Les syndicats britanniques censurent les réformes controversées du secrétaire d’État à l’Éducation

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Dirigeants syndicaux, chefs d’établissement et parents ont censuré le programme de réforme du secrétaire d’État britannique à l’Éducation, Michael Gove, samedi lors de rassemblements à Liverpool et Manchester convoqués par le National Union of Teachers (NUT).

 

Parmi les orateurs qui ont pris la parole au cours de ces manifestations organisées en prévision des grèves des enseignants de cet été, il y avait notamment celle de Chris Keates, secrétaire générale de la National Association of Schoolmasters Union of Women Teachers (NASUWT).

Prenant la parole à Manchester, madame Keates a accusé Gove de répandre de « fausses informations » au sujet des professionnels du secteur de l’éducation aux fins de promouvoir son programme politique.

« Aujourd’hui, nous avons la possibilité de dire à Michael Gove que nous en avons assez des mythes, de la désinformation, des distorsions et des mensonges purs et simples colportés jour après jour par lui-même et par les ministres de la coalition concernant notre système éducatif.

Le ministre du Parti conservateur a été fustigé au cours des récents mois pour son projet de réforme « valeurs traditionnelles » lié au programme d’éducation national, où une place importante est accordée à l’apprentissage par répétition et la mémorisation de faits dès l’âge de cinq ans.

Un autre aspect controversé concerne l’introduction des académies – établissements scolaires à financement public indépendamment gérés et autorisés à embaucher du personnel enseignant dépourvu de qualifications officielles, une démarche considérée par certains comme une attaque contre le corps enseignant.

« Comment réagiraient les gens si on leur disait que les médecins n’avaient plus besoin de qualifications? », se demande Keates, déclenchant une ovation nourrie de l’ensemble de l’assistance.

Les participants ont également entendu le témoignage d’Angela Rayner, mère de trois enfants et militante travailliste, qui craint que la priorité accordée par Gove à une évaluation scolaire rigoureuse risquait d’avoir pour conséquence que des enfants vulnérables comme son fils partiellement aveugle de cinq ans, Charlie, ne soient laissés à la traîne.

« Tout au long de sa vie, Charlie a bénéficié d’une aide spécialisée mais j’ai peur, à présent, que tout cela ne s’envole.

« Il ne fera peut-être pas partie des enfants qui vous mèneront au sommet de la ligue mais il est une véritable source d’inspiration pour nous tous parce que malgré tous les obstacles, il continue de lutter jour après jour. »

 

Une érosion des normes

Les tensions entre Gove et ses critiques s’envenimaient depuis plusieurs mois.

En mars, 100 chercheurs et conseillers en éducation ont signé une lettre ouverte parue dans le quotidien Indepedent avertissant que la nouvelle réforme de l’éducation « pourrait sérieusement éroder les normes éducatives. »

Ce sentiment a été repris ce mois par le principal syndicat des enseignants de Grande-Bretagne, NUT, qui pour la première fois depuis sa création, il y a 143 ans, a prononcé un vote de censure à l’égard du secrétaire de l’Éducation.

Gove a, cependant, refusé de faire marche arrière, attisant la colère de ses détracteurs en les taxant d’ « ennemis de la promesse » et de « marxistes ».

En réponse, le NUT et le NASAWT – avec leur effectif combiné de plus de 400000 membres – ont annoncé des grèves rotatives commençant dans le nord-ouest du pays en juin.

Keates a, toutefois, invité Gove à se réunir avec les syndicats pour tenter de résoudre le différend et éviter de nouvelles grèves.

« Nous ne souhaitons aucunement une escalade menant à un mouvement de grève.

Aucun enseignant ne tient à se retrouver dans cette situation », a-t-elle dit aux manifestants.

Un porte-parole du département de l’Éducation a déclaré que les orateurs qui ont participé aux rassemblements ne représentaient pas la majorité des parents qui soutient les réformes.

« Nous avons depuis bien trop longtemps été devancés par d’autres pays. Nos réformes accordent une plus grande liberté aux enseignants, un plus grand choix aux parents en permettant à chaque enfant d’aller à une école locale et place notre système éducatif parmi les meilleurs du monde.

« Nous nous sommes fréquemment réunis avec le NUT et le NASUWT pour discuter de leurs préoccupations et continuerons à le faire. »