Un nouveau gouvernement belge, bonne nouvelle pour les pays du Sud ?

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Quatre ans après les dernières élections qui avaient été suivies de la plus longue crise gouvernementale de l’Histoire, la Belgique est retournée aux urnes en mai dernier.

Cinq mois plus tard, un nouveau gouvernement a pris place, clairement orienté à droite. Mais quelle dimension de solidarité internationale se dessine ?

On le sait, l’outil historique de la coopération avec les pays du Sud, c’est l’aide publique au développement (APD).

La Belgique avait fait partie des pays pionniers en 2002 en s’engageant par la loi à consacrer 0,7% de son revenu national brut à l’APD, dès 2010. Elle n’a pourtant jamais atteint cet objectif.

Après un pic à 0,64% en 2010, les coupes budgétaires se sont succédé pour faire retomber l’aide à 0,45 en 2013. Que se passera-t-il à l’avenir ?

Le nouveau gouvernement semble ne pas le savoir, lui qui réaffirme l’engagement à atteindre ledit objectif « dans la mesure du possible », mais annonce dès la page suivante de sa déclaration gouvernementale que tous les acteurs devront se répartir les efforts d’économies budgétaires !

Cependant, plus que les engagements quantitatifs, c’est la vision du nouveau gouvernement qui pose sérieusement question.

La nouvelle coalition dit ouvertement vouloir choisir les secteurs de la coopération en fonction de la plus-value pour les entreprises belges et les pays partenaires selon les régions d’origine des migrants, de façon à éviter qu’ils quittent leur pays. Deux orientations qui font craindre une instrumentalisation de l’aide au développement, qui est pourtant contraire aux engagements internationaux de la Belgique.

Reste que l’aide ne représente désormais plus qu’environ 15% des flux financiers à destination des pays en développement.

C’est pourquoi une idée a pris une ampleur croissante dans les débats sur la question, jusqu’à se retrouver gravée dans le Traité de Lisbonne : rendre l’ensemble des politiques cohérentes avec les objectifs de développement.

Encore une fois, force est de constater que s’il existe une cohérence dans la déclaration gouvernementale, ce n’est pas vis-à-vis du développement: réduction à peau de chagrin des ambitions en matière de lutte contre le réchauffement climatique, refus de toute norme sociale contraignante dans les accords de commerce et, surtout, politique migratoire réduisant les droits humains et ne tenant aucun compte des besoins en matière de développement des pays d’origine.

Un espoir tout de même : en confiant la compétence de la coopération à l’un de ses vice-Premiers ministres, le nouveau gouvernement se donne une opportunité de faire de celle-ci un enjeu transversal à toutes les politiques du gouvernement.

Encore faut-il que cet enjeu soit abordé sous l’angle de la solidarité et de la lutte contre les inégalités, ce qui ne semble pas gagné…

This article has been translated from French.