Le Fonds européen pour l’emploi des jeunes: Une goutte d’eau dans l’océan

 

À l’occasion du sommet de l’UE à Bruxelles jeudi, les dirigeants européens ont décidé de débloquer une enveloppe de huit milliards d’euros (10,4 milliards de dollars) en faveur de la création d’emplois pour les jeunes.

Ce financement ne semble, cependant, pas à la hauteur de la crise du chômage endémique.

 

Le sommet et le lancement par l’UE de l’‘Initiative pour l’emploi des jeunes’ avaient fait naître beaucoup d’attentes, sachant que ceux-ci dépendraient d’un accord élargi entre la Commission européenne et les États membres concernant le budget pluriannuel de l’UE.

Malgré une « totale unanimité » des dirigeants à propos du budget, le président du Conseil européen, Herman van Rompuy, a reconnu qu’il subsistait « certains problèmes budgétaires pour certains pays ».

On attendait de la part des dirigeants de l’UE un plan d’action pour la stimulation de la croissance et de l’emploi visant une augmentation de jusqu’à deux pour cent du PIB de l’UE. On s’attendait aussi à ce qu’ils affectent des ressources financières adéquates à telle fin.

Mais le plus grand défi qui se posait à eux était d’apporter une réponse concrète à ce qu’on nomme désormais la « génération perdue » de jeunes Européens et Européennes.

Plus de 5,6 millions de jeunes sont actuellement sans emploi, soit un jeune sur quatre.

Cette proportion est nettement supérieure dans les pays en crise du sud de la zone euro comme la Grèce, l’Espagne, le Portugal et l’Italie.

L’enveloppe de huit milliards de dollars destinée à l’Initiative pour l’emploi des jeunes sera déployée à partir de janvier 2014 et vise à promouvoir des programmes de placement à travers l’Union européenne.

Le plan a été présenté par certains dirigeants comme le meilleur résultat possible, au vu des contraintes budgétaires.

« Le plus important est d’améliorer notre compétitivité », a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel, qui doit se présenter aux élections en septembre.

« Il ne s’agit pas de créer toujours de nouvelles enveloppes financières. »

Les Allemands sont soucieux de préserver la rigueur budgétaire et las de financer des États en difficulté dans le sud de l’Europe.

« Nous devons donner des emplois aux gens et nous garder de faire de fausses promesses », a ajouté Angela Merkel.

 

Calamité

D’aucuns ont, toutefois, regretté qu’il n’en ait pas été fait davantage pour remédier au chômage des jeunes.

Le président du parlement européen, Martin Schulz, a décrit la mesure comme une « une goutte d’eau dans l’océan ».

« Face à cette calamité on a besoin de ressources ; seuls un vrai plan de relance et un changement au niveau des politiques économiques permettront d’apporter une solution fondamentale à ce problème. Je doute que le financement proposé soit à la hauteur des attentes », a dit dans son intervention au Conseil la secrétaire générale de la CES, Bernadette Ségol.

Les syndicats ont invité le Conseil européen à donner suite à la « feuille de route sur la dimension sociale » annoncée en décembre dernier et qui semble avoir été reportée indéfiniment.

« Que comptez-vous faire – et j’entends par là faire et pas juste parler – pour sortir nos pays et les citoyens qui vous ont élus du marasme où nous nous trouvons actuellement ? »

La déréglementation et la rigueur ont été un échec. Qu’allez-vous faire pour remettre nos économies sur les rails? », a demandé Ségol.

La crise économique n’a fait qu’attiser le mécontentement et le ressentiment des citoyens à l’égard des institutions européennes.

Selon une récente enquête Pew Research publiée par l’agence de presse AFP, l’opinion favorable envers l’UE a chuté de 60 pour cent l’année dernière à tout juste 45 pour cent actuellement.

Tout ceci survient à l’heure où des pays membres prospectifs d’Europe orientale et des Balkans se préparent, à leur tour, à faire leur entrée dans l’Union dans un avenir relativement proche.

Le 1er juillet, la Croatie deviendra le 28e État membre de l’UE, alors que la Serbie devrait amorcer des pourparlers d’adhésion en janvier 2014 et que l’Albanie table sur un regain de soutien en faveur de sa demande d’adhésion suite aux élections générales, en juin.