Une survivante du Rana Plaza arrêtée pour avoir réclamé justice

Le jeudi 12 mars, j’ai participé à une manifestation devant le siège de l’entreprise The Children’s Place, à Secaucus (New Jersey), pour exiger de cette société de vente au détail qu’elle paie les indemnités dues aux survivants et aux familles des 1138 personnes décédées lors de l’effondrement de l’immeuble Rana Plaza en avril 2013 ˗ la catastrophe la plus meurtrière de l’histoire de l’industrie du textile.

The Children’s Place était l’une des grandes marques à employer du personnel dans l’immeuble lorsqu’il s’est effondré, mais elle a pour l’instant versé seulement 450.000 dollars US au Fonds des donateurs du Rana Plaza.

Selon l’International Labor Rights Forum, c’est sept à quinze fois moins que la contribution d’autres grandes entreprises au Fonds et la moitié de ce que sa présidente-directrice générale, Jane Elfers, a gagné rien qu’en 2012.

Dans une lettre adressée à Elfers, Mahinur Begum, une survivante de la catastrophe du Rana Plaza âgée de 18 ans, explique :

« Cela fait près de deux ans que je ne peux pas travailler dans une autre usine parce que je suis malade et souffre toujours de traumatisme. J’ai essayé d’obtenir un autre emploi, mais quand je l’ai eu, je ne pouvais pas m’empêcher de revivre la catastrophe. Actuellement, je n’ai pas de travail ni d’argent et mes jours s’écoulent dans la misère. Comme les autres survivants du Rana Plaza, j’attends toujours de recevoir la totalité de mes indemnités. Pour le moment, il manque 9 millions de dollars US et nous espérons que The Children’s Place pourra combler ce déficit. »

Pourtant, au lieu d’écouter cette courageuse jeune femme qui a fait le trajet depuis le Bangladesh pour lui remettre sa lettre, la société l’a fait arrêter, elle et 26 autres personnes, toutes menottées et accusées d’intrusion.

En agissant de la sorte, la marque The Children’s Place a révélé sa vraie nature et un comportement entrepreneurial aussi cruel qu’irresponsable.

Pour Mahinur Begum, qui souffre toujours de stress post-traumatique après être restée coincée 24 heures dans les décombres du Rana Plaza, son arrestation a été une expérience particulièrement pénible.

« Je suis juste venue pour leur dire que nous sommes de pauvres gens qui avons besoin de travailler et que nous avons besoin de ces indemnités. Mais, plutôt que de nous payer, ils nous ont arrêtés. Lorsqu’ils m’ont arrêtée, j’ai eu l’impression d’être à nouveau coincée dans cet immeuble. J’ai fait des cauchemars toute la nuit. Pourquoi The Children’s place me traite-elle comme une criminelle alors que c’est sa négligence qui m’a presque tuée ? », a-t-elle confié.

La société refuse d’abandonner les accusations et nous devons maintenant régler les frais de justice.

Mais, cela ne freinera pas notre campagne. Nous sommes plus résolus que jamais à nous battre pour que les victimes du Rana Plaza soient indemnisées. Nous allons réfuter ces fausses accusations et faire campagne contre cette répression injustifiée envers des manifestants qui exercent un droit garanti par le Premier amendement de la Constitution des États-Unis.

Pour ce faire, nous avons besoin d’aide pour récolter 10.000 dollars US d’ici la fin mars dans le but de parvenir à 50.000 dollars US au printemps pour gagner la bataille juridique contre ces arrestations cruelles et injustes.

Nous demandons aussi aux clients d’agir dans les magasins de la marque The Children’s Place ou d’appeler directement l’entreprise pour exiger qu’elle abandonne les charges et paie intégralement les indemnités que les victimes du Rana Plaza attendent depuis près de deux ans.

 

Cliquez ici pour manifester votre soutien ou pour faire un don.