L’Afrique dans le peloton de tête des OMD

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À moins de 1000 jours de l’échéance des Objectifs du millénaire pour le développement de l’ONU (OMD), un nouveau rapport révèle que les pays africains qui sont en meilleure voie d’atteindre l’objectif de l’éradication de l’extrême pauvreté sont généralement ceux qui ont investi la plus grande part de leur budget national dans l’agriculture, la santé et l’éducation.

Le Rapport DATA 2013 : Financer la lutte pour la transformation de l’Afrique a été publié ce mercredi par ONE, organisation de campagne et de plaidoyer cofondée par Bono, chanteur du groupe de rock irlandais U2.

Il évalue les derniers progrès réalisés par les gouvernements des pays d’Afrique subsaharienne dans ces trois domaines essentiels de la lutte contre la pauvreté.

Selon le rapport, « les trois dernières années ont vu une accélération des progrès en matière d’OMD dans trente pays d’Afrique subsaharienne, dont seize sont en bonne voie pour réduire de moitié l’extrême pauvreté à l’horizon 2015.

« Globalement, depuis 2010, quarante-neuf pays pauvres d’Afrique ont amélioré leur score global, dix-sept ont fait moins bien et dix sont restés au même niveau. »

Le rapport identifie, par ailleurs, un groupe de pays qui ont enregistré des progrès significatifs dans ce domaine, qu’il nomme « le peloton de tête ».

Sur les 45 pays du « peloton de tête », 10 se trouvent en Afrique subsaharienne ; ils incluent le Bénin, l’Éthiopie, le Ghana et le Malawi.

La recherche montre que les pays du « peloton de tête » des OMD investissent en moyenne 39 pour cent de leur budget national dans l’éducation, la santé et l’agriculture, tandis que les pays « à la traine » comme le Nigeria et la République démocratique du Congo n’investissent, en moyenne, que 29 pour cent.

Les résultats de l’étude ont été publiés quelques jours seulement après l’annonce par le Brésil de l’annulation prochaine de 700 millions d’euros de dette africaine qui contribuera à renforcer les liens avec les économies émergentes du continent africain.

La présidente du Brésil, Dilma Rousseff, a annoncé la décision lors d’une visite dans la capitale Éthiopienne, Addis-Abeba, à l’occasion du Cinquantième Anniversaire de l’Union Africaine.

 

L’exemple éthiopien

Le rapport cite l’Éthiopie comme un exemple des améliorations possibles quand des gouvernements décident de consacrer une part conséquente de leur budget à l’aide au développement dans ces trois secteurs.

Entre 2000 et 2011, le gouvernement éthiopien a alloué pratiquement 45 pour cent de son budget à ces domaines. Les résultats parlent d’eux-mêmes : l’extrême pauvreté a reculé de 61 pour cent en 1995 à 31 pour cent en 2011 et près de dix millions de personnes ont vu leur qualité de vie s’améliorer.

« Ce rapport montre que lorsque des pays en développement s’attèlent à améliorer la santé, l’agriculture et l’éducation, des choses extraordinaires peuvent s’ensuivre », a indiqué Eloise Todd, directrice du siège de l’ONG One à Bruxelles.

« Mais les donateurs ont un rôle crucial à jouer en cet instant déterminant pour le succès ou l’échec des OMD », a-t-elle ajouté.

Madame Todd a aussi relevé l’importance du rôle de l’Union européenne, principal bloc de donateurs à niveau mondial, à l’heure où celle-ci se prépare à décider de l’allocation de son budget d’aide pour les sept prochaines années.

« À condition de privilégier les pays pauvres et d’appuyer des programmes ciblés et responsables dans les domaines de la santé, de l’agriculture et de l’éducation, les résultats pourraient être véritablement transformationnels. »

À l’occasion d’une réunion du Conseil européen sur le thème du développement le 28 mai, à Bruxelles, les ministres de l’UE ont réitéré leurs promesses concernant l’Aide au développement officielle de l’UE (ADO).

L’engagement pris par l’UE en 2005 de consacrer 0,7 pour cent de son revenu national brut collectif (RNB) à l’aide au développement à l’horizon 2015 a apporté une importante contribution aux OMD.

Toujours est-il qu’en 2012, l’ADO collective de l’UE a reculé de 56,2 à 55,2 milliards d’euros, soit une baisse de 0,45 à 0,43 pour cent du RNB de l’UE.

Les ministres du Développement ont également jeté les bases d’une position commune de l’UE sur l’agenda de développement post-2015, qui se substituera aux OMD.

Les 30 et 31 mai, à New York, une commission composée de 27 membres – désignée par le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon et coprésidée par le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono, la présidente du Liberia, Ellen Johnson Sirleaf et le Premier ministre britannique David Cameron – présentera un rapport sur sa feuille de route des OMD.

L’agenda post-2015 fera, par la suite, l’objet d’une discussion à l’Assemblée générale de l’ONU, en septembre 2013.