La «tendance alarmante» de la traite des êtres humains dans l’UE

 

Malgré l’introduction de nouvelles réglementations strictes, le nombre de personnes victimes de la traite des êtres humains va croissant aux quatre coins de l’Union, d’après un nouveau rapport de la Commission européenne.

Par conséquent, la Commission a appelé les États membres à mettre en application les nouvelles règles de la directive concernant la prévention de la traite des êtres humains pour abolir cette forme d’ « esclavage des temps modernes », sous peine de sanctions.

 

Selon le rapport, plus de 23 000 victimes identifiées ou présumées de la traite des êtres humains ont été enregistrées entre 2008 et 2010, ce qui représente une augmentation de 18 pour cent.

Or durant cette même période, le nombre de condamnations pour traite des êtres humains a, lui, reculé de 13 pour cent.

Adoptée en 2011, la Directive 2011/36/UE concernant la prévention de la traite des êtres humains et la lutte contre ce phénomène ainsi que la protection des victimes propose un durcissement des peines pour les auteurs d’infractions, une protection accrue pour les victimes, ainsi que des moyens facilitant les poursuites transfrontalières.

Cette directive propose en outre une définition commune de la traite des êtres humains – qui brasse à hauteur de 2,5 milliards d’euros rien qu’en Europe – pour assurer une harmonisation accrue des sentences liées à ces crimes à travers les territoires de l’UE.

Jusqu’à présent, toutefois, seuls six États membres de l’Union sur vingt-sept - République tchèque, Finlande, Lettonie, Hongrie, Pologne et Suède - ont pleinement transposé la directive communautaire dans leur droit national, alors que le délai de transposition a expiré le 6 avril.

Trois autres pays – Belgique, Lituanie et Slovénie – ont signalé avoir transposé partiellement la directive.

« Telle est la triste réalité » a déclaré à l’AFP la commissaire chargée des affaires intérieures, Cecilia Malmström.

« Des hommes, des femmes et des enfants sont bel et bien vendus pour servir dans le commerce du sexe ou des travaux pénibles… mariés de force, réduits à la servitude domestique, à la mendicité ou vendus pour leurs organes. »

« Je déplore que, malgré ces tendances alarmantes, seuls quelques pays de l’Union aient transposé la législation en matière de lutte contre la traite des êtres humains et je demande instamment à ceux qui ne l’ont pas encore fait de respecter leurs obligations. »

Madame Malmström a ajouté qu’elle « n’hésiterait pas utiliser tous les moyens à sa disposition pour s’assurer que tel soit le cas ».

La majorité des victimes identifiées dans le rapport étaient des ressortissants de la Roumanie et de la Bulgarie, deux des pays membres les plus pauvres de l’UE.

En dehors de l’Europe, le plus grand nombre de victimes sont de nationalité nigériane et chinoise. Quatre-vingt pour cent des victimes étaient des femmes et des filles.

D’après les statistiques de 2012 de l’Organisation internationale du travail, près de 21 millions de personnes à travers le monde sont victimes du travail forcé et environ 1,5 million d’entre elles se trouveraient dans les économies développées et l’UE.

Il existe un lien entre le travail forcé et la traite des êtres humains dès lors que le mouvement de personnes aux fins de travaux et services forcés implique généralement un agent ou recruteur, un transporteur et enfin un employeur qui tire profit de l’exploitation des personnes faisant l’objet du trafic.

D’après le rapport de la Commission, la majorité des victimes de la traite des êtres humains sont contraintes par la force à l’esclavage sexuel mais aussi aux travaux forcés, au crime organisé, au commerce d’organes et à la vente d’enfants.

Diverses initiatives ont été mises sur pied pour lutter contre la traite des êtres humains, dont l’Alliance syndicale mondiale contre le travail forcé et la traite des êtres humains, sous l’égide de la Confédération syndicale internationale (CSI).

Dans le cadre de son action à l’appui de la lutte contre la traite des êtres humains, la CSI a récemment lancé un Projet financé par l’UE visant au développement de partenariats et à l’identification de nouvelles tendances dans le domaine de l’exploitation des travailleurs.