Les syndicats indépendants s’en vont en grève pour la démocratie à Hong Kong

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Alors que les manifestations pro-démocratie sans précédent à Hong Kong se poursuivent le jour où se célèbre le 65e anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine, des milliers de travailleurs ont répondu à l’appel à la grève lancé par la Confédération des syndicats de Hong Kong (HKCTU).

Selon les derniers chiffres communiqués par la HKCTU, quelque 10.000 travailleurs, tous secteurs confondus, se seraient mis en grève.

Le mouvement contestataire a démarré sous forme d’un boycott des cours organisé par la Fédération des étudiants de Hong Kong, en réaction à l’annonce récente du refus de Beijing de tenir des élections libres et impartiales en 2017.

Depuis dimanche, toutefois, les étudiants se sont ralliés au mouvement Occupy Central pour mobiliser une action de désobéissance civile massive, après que des étudiants protestataires aient été encerclés par la police antiémeute et attaqués au gaz lacrymogène et aux diffuseurs de poivre – une action qualifiée de « brutale » par le Syndicat des enseignants professionnels de Hong Kong (Hong Kong Professional Teachers’ Union – HKPTU).

Depuis lors, des travailleurs arborant des brassards jaunes et des personnes issues de toutes les classes sociales se sont joints aux manifestations pour exprimer leur indignation sur toute la ligne, depuis l’inégalité abyssale dans ce qui est l’une des principales places financières mondiales jusqu’à la pénurie de logements décents.

Dans un communiqué paru lundi, la HKCTU a appelé « tous les travailleurs de Hong Kong » à se mettre en grève autour des revendications suivantes : La remise en liberté de tous les manifestants arrêtés ; la fin de la répression des rassemblements pacifiques ; une réforme politique légitime et la démission de Leung Chun-ying, chef de l’exécutif de Hong Kong.

« Vingt-et-un affiliés ont signé la pétition que nous avons mise sur pied et appelé leurs membres à participer à la grève », a déclaré Mung Siu-tat de la HKCTU dans une interview avec Equal Times.

« Un nombre important de droits fondamentaux des travailleurs ont été rejetés par le chef de l’exécutif et le Conseil législatif, parmi eux les réglementations relatives à la durée de travail. »

L’annonce officielle du 31 août selon laquelle les candidats au poste de chef de l’exécutif hongkongais en 2017 seraient choisis par Beijing a été la goutte de trop.

« Nous devons défendre le suffrage universel pour protéger les moyens d’existence des travailleurs. »

Noriyuki Suzuki, secrétaire général de l’organisation régionale de la Confédération syndicale internationale pour l’Asie et le Pacifique (CSI-AP) est du même avis. Il a déclaré à Equal Times : « Le gouvernement de Hong Kong doit relancer la consultation sur la réforme politique.

« Les travailleurs réclament un système électoral impartial pour remédier au problème d’un gouvernement qui penche résolument du côté des entreprises, un problème de longue date. »

 

Solidarité

À la parution du communiqué de la HKCTU, un certain nombre de syndicats indépendants comme le Union of Hong Kong Dockers – qui a remporté une importante victoire l’année dernière à l’issue d’un mouvement de grève qui a duré 40 jours-, le Bar Bending Solidarity Union et le Retail, Commerce and Clothing Industries General Union ont déclaré leur soutien unanime en faveur de la grève.

Dans le même temps, des milliers de syndicats aux quatre coins du monde ont envoyé des messages de soutien et signé une pétition en ligne en faveur de la démocratie à Hong Kong.

L’entreprise Swire Beverages, qui met en bouteille et distribue les produits Coca-Cola, est le principal producteur de boissons rafraîchissantes de Hong Kong et son syndicat des employés, le Swire Beverages (Hong Kong) Employees General Union, était parmi les premiers syndicats à répondre à l’appel de la HKCTU.

Lundi, environ 200 travailleurs ont pris part à un sit-in devant l’usine et 40 représentants ont été envoyés pour prendre part aux manifestations.

Les enseignants de Hong Kong ont, eux aussi, témoigné leur soutien pour ce que d’aucuns nomment déjà la « Révolution des parapluies » en se joignant au mouvement de grève ou en le soutenant.

«Les enseignants se mettent en grève soit parce qu’ils veulent témoigner leur soutien aux étudiants protestataires, soit parce qu’ils veulent exprimer leur désaveu envers le système politique», affirme Chan, qui enseigne dans une école secondaire à Hong Kong.

Les chauffeurs d’autobus et automobilistes de toute l’île ont expressément garé leurs véhicules dans les quartiers des manifestations, pour qu’ils servent de barrage et protègent les manifestants de la police.

Les avocats offrent, quant à eux, des conseils juridiques gratuits aux personnes qui ont été arrêtées.

Entre temps, les jeunes se sont mobilisés pour distribuer des rafraîchissements, des serviettes et des parapluies aux différents postes de ravitaillement jonchés de bâches en plastique, de lunettes de protection et de masques, pour parer à toutes nouvelles attaques au poivre et au gaz lacrymogène de la police.