Les médecins du Mozambique défient le gouvernement avec une grève de cinq jours

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Les médecins mozambicains ont lancé un mouvement de grève de cinq jours, lundi, pour demander une revalorisation salariale et de meilleures conditions de travail.

À la suite de la rupture des pourparlers avec le gouvernement, l’ensemble des soins médicaux s’est vu affecté par la grève, à l’exception des services d’urgence.

Dans un entretien à l’agence de presse AFP, le président de l’Association des médecins mozambicains (AMM), Jorge Arroz, a indiqué : « Nous sommes en grève pour cinq jours renouvelables, jusqu’à ce que le gouvernement réponde à nos revendications. »

« La grève est le dernier recours pour que les médecins se fassent entendre, même si nous nous assurons que les services d’urgence fonctionnent. »

Cependant, le ministère de la Santé a déclaré la grève illégale car l’AMM est une organisation professionnelle et non pas un syndicat.

Or, au Mozambique seuls les syndicats ont le droit de lancer un mot d’ordre de grève.

En outre, le droit mozambicain n’autorise pas les actions de grève pour les travailleurs du secteur public.

Par conséquent, le ministère de la Santé a annoncé une retenue sur le salaire des médecins grévistes.

La presse locale indique que les médecins demandaient un salaire minimum de 90 000 meticals (3 000 USD) alors que le gouvernement propose un salaire mensuel maximum de 38 000 meticals (1 200 USD).

Les médecins souhaiteraient également obtenir une égalité d’accès aux logements subventionnés par le gouvernement, accordés en préférence, disent-ils, aux travailleurs médicaux étrangers.

 

Médecins militaires

La grève avait été annoncée au départ au mois de décembre, mais elle avait été repoussée pendant la tenue de négociations entre les médecins et le gouvernement.

L’on rapporte que dans les centres médicaux de plus petite taille, ce sont les techniciens de la santé et les infirmiers qui dispensent les soins et les services de base.

En dépit du déploiement de médecins militaires, des patients auraient été obligés de faire la queue pendant des heures à l’hôpital central de Maputo, le premier hôpital du pays, dit un journaliste de l’AFP.

 « Depuis que je suis arrivé ce matin, à sept heures, je vois bien que les consultations sont très lentes… mais je suis malade, je n’avais pas le choix », a dit aux journalistes Tanday Nhica, 46 ans.

Le directeur de l’hôpital central de Maputo, Domingos Diogo, a dit à l’AFP qu’il soutient les revendications des médecins, mais n’approuve pas la grève.

« Personne n’a dit qu’ils avaient tort de demander de meilleure conditions de travail ».

Mais, affirme-t-il, l’action de grève n’était pas justifiée pour autant.

L’économie du Mozambique connaît l’une des croissances les plus rapides du monde.

Dans sa dernière évaluation de l’économie du pays, le Fonds monétaire international (FMI) a augmenté ses prévisions de croissance économique, à 7,5 % pour 2012 et 8,4 % pour 2013.

Cependant, la pauvreté reste élevée, en particulier dans les zones rurales, où vit 70 % de la population.

En 2009, le revenu national brut par habitant était de 381,8 USD par habitant seulement, pourtant en hausse par rapport à 2005 où il était de 286,6 USD.

Le Mozambique compte au total 1 200 médecins à l’échelon national, dans le secteur privé et public, c’est-à-dire un médecin pour 22 000 habitants.

En comparaison, le ratio le plus bas médecin-nombre de patients est celui de l’Italie, avec un médecin pour 165 habitants.