Mouvement de grève mondial pour de meilleurs salaires dans les fast-foods

Les travailleurs des chaînes de restauration rapide à travers le monde participeront à une grève d’un jour ce jeudi pour dénoncer les bas salaires et des conditions de travail inéquitables.

Les travailleurs de fast-foods dans 33 pays et six continents ont annoncé qu’ils se rallieraient au mouvement grandissant pour un salaire décent et des droits fondamentaux dans les chaînes de restauration rapide comme McDonald’s, Burger King, Wendy’s et KFC.

Aux États-Unis, où la campagne pour de meilleurs salaires pour les employés de fast-foods a commencé en 2012, les travailleurs se mettront en grève dans 130 villes à travers le pays.

Les employés réclament un salaire de 15 USD (approximativement 10,90 euros) de l’heure et le droit de former un syndicat à l’abri de toutes représailles.

Inspirés par ce mouvement, les travailleurs d’autres pays organiseront des manifestations simultanées pour demander des augmentations salariales et la fin des « pratiques abusives en matière d’emploi ».

« Indépendamment d’où ils vivent, les travailleurs des fast-foods veulent un salaire équitable et des droits au travail », affirme Frances Cabrera, une employée de McDonald’s qui se prépare à faire grève en Argentine.

« En Argentine, nous avons acquis certaines droits mais nous peinons toujours à joindre les deux bouts avec nos bas salaires. En voyant les actions courageuses menées par les travailleurs des fast-foods aux États-Unis qui réclament un changement, nous avons été inspirés à nous rallier au mouvement grandissant. »

La campagne a été lancée aux États-Unis suite aux efforts entrepris par le Service Employées International Union (SEIU) pour augmenter le salaire minimum des employés de fastfoods à 15 USD de l’heure.

Démarrée à New York, la campagne au slogan accrocheur de « Fight for 15 » (en lutte pour 15) n’a pas tardé à embraser l’ensemble du pays et même à susciter une attention croissante dans le reste du monde.

« C’est incroyable que notre combat pour 15 USD et un syndicat ait inspiré des travailleuses et travailleurs aux quatre coins du globe à s’unir », a déclaré Ashley Cathey, une employée de McDonald’s à Memphis, Tennessee, rémunérée à 7,75 USD de l’heure au bout de six années de service. « Notre campagne ne cesse de croître et de gagner en force et l’industrie hautement lucrative de la restauration rapide doit comprendre que nous n’arrêterons pas tant que nos revendications ne seront pas prises en considération. »

Le SEIU a déclaré dans un communiqué de presse : « Le mouvement veut remettre en question la notion dépassée qu’entretiennent les chaînes de restauration rapide que leurs employés sont des adolescents en quête d’argent de poche. Aujourd’hui, leurs employés sont des mères et des pères de famille qui peinent à élever leurs enfants avec des salaires trop bas. »

La majorité des arrêts de travail prévus à travers le monde le 15 mai auront lieu dans des établissements McDonald’s. En Allemagne, des actions de protestation sont prévues chez Burger King. Pendant ce temps en Italie, les employés de fast-foods se préparent à faire grève dans une série de points de vente à Venise, Milan et Rome et en Inde, une grève des travailleurs de fast-food est annoncée dans trois villes.

En Grande-Bretagne, des manifestations sont prévues dans 20 villes, à l’initiative de la campagne Hungry for Justice lancée en début d’année pour organiser les travailleurs de la restauration rapide.

« Malgré les bénéfices plantureux amassés par les chaînes de fast-food, l’employé moyen dans le secteur de la restauration rapide au Royaume-Uni peine à joindre les deux bouts avec seulement 5 livres sterling (6,10 euros) de l’heure », a confié à Equal Times Julie Sherry, organisatrice au sein de la campagne Hungry for Justice.

« McDonald’s, le leader du secteur au Royaume-Uni, consolide ses bénéfices astronomiques en forçant 90 % de ses effectifs à vivre avec des contrats zéro-heure, c’est-à-dire que les travailleurs n’ont pas d’heures de travail garanties mais peuvent, en revanche, être appelés à travailler à tout moment. »

Les travailleurs ont annoncé la grève le 7 mai, devant un restaurant McDonald’s à Manhattan et ont ensuite délivré une lettre à McDonald’s appelant la chaîne multinationale à augmenter les salaires et à respecter les droits des travailleurs de par le monde.

« Le 15 mai, nous prendrons part à une action collective mondiale pour demander que McDonald’s – le deuxième plus grand employeur du secteur privé du monde – respecte le travail de ses employés », était-il affirmé dans la lettre.

Ron Oswald, secrétaire général de l’Union internationale des travailleurs de l’alimentation, de l’agriculture, de l’hôtellerie- restauration, du catering, du tabac et des branches connexes (UITA), une fédération internationale de syndicats représentant 12 millions de travailleurs et travailleuses, a déclaré à Equal Times : « La lutte pour les 15 aux États-Unis a retenu l’attention des travailleurs aux quatre coins du monde dans une industrie mondiale du fast-food dont les effectifs ont récemment commencé à se mobiliser. »

« Cela a insufflé un nouvel élan d’inspiration et les a encouragés à se mobiliser internationalement dans la lutte pour de meilleurs salaires et des droits accrus au travail. »

Dans un rapport déposé devant la Securities and Exchange Commission (SEC), McDonald’s a admis que les mouvements de protestation des travailleurs pourraient contraindre l’entreprise à des augmentations salariales cette année.

Suite aux grèves initiales aux États-Unis, la ville de Seattle a conclu un accord la semaine dernière prévoyant l’instauration d’un salaire minimum de 15 USD. On attribue également à la campagne Fight for 15 le fait d’avoir focalisé l’attention sur le débat concernant l’inégalité salariale aux États-Unis.

Par ailleurs, des accusations de vols « généralisés et systématiques » sur les salaires déjà extrêmement bas des travailleurs de fast-food ont été portées dans le cadre de sept recours collectifs contre McDonald’s intentés par des employés dans trois États américains au début de cette année.

Chacun de ces cas porte sur des allégations de « vol salarial » et la violation de la législation du travail fédérale, y compris le non-respect du salaire minimum, le refus d’accorder des périodes de pause pour les repas et le repos et l’imposition d’heures supplémentaires forcées et non rémunérées.

Un travailleur sur dix aux États-Unis affirme avoir fait l’objet d’un vol salarial, le plus souvent sous forme d’heures supplémentaires obligatoires non comptabilisées, selon un sondage réalisé par Hart Research.

McDonald’s a annoncé qu’elle menait à présent une enquête détaillée sur les allégations.