L’organe qui chapeaute les syndicats du Nigéria, le Nigeria Labour Congress (Confédération des syndicats nigérians – NLC) a exigé la démission du gouverneur de la Central Bank of Nigeria (Banque centrale du Nigéria – CBN) suite à l’appel qu’il aurait lancé pour licencier la moitié des fonctionnaires du pays.

Le gouverneur de la CBN, Sanusi Lamido Sanusi, qui a été désigné l’année dernière Personnalité africaine de l’année par le magazine Forbes et a figuré sur la liste des 100 plus grandes personnalités du Time Magazine, s’exprimait à la réunion annuelle du marché des capitaux dans la riche ville pétrolière de Warri, au sud du Nigéria, lorsqu’il aurait prononcé ces propos controversés.

Il aurait dit que le Nigéria ne pouvait pas développer son économie si 70% de ses recettes servaient à payer les salaires et gratifications des fonctionnaires.

Ses représentants ont expliqué ultérieurement que cette déclaration était sortie de son contexte.

Malgré cela, les syndicats et les militant(e)s syndicaux étaient scandalisés.

Le président du NLC, Abdulwahed Omar, qualifie Sanusi «d’agent de la mort» dont les mesures détruisent l’économie nigériane.

«Depuis qu’il a accédé au poste de gouverneur de la Banque centrale du Nigéria, toutes les déclarations importantes de Sanusi ont été soit dirigées directement contre le peuple soit dévastatrices pour l’économie nigériane», déclare Abdulwahed Omar.

Le Nigéria, dont la population est estimée à 162 millions d’habitant(e)s, est le pays le plus peuplé d’Afrique et, bien que ce soit le premier producteur de pétrole du continent, plus de la moitié des Nigérians/anes vivent dans la pauvreté.

Abdulwahed Omar affirme que les problèmes économiques du Nigéria ne peuvent pas être imputés à des dépenses excessives pour rémunérer les fonctionnaires, mais plutôt à la corruption et à une mauvaise gouvernance.

«Même en licenciant tous les travailleurs et travailleuses du Nigeria, la moindre somme économisée sera détournée et les coupables resteront en liberté», ajoute-t-il.

Chômage

Le NLC est le plus grand syndicat d’Afrique et compte environ quatre millions de membres et 29 syndicats affiliés.

Le Nigéria compterait 2.602.000 employé(e)s du secteur public, appartenant majoritairement à des syndicats affiliés au NLC.

Cependant, le pays souffre d’un considérable problème de chômage: d’après le bureau national de statistiques, 23,9% des Nigérians sont sans emploi et le taux de chômage chez les jeunes atteint 35,9%.

 Toute vague massive de licenciements aggraverait la situation du marché du travail du pays, déjà saturé.

«Il semble évident que Sanusi n’a jamais été apte à être gouverneur de la CBN, pour commencer, et il faut lui demander de quitter le poste.

Il a suffisamment fait preuve d’incompétence et de mépris à l’égard du peuple du Nigéria», annonce le NLC.

Bien que la CBN ait contesté la véracité des propos rapportés du gouverneur, il a récemment été critiqué à la Chambre des représentants du Nigéria pour avoir proposé de réduire le nombre de législateurs/trices fédéraux afin d’aider l’économie fragile du pays.

Par ailleurs, plus tôt dans l’année, les autorités de l’État de Lagos, la capitale commerciale du pays, ont licencié 788 médecins pour avoir pris part à une grève de trois jours.

Cependant, le gouvernement fédéral a essayé d’apaiser les craintes de licenciements massifs de fonctionnaires en garantissant qu’aucun travailleur/euse ne perdrait son emploi et que le gouvernement travaillait pour résoudre le problème du chômage au Nigéria.

Au cours du huitième Sommet national sur les relations de travail, le ministre du Travail Chief Emeka Wog, a annoncé que l’administration du président Goodluck Ebele Jonathan accordait une attention particulière aux problèmes auxquels étaient confrontés les jeunes du Nigéria.