L’Inde au deuxième jour de la grève nationale

Des dizaines de millions de travailleuses et travailleurs indiens ont poursuivi ce jeudi leur grève nationale de 48 heures contre les politiques « antisociales » du gouvernement.

Les banques et les transports étaient au nombre des secteurs affectés par le mouvement de grève lancé à l’appel de 11 centrales syndicales nationales en protestation contre une série de réformes économiques amorcées par le gouvernement l’an dernier.

Dans son programme d’action en dix points, le Centre of Indian Trade Unions a appelé à l’application stricte de la législation du travail et à l’adoption de mesures concrètes pour la création de nouveaux emplois, de même qu’à la recherche d’une solution à l’inflation galopante, à la montée des prix des carburants et à la crise des pensions de retraite.

La centrale syndicale a aussi appelé à l’enregistrement obligatoire des syndicats dans un délai de 45 jours, au relèvement du salaire minimum mensuel à 10 000 roupies (185 dollars), toutes catégories confondues, et à l’établissement de prestations de sécurité sociale pour tous les travailleurs.

Les syndicats sont opposés aux projets de réforme très controversés du gouvernement, qui prévoit notamment une ouverture accrue aux investissements étrangers dans les secteurs de la vente au détail, des assurances et de l’aviation et l’augmentation du prix du diesel subventionné utilisé par les agriculteurs.

Ces mesures visent apparemment à desserrer l’étreinte de l’État sur l’économie de l’Inde – dixième économie mondiale selon les dernières données du FMI – et à réduire le déficit fiscal de l’Inde, ainsi que ses dépenses galopantes liées aux subventions.

Les Indiens ordinaires voient, cependant, les choses d’un autre œil.

D’après les syndicats, la décision récente du gouvernement de libéraliser le secteur des supermarchés nuira à des millions de petits commerçants qui se verront dans l’incapacité de concurrencer les chaînes de supermarchés multinationales.

D’autre part, les employés de banques sont, eux aussi, opposés à la décision du gouvernement d’ouvrir le secteur aux grandes corporations et d’autoriser la privatisation des banques publiques.

Des politiques nuisibles aux travailleurs

Le Premier ministre indien Manmohan Singh a appelé les syndicats à annuler la grève mais les pourparlers avec les syndicats ont échoué ce lundi.

« Les travailleuses et travailleurs sont complètement ignorés et c’est ce qui est reflété dans les politiques antisociales du gouvernement », a affirmé Tapan Sen, secrétaire général du Centre of Indian Trade Unions.

« La dernière fois que nous avons lancé un appel à la grève [en février 2012], près de 100 millions de travailleurs s’y sont ralliés. Cette fois, nous anticipons une participation plus nombreuse », a déclaré M. Sen à l’AFP.

Selon les estimations de l’Associated Chambers of Commerce and Industry, les pertes résultant du mouvement de grève pourraient s’élever à quelque 200 milliards de roupies (3,7 milliards de dollars), sur la base d’une réduction du PIB national de 30 à 40 pour cent.

Les grèves ont été marquées par des flambées de violence sporadiques.

Dans un incident survenu dans la ville d’Ambala, dans l’État du Pendjab, au nord du pays, le dirigeant syndical Narender Singh a perdu la vie après avoir été renversé par un autobus conduit par un briseur de grève.

Des rapports initiaux selon lesquels M. Singh aurait été poignardé à mort ont subséquemment été démentis dans un communiqué rendu public par un responsable du syndicat local où il est confirmé que la victime a été renversée par un véhicule. L’incident a été suivi de heurts entre des manifestants en colère et la police. Plus d’une douzaine de militants ont été blessés, dont cinq grièvement.