Un monde durable à l’horizon 2030 ?

Un monde durable à l'horizon 2030 ?

Les objectifs de développement durable, au nombre de 17, ont été définis dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Parmi ceux-ci figurent l’éradication de la faim, le travail décent pour tous et « la paix, la justice et des institutions efficaces ». Pour les atteindre, 169 objectifs spécifiques ont été concertés, réclamant le financement, le savoir-faire et la bonne volonté des signataires.

(UN/Kibae Park)

Nous bouclons notre série retrospective thématique de l’été, commencée en juillet dernier par le thème du changement climatique — et que nous avons continué avec les chaînes d’approvisionnement, l’avenir du travail, le défi des migrations, l’organisation syndicale, les mouvements citoyens, la santé de nos démocraties, l’exploitation par le travail et les droits des femmes — pour conclure par une réflexion sur les Objectifs du développement durable (ODD).

Ces propositions, présentées chaque vendredi pendant 10 semaines par l’équipe éditoriale d’Equal Times — qui comprend Tamara Gausi (section anglaise), Mathilde Dorcadie (section française) et moi-même (section espagnole) — avaient pour but de fournir un cadre de référence pour de nombreux sujets que nous traitons dans notre magazine et, dans le même temps, nous a permis de puiser dans nos archives une cinquantaine d’articles essentiels - sans être exhaustifs-, produits par notre réseau de correspondants et de collaborateurs sur tous les continents.

Les Objectifs de développement durable, sujet qui clôt cette série de dossiers spéciaux, sont un pilier central de notre section Développement, même s’ils sont analysés et illustrés ailleurs également.

Les ODD, également appelés Objectifs mondiaux, définis dans le Programme 2030 et dont les 17 objectifs comprennent notamment « la faim zéro », « le travail décent et la croissance économique » ainsi que « la paix, la justice et les institutions efficaces », constituent une version améliorée et élargie des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Les Objectifs du développement durable, avec leurs 169 objectifs spécifiques, sont entrés en vigueur en 2016, sous l’égide des Nations Unies, et plus particulièrement du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), après leur adoption par l’Assemblée générale.

Mais quel est donc l’objectif...des Objectifs ? Tout simplement parvenir à un « monde durable d’ici 2030 ». Ambitieux. Et juste. Est-ce réaliste cependant ?

C’est précisément cette question que les experts Nerea Craviotto et Theo Morrissey se posaient dans un billet récent sur notre site. Dans leur article « Objectifs de développement durable – où en sommes-nous ? », même s’ils se montrent critiques à l’égard des progrès et de l’orientation de la mise en œuvre, ils concluent sur une note positive, notamment en référence à la question du travail décent :

« Il y a quelques années, on aurait difficilement prédit l’adoption des ODD – or c’est bien arrivé. Certains indices laissent augurer d’un alignement favorable des planètes d’ici l’an prochain : l’accent mis par le dernier Forum du développement durable sur l’“autonomisation, l’inclusion et l’égalité” (avec, au centre, l’Objectif 8 concernant le travail décent) et le Centenaire de l’OIT laissent entrevoir la possibilité d’un réel impact. Aussi, les syndicats doivent-ils saisir cette opportunité pour résister face à la contraction de leur espace d’engagement aux échelons national et international. »

Paola Simonetti, directrice du Réseau syndical de coopération au développement, dans son article d’opinion « Programme 2030 : quel rôle jouent les syndicats ? », soulignait déjà un problème fondamental, même s’il ne lui est pas propre, dans la réalisation de ces objectifs :

« Il s’agit sans conteste d’une avancée considérable par rapport aux OMD, mais le Programme 2030 manque encore de puissance quant à sa mise en œuvre. En effet, le succès du Programme 2030 dépend entièrement du respect des promesses formulées par les pays. »

Dans son article La transformation des États « fragiles » dépend aussi de nous, l’expert en développement Chukwu-Emeka Chikezie met en garde contre le dérapage actuel par rapport aux objectifs qui pourrait se traduire en 2030 par plus de 80 % des personnes les plus pauvres du monde vivant dans des « contextes fragilisés ».

Bien que nous disposions de nombreux articles dans le domaine du développement durable, nous vous recommandons les suivants, ne serait-ce que pour donner un « visage » à certains de ces ODD, et plus particulièrement en ce qui concerne « la bonne santé et le bien-être », « la paix, la justice et des institutions efficaces » et « l’action en faveur du climat ».

De notre correspondante en Argentine, Nazaret Castro, La contestation sociale réprimée en Amérique latine. Depuis l’Asie, Pollution en Chine : Ciel apocalyptique et malaise social, signé par Jose A. Díaz et Tania Romero et, depuis le continent africain : Pour faire reculer le paludisme, des Sénégalais s’impliquent localement et collectivement, du journaliste Brun’s Morgan, installé au Sénégal.

Nous espérons que la plupart, voire la totalité, des propositions de cet été (ou hiver si vous êtes dans l’hémisphère sud) vous ont intéressé et pour tout commentaire ou proposition, n’hésitez pas à nous contacter ici.

Objectifs de développement durable – où en sommes-nous ?

Par Nerea Craviotto et Theo Morrissey

Les Objectifs de développement durable (ODD) font l’objet d’un état des lieux annuel, qui vise à identifier les écueils et à assurer que leur mise en œuvre se déroule selon le calendrier prévu. Il s’agit du Forum politique de haut niveau sur le développement durable, ou FPHN pour les initiés, qui réunit chaque année au siège des Nations Unies, à New York, les gouvernements, les institutions, le secteur privé, les syndicats et la société civile.

Le FPHN avait cette année pour thème la « transformation vers des sociétés durables et résilientes ». Le Rapport sur les Objectifs de développement durable 2018, publication officielle de l’ONU, a énuméré parmi les principaux défis le changement climatique, le conflit armé, l’inégalité croissante et l’urbanisation rapide.

En prélude à cet événement de portée globale, Sharan Burrow, secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale (CSI), a mis en exergue ce qu’une telle transformation signifierait pour les travailleuses et travailleurs : l’opportunité d’une approche centrée sur les personnes et fondée sur le renforcement et la diffusion du modèle de « transition juste », par opposition au risque de marginaliser davantage les personnes les plus exposées aux répercussions d’une action inadéquate contre le changement climatique, avec ses conséquences délétères pour la stabilité des sociétés sur le long terme.

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Programme 2030 : quel rôle jouent les syndicats ?

Par Paola Simonetti

L’engagement des syndicats a été essentiel pour intégrer au Programme 2030 des priorités telles que le travail décent.

Photo: Solidarity Center

En 2015, les Nations Unies ont adopté un nouveau cadre pour le développement durable, le Programme 2030, qui se compose d’une série d’objectifs, dénommés Objectifs de développement durable (ODD), à l’égard desquels tous les pays ont fait part de leur engagement. Le Programme 2030 fait suite aux Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD, 2000-2015), avec une dimension plus générale. Les OMD s’inscrivaient essentiellement dans une logique de clivage Nord-Sud, alors que le Programme 2030 s’applique à tous les pays – développés et en développement – et va au-delà du seul objectif d’élimination de la pauvreté.

Avec ses 17 Objectifs de développement durable, ses 169 cibles et ses nombreux indicateurs, le Programme 2030 se propose d’offrir pour la première fois un cadre holistique qui réunit les dimensions sociale, économique et environnementale dans le but de favoriser le progrès universel.

Il s’agit sans conteste d’une avancée considérable par rapport aux OMD, mais le Programme 2030 manque encore de puissance quant à sa mise en œuvre. En effet, le succès de le Programme 2030 dépend entièrement du respect des promesses formulées par les pays.

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La transformation des États « fragiles » dépend aussi de nous

Par Chukwu-Emeka Chikezie

La responsabilité de déjouer le piège de la fragilité retombe, à la fois, sur les leaders et les citoyens ordinaires des pays aux prises avec des contextes fragiles.

Photo: World Bank/Stephan Gladieu

Trois années se sont écoulées depuis la mise en œuvre des Objectifs de développement durable à l’horizon 2030 (ODD). L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) avertit que nous ne sommes déjà plus sur la bonne voie pour les atteindre. Le pire, faute de mesures concluantes d’ici 2030, se sera que plus de 80 % des populations les plus pauvres du monde vivront alors dans des contextes fragilisés.

Selon l’OCDE, la fragilité représente une sérieuse menace pour la mise en œuvre du Programme de développement durable. L’OCDE emploie le terme « contexte fragile » parce que la fragilité est difficile à définir, et parce que notre compréhension de ces contextes est en évolution constante. La majorité des pays rejettent l’étiquette d’« État fragile », invoquant son effet stigmatisant.

C’est ainsi que dans son rapport États de fragilité 2018 (States of fragility, en anglais), l’OCDE identifie 58 contextes classés « fragiles », dans un cadre qu’elle a élaboré depuis 2016. La fragilité englobe les dimensions politique, économique, sociétale, environnementale et sécuritaire. Ces 58 contextes incluent la Syrie, la République démocratique du Congo, le Venezuela, le Yémen, le Laos, les Îles Solomon, le Rwanda, la Tanzanie et le Sierra Leone.

La fragilité peut semer le chaos, même dans des pays dotés d’institutions solides, des pays à moyens revenus et qui ne sont pas en guerre. Toutes les formes de fragilité sont à prendre en compte, qu’il s’agisse de fragilité chronique ou de « fragilité superficielle ». Quelle que soit la manière dont elle se manifeste, la fragilité est une pente glissante.

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La contestation sociale réprimée en Amérique latine

Par Nazaret Castro

La police montée surveille des étudiants universitaires massés devant le Congrès national à Asunción (Paraguay) pour protester contre la corruption au sein du système éducatif.

Photo: Santi Carneri

Le 17 octobre, jour de commémoration annuel en Argentine de Juan Domingo Perón, fut repêché dans le fleuve Chubut le corps sans vie de Santiago Maldonado, un jeune artisan porté disparu 80 jours plus tôt et aperçu pour la dernière fois au cours d’un affrontement entre la communauté Mapuche et les forces de sécurité de l’État.

Ces faits s’inscrivaient dans le contexte d’un conflit territorial de longue durée qui oppose les Mapuche à la multinationale Benetton. La disparition de Maldonado avait tenu en haleine la société argentine tout entière pour laquelle le terme de « disparu » évoque les victimes de la dictature civile-militaire de 1976-1983 et incité des centaines de milliers de personnes à se concentrer dans la Plaza de Mayo de la capitale argentine, au même endroit où, 40 ans plus tôt, les Mères de la Plaza de Mayo avaient commencé à effectuer leurs rondes hebdomadaires pour interpeller les autorités sur le sort des membres de leur famille.

« Je ne sais absolument pas s’ils furent 9000 ou 30.000 », avait asséné en novembre de l’année dernière à propos des disparus le président Mauricio Macri.

Ses déclarations, au même titre que celles émises dans le même sens par des membres éminents de son gouvernement, marquaient une rupture avec les gouvernements Kirchner qui l’ont précédé et qui avaient fait des droits de l’homme leur fer de lance, quand bien même ils ne couvraient pas de la même façon les droits des peuples indigènes.

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Pollution en Chine : Ciel apocalyptique et malaise social

Par Jose A. Díaz et Tania Romero

Un jour « bleu APEC » est un néologisme qui synthétise la résignation et l’indignation du citoyen ordinaire et qui, conjugué à l’humour chinois bien affûté, fit pour la première fois son apparition lors d’un sommet de l’APEC en 2014. Cette rencontre se déroula sous un ciel limpide et les meilleurs indices possibles de qualité de l’air résultant de l’arrêt partiel de la circulation à Beijing durant plusieurs jours. Le reste du temps, c’est le gris pollution qui prime.

Photo: José A. Díaz

Un jour dégagé dans les grandes villes du géant asiatique, avec un ciel d’azur parsemé de nuages blancs et une visibilité qui permet de distinguer clairement les bâtiments alentours, ça porte un nom en Chine : C’est un jour « bleu APEC ». C’est ainsi que les habitants des mégalopoles chinoises, habitués au ciel gris, au brouillard persistant et aux contours flous, ont baptisé il y a plusieurs années déjà l’anomalie que représente une journée sans indices de pollution critiques.

Durant plusieurs décennies, la société chinoise a supporté avec résignation la détérioration de son environnement, en guise de péage dramatique sur la route qui a conduit à son développement économique sidérant. Désormais classée deuxième économie mondiale et premier pays exportateur, avec une classe moyenne de plus en plus nombreuse et aisée, la préoccupation face aux répercussions de la pollution s’accroît, jusqu’à se convertir en l’un des problèmes primordiaux pour l’opinion publique du pays.

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Pour faire reculer le paludisme, des Sénégalais s’impliquent localement et collectivement

Par Brun’s Morgan

Des femmes portant sur leur tête des moustiquaires imprégnées qu’elles vont distribuer dans les villages environnants.

Photo: Brun’s Morgan

El Hadj Diop, 64 ans, exerçait comme photographe professionnel pour le service d’information de l’Unicef jusqu’à ce 10 octobre 1999. Ce jour-là, sa fille aînée Ami Diop, 12 ans, meurt après seulement deux jours d’intense fièvre. Dix jours plus tard, le neveu d’Ami trépasse aussi, à cause de la même maladie, le paludisme. « Le samedi où nous enterrions Ami, il y avait d’autres enfants, qui étaient inhumés. Morts de la même cause », se souvient El Hadj Diop.

Il y a 20 ans, Alou Niasse, l’infirmier-chef du district de Thiénaba, à deux heures de route de Dakar, se souvient que 65 % des patients qui le consultaient, souffraient du paludisme. « Dans les années 90, ce sont plusieurs dizaines de personnes qui mouraient du paludisme pendant la saison hivernale  », témoigne l’agent en poste au centre de santé communautaire.

C’est fort de ce constat qu’El Hadj Diop et les femmes des 83 communes environnantes ont fondé l’Association islamique Sopey Mohamed de lutte contre le paludisme. L’association regroupe pas moins de 2 600 bénévoles dans les villages environnants de l’est de Thiès, la deuxième ville du Sénégal.

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Cet article a été traduit de l'espagnol.