La réunion conjointe du G20 marque un tournant critique

 

Cinq ans après le début de la crise financière, l’économie européenne dérape dangereusement vers l’abîme de la récession, tandis que la croissance continue de stagner dans les économies émergentes.

Au Brésil, les taux de croissance sont confinés à moins de trois pour cent. Pendant ce temps en Chine, la croissance a ralenti à 7,5 et les prévisions pour 2013 ne sont guère optimistes.

Chômage croissant, niveaux critiques de chômage chez les jeunes, inégalité et carence de travail décent sont autant de problèmes critiques auquel le G20 se doit de s’attaquer.

Le chômage persiste à travers la zone euro sans qu’il y ait le moindre signe d’une reprise à l’horizon.

Rien que dans les pays du G20, le chômage touche quelque 93 millions de personnes, soit l’équivalent de toute la population de l’Allemagne.

Selon une nouvelle étude conjointe de l’OCDE et de l’OIT, près d’un tiers de ces personnes sont sans emploi depuis plus d’un an.

Les gens se sentent abandonnés par leurs gouvernements, qui négligent de s’attaquer au chômage et font passer les intérêts des entrepreneurs avant ceux des travailleurs.

Des familles entières sont hantées par la peur de se retrouver à la rue ou aux restos du cœur.

Quatre-vingt pour cent des personnes qui ont pris part au sondage d’opinion mondial 2013 de la CSI sont d’avis que le gouvernement a manqué de lutter efficacement contre le chômage dans leur pays. L’action des gouvernements contre le chômage suscite aussi le désaveu d’une majorité des citoyens dans les pays du BRICS.

Si nous ne parvenons pas à convaincre les gouvernements que la croissance centrée sur l’emploi doit se trouver au cœur de la reprise économique, l’ambition du G20 restera confinée aux beaux discours.

Des emplois avec une protection sociale et des revenus décents doivent figurer au cœur de la reprise mondiale.

L’OCDE et l’OIT ont averti qu’après prise en compte de l’inflation, la croissance des salaires réels avait ralenti ou reculé dans une majorité des pays du G20.

L’urgence liée aux emplois et la crise de confiance dans le leadership pourraient s’avérer tout aussi pernicieuses que la crise de 2008. En 2009, les pays du G20 ont œuvré conjointement pour parer aux pires répercussions de la crise bancaire mais au cours des années subséquentes, l’unité d’action collective semble s’être volatilisée.

À présent, il nous faut retrouver l’ambition collective et reconstruire nos économies. Nous demandons aux dirigeants du G20 de faire preuve d’ambition. Un engagement sérieux s’impose pour empêcher un repli sur l’austérité et investir dans l’emploi. Faute de quoi, c’est l’efficacité-même du G20 qui est en cause.

Les citoyens du monde se sentent abandonnés par leurs gouvernements car ils ont le sentiment que ceux-ci font passer les intérêts des entrepreneurs avant ceux des familles travailleuses alors que le chômage et l’inégalité vont croissant.

Seulement 13 pour cent des personnes interrogées dans le cadre du sondage d’opinion mondial 2013 de la CSI estimaient que leur gouvernement se préoccupe des intérêts des travailleurs et de leurs familles.

Sans une agrégation de la demande à l’échelle de l’économie globale, des salaires décents et un sentiment de sécurité dans l’emploi, tout espoir de reprise économique demeurera vain.

L’affaiblissement de la législation du travail ne fera qu’alimenter la crise du chômage et les inégalités. Soixante-quatre pour cent des répondants dans le cadre du sondage mondial 2013 de la CSI estiment que la législation du travail ne garantit pas la sécurité de l’emploi et 66 pour cent sont d’avis qu’elle ne garantit pas des salaires équitables.

Le G20 doit frapper un grand coup pour réaffirmer son leadership économique et montrer qu’il est prêt à tenir ses engagements passés et futurs.

Le sondage d’opinion mondial 2013 de la CSI a relevé un soutien écrasant en faveur de politiques axées sur la création d’emploi et des institutions du marché du travail fortes.

  • Créer de l’emploi en investissant dans de nouvelles technologies vertes.

92 pour cent des répondants se sont déclarés favorables à l’investissement dans l’éducation, la recherche et les nouvelles technologies pour créer des emplois, développer de nouvelles industries et réduire le chômage. 88 pour cent des répondants se sont dits favorables à l’investissement dans l’énergie propre et les industries liées à l’environnement.

  • Obliger les grandes entreprises à payer leurs taxes.

86 pour cent des citoyens interrogés veulent que l’évasion fiscale cesse. 80 pour cent des répondants sont favorables à une imposition accrue des grandes entreprises.

  • Amener les gouvernements à intervenir pour protéger les intérêts des travailleurs et de leurs familles.

Le sondage a révélé un soutien public écrasant en faveur de politiques de protection sociale et de mesures actives en matière de revenus avec, notamment, 90 pour cent d’avis favorables aux droits de pensions, à l’accès à prix abordable à l’éducation, aux soins de santé, à la garde d’enfants et aux allocations de chômage.

  • Adoption et renforcement des normes du travail nationales et internationales

La protection du droit de grève a recueilli 99 pour cent d’avis favorables, le salaire minimum 96 pour cent, le droit de négociation collective 91 pour cent et le droit d’adhérer à un syndicat a, lui aussi, recueilli 91 pour cent d’avis favorables.

Le groupe des pays du G20, qui était auparavant quasi exclusivement réservé aux ministres des Finances, est sur le point de franchir un cap décisif.

En effet, cette semaine a lieu la première réunion conjointe des ministres du Travail et des Finances du G20. Pour la première fois, des ministres qui représentent les deux facettes de la crise financière s’assoiront autour de la même table.

En travaillant ensemble, ils sont en mesure d’établir les conditions requises pour l’investissement, de créer de l’emploi et de soutenir des institutions du marché du travail fortes. Ensemble, ils pourront conjurer l’économie spéculative et reconstruire des économies au service des citoyens.

 

Cet article a été traduit de l'anglais.