Les syndicats ont un rôle important à jouer pour combattre l’hésitation vaccinale

Alors que la covid-19 fait rage en Inde, dévaste la Turquie et continue de tuer des milliers de personnes au Brésil, il est aujourd’hui plus évident que jamais que nul d’entre nous ne sera en sécurité tant que tout le monde ne le sera pas.
Et alors que les économies continuent de souffrir en Europe et en Afrique, les femmes, les jeunes et les travailleurs du secteur informel étant les plus touchés, il est clair que la reprise ne fera qu’accroître les inégalités si nous ne développons pas un nouveau contrat social.

Une des composantes essentielles de cette reprise doit être l’accès égalitaire à la vaccination pour tous. Cela implique une accélération massive de la fabrication des vaccins, la suspension des droits de propriété intellectuelle au travers des dérogations aux ADPIC pour la covid-19 et un financement suffisant des systèmes de santé publique pour le déploiement des campagnes de vaccination. À cet égard, les syndicats mènent des campagnes, aux côtés des autorités politiques, des entreprises et de la société civile.

Mais nous avons aussi un rôle essentiel à jouer dans la lutte contre ce que d’aucuns appellent l’hésitation vaccinale, notamment au sein des communautés les plus susceptibles de douter de l’opportunité de se faire vacciner.

Il existe de bonnes et de mauvaises raisons d’hésiter à se faire vacciner. Les syndicats ne doivent en aucun cas soutenir les théories conspirationnistes anti-vaccin, souvent propagées pour des motifs politiques et économiques malveillants, tels que le nationalisme d’extrême droite, le populisme et les combines lucratives de fournisseurs de médicaments peu recommandables.

En revanche, nous devons nous adresser avec bienveillance aux personnes préoccupées par cette propagande ou simplement inquiètes de la sécurité des vaccins récemment développés ou des effets secondaires potentiels (bien moins souvent aussi graves que les effets du virus lui-même, bien entendu, mais plutôt embarrassants pour celui qui les développe sans avoir contracté le virus). Certaines personnes s’inquiètent également de l’incidence de la vaccination sur les moyens de subsistance ou doutent, dans de nombreux cas, que les gouvernements et les employeurs puissent être dignes de confiance lorsqu’il s’agit de la vaccination, alors qu’ils s’intéressent tellement peu à leurs intérêts.

Une récente étude menée par la London School of Hygiene & Tropical Medicine (LSHTM) a mis en lumière que les employés du secteur de la santé et des services sociaux ressentant le plus la pression de leurs employeurs pour se faire vacciner contre la covid-19 étaient les plus susceptibles de ne pas le faire.

Raison pour laquelle les dirigeants syndicaux, que ce soit au niveau national ou sur le lieu de travail, ont un rôle crucial à jouer.

Nous devons démontrer notre engagement et exhorter nos membres à accepter de se faire vacciner lorsqu’ils sont invités à le faire. La confédération COSATU et ses syndicats en Afrique du Sud se chargent de promouvoir régulièrement ce message d’intérêt public : vaccinez-vous, pas seulement pour vous-mêmes, mais pour votre famille et vos amis, vos collègues et vos camarades syndicalistes qui travaillent en première ligne dans des secteurs tels que les soins de santé, le commerce de détail et les transports publics.

Nous devons mobiliser nos millions de représentants sur les lieux de travail pour faire en sorte que les travailleurs inquiets reçoivent ce message de la part de gens comme eux, comme l’a fait Unite the Union en Grande-Bretagne et en Irlande, qui a fait passer le message par l’intermédiaire de ce que le syndicat appelle son « armée permanente » de 30.000 représentants sur les lieux de travail.

Par ailleurs, contrairement aux employeurs et aux gouvernements qui obligent les travailleurs à se faire vacciner (rappelons que, comme le montre l’étude de la LSHTM, rien n’encourage plus l’hésitation que la contrainte exercée par ceux auxquels les travailleurs ont appris à ne pas accorder leur confiance en ce qui concerne leur santé, leur bien-être ou leurs moyens de subsistance), les syndicats doivent faire en sorte que les travailleurs soient encouragés à se faire vacciner quand cela leur est proposé, et non lorsqu’ils y sont forcés. Cela inclut, comme en Belgique, le droit à un congé rémunéré pour se faire vacciner ou l’organisation de la vaccination sur les lieux de travail de grande taille.

Les syndicats représentant les secteurs de l’éducation et de la santé exigent des vaccinations plus nombreuses et plus rapides pour les travailleurs de première ligne, ainsi qu’un accès régulier aux tests rapides antigéniques, afin de rouvrir les économies et permettre aux parents, aux aidants et aux travailleurs de reprendre le travail.