écosystème ».

Mogwe précise que la désertification et la dégradation des sols qui sévissent au Botswana sont essentiellement dues aux périodes de sécheresse extrême qui affectent le pays – un phénomène qui ne cessera d’empirer.

« Le changement climatique va probablement accentuer les problèmes déjà existants d’accès à l’eau, en particulier à l’eau potable, pour toutes les populations urbaines et rurales ».

À cette fin, le gouvernement a mis sur pied un Plan de gestion intégrée des ressources en eau et de l’efficacité de l’eau destiné à « améliorer les moyens de subsistance et le bien-être des citoyens et à favoriser de manière durable la croissance et la diversification économiques, la justice sociale et l’éradication de la pauvreté grâce au développement et à la gestion de ressources en eau efficaces, équitables et durables ».

Mais dans la pratique, le Botswana traverse actuellement une grave crise de l’eau qui pourrait rendre le pays « inhospitalier pour les populations humaines » dans un avenir lointain, affirme Mogwe.