Chili: Les manifestations des ouvriers et des enseignants s’intensifient

 

Face aux travailleurs portuaires mobilisés et en grève auxquels se sont ralliés les travailleurs du cuivre, le gouvernement chilien ne sait plus où donner de la tête.

Les travailleurs des mines de Chuquicamata, Radomiro Tomic, Salvador, El Teniente et Gaby, de même que les employés des bureaux de la maison mère de la société Codelco (Corporación nacional del Cobre de Chile) situés dans le centre de la capitale, Santiago, sont descendus dans la rue pour hurler leur mécontentement concernant l’administration de la mine de cuivre et son PDG, Thomas Keller.

Ce mercredi, Codelco – le plus grand producteur de cuivre du monde – a repris ses activités au terme d’une grève générale de 24 heures.

Au cours des dernières années, la Federación de Sindicatos de Supervisores y Profesionales de Codelco (FESUC) a fait l’objet d’une vague de licenciements collectifs suite à un accord de départ volontaire qui portait sur 2 000 emplois et qui participait, en réalité, d’une volonté d’externalisation des postes-clés au sein de l’entreprise. Le recours à la sous-traitance vise à créer des conditions propices à la privatisation de Codelco.

Prenant la parole lors d’une conférence de presse, Ricardo Calderon, président de la FESUC, qui représente les employés occupant des postes clés au sein de l’entreprise, a exprimé la préoccupation de ses membres :

« Nous sommes opposés à tout processus de restructuration qui vise à externaliser des fonctions spécifiques au personnel de Codelco et à précariser les conditions d’emploi, de même qu’à toutes autres initiatives visant à réduire les coûts en grugeant les personnes. »

L’attention a été attirée sur le fait que la grève ne portait pas sur des revendications économiques mais avait pour objet d’exprimer l’opposition au modèle de gestion imposé au niveau de Codelco eu égard à des enjeux comme les relations employeur-employés, l’externalisation, les programmes de sécurité et la privatisation des services de santé.

Les demandes des travailleurs du cuivre incluent, notamment, l’établissement d’une Administration publique chargée de la gestion des caisses de retraite (ACR).

D’autre part, ils dénoncent la privatisation de leurs régimes de pension et réclament une option d’épargne qui ne soit pas contrôlée par des agents privés.

Ils ont appelé à abandonner l’exportation de concentré de cuivre et de privilégier, à la place, l’investissement dans la science et la technologie et le développement industriel, afin d’améliorer les processus de production du métal et d’investir dans un modèle de développement basé sur une concentration des opérations de fonte et de traitement à niveau national.

Ricardo Calderon a averti le gouvernement chilien et ses représentants et porte-parole : « Abstenez-vous de déformer le motif de notre mobilisation en lui attribuant un fond électoral.

C’est là un problème auquel nous sommes confrontés en tant que travailleurs et citoyens chiliens ; il en va de revendications avec lesquelles nous, travailleurs du cuivre, nous solidarisons aujourd’hui. »

L’appel à la grève nationale chez Codelco cette semaine intervient à la suite d’une mobilisation nationale des étudiants le jeudi 11 avril qui réclamait « une éducation gratuite et de qualité », dont le financement pourrait être assuré indéfiniment grâce aux recettes du cuivre, pour ne citer qu’une des mesures à laquelle pourrait recourir un gouvernement qui se dit juste.

Plus de 100000 personnes ont battu le pavé pour réclamer la réforme d’un système d’enseignement caractérisé par des écoles publiques sous-financées et des universités privées aux coûts d’inscription prohibitifs.

Les étudiants font campagne depuis plusieurs années mais il s’agissait de la première action collective nationale de 2013.

C’est à croire que les slogans des manifestants comme « Du cuivre à n’en plus finir, l’éducation sans avenir » ont fini par pénétrer la conscience de la classe ouvrière, qui en est venue à réaliser le prix élevé de ce métal à niveau mondial et les injustices incessantes commises contre le peuple chilien, cependant que la privatisation de cette ressource stratégique ne cesse de ronger les recettes fiscales de l’État.