Le Swaziland ordonne l’arrêt des travaux du Groupe d’enquête mondial

 

Vendredi, les forces de sécurité du Swaziland ont empêché un groupe international de syndicalistes et de militants des droits humains de tenir une conférence sur l’« état » inacceptable des droits des travailleurs au Swaziland.

Une réunion du Groupe d’enquête mondial sur les violations des droits des travailleurs aurait dû avoir lieu au George Hotel, à Manzini, la deuxième ville du pays.

Mais l’événement a été interrompu de manière spectaculaire lorsque la police swazie a encerclé le bâtiment.

Des officiers de police se sont ensuite introduits dans l’hôtel et ont ordonné aux participants de lever la séance sur-le-champ et de quitter le Swaziland.

Jay Naidoo, ancien secrétaire général du Congrès des syndicats sud-africains (Congress of South African Trade Unions, COSATU) présidait l’événement auquel participaient, entre autres, l’avocat zimbabwéen des droits humains Alex Muchadehama, l’évêque méthodiste sud-africain Paul Verryn et le directeur du Centre for Labour Education and Research du Swaziland, Nomthetho Simelane.

Fruit d’une initiative conjointe de la Confédération syndicale internationale (CSI), du Trade Union Congress of Swaziland (TUCOSWA) et du COSATU, le Groupe d’enquête mondial avait pour objectif de déterminer de quelles façons les droits fondamentaux des travailleurs sont attaqués au Swaziland.

La police a, toutefois, déclaré qu’il était « inapproprié » qu’un tel événement se déroule le jour du 45e Anniversaire de l’indépendance du Swaziland.

Elle a cependant manqué de fournir un mandat ou une autorisation écrite à tel effet.

 

 

Arrestations

La suspension brutale de la session du Groupe d’enquête mondial vendredi est intervenue suite à l’arrestation suivie de la libération, jeudi, de plusieurs membres de la mission d’enquête internationale – y compris Jay Naidoo – pour leur participation à une Semaine d’action mondiale pour le Swaziland.

Dans un courriel adressé à ses collègues de la CSI, Naidoo a indiqué à propos des arrestations : «J’espère que nous pourrons tirer parti de cette situation pour exiger un dialogue constructif avec le gouvernement et les milieux d’affaires et, par là-même, contribuer à surmonter, au moins en partie, l’impasse dans laquelle se trouve le Swaziland. »

Le secrétaire général du TUCOSWA, Vincent Ncongwane, a lui aussi été arrêté jeudi alors qu’il se préparait à mobiliser les effectifs de son syndicat dans le cadre d’une manifestation.

Il reste actuellement assigné à résidence et devrait faire l’objet de poursuites judiciaires.

Lors de ses échanges avec ses collègues de la CSI, Ncongwane a décrit les événements alarmants survenus aujourd’hui comme symptomatiques de l’« harcèlement incessant » qu’affrontent au quotidien les syndicalistes au Swaziland.

« Le gouvernement cherche par tous les moyens à intimider les gens, surtout à partir du moment où il a appris que nous projetions un Panel d’enquête mondial.

C’est ce que nous avons toujours dit ; l’État s’emploie à dissuader les gens de prendre part aux activités syndicales.

Ils savaient que des travailleurs locaux et des syndicalistes étrangers viendraient participer à l’enquête mondiale et c’est pourquoi ils ont intensifié le harcèlement. »

Dans un message de solidarité, la secrétaire générale de la CSI, Sharan Burrow, a félicité le TUCOSWA pour son « courage » et sa « détermination ».

« La police a peut-être voulu réduire au silence la voix des travailleurs du Swaziland. Mais, en réalité, elle n’a fait que renforcer notre détermination à entendre votre voix résonner plus haut et plus clair. »

 

 

Semaine d’action mondiale

Aux quatre coins du monde, les syndicats ont organisé des événements de solidarité pour réclamer des droits démocratiques accrus au Swaziland, et ce à quelques semaines seulement des élections générales nationales.

En Grande-Bretagne, Frances O’Grady, secrétaire général du Trade Union Congress (TUC), a rencontré le Haut-commissaire du Swaziland pour condamner les arrestations et demander la levée de l’interdiction qui a été imposée à la centrale syndicale TUCOSWA.

Pendant ce temps en Afrique du Sud, le COSATU – principale fédération syndicale sud-africaine – a organisé une journée de blocus des frontières du Swaziland depuis l’Afrique du Sud.

Le roi Mswati III, le dernier monarque absolu du continent africain, a fait l’objet de vives critiques internationales pour les violations des droits humains dans le pays.

Les partis politiques sont interdits, il n’y a pas de liberté de presse ni de pouvoir judiciaire indépendant et la corruption est endémique, cependant que 60 pour cent de la population vit dans la pauvreté absolue.

Il n’est pas rare que les syndicalistes subissent de plein fouet les diverses restrictions imposées par l’État en matière d’assemblée, d’association, de mouvement et même de dissidence.

Les travailleurs swazis ont été invités à s’ouvrir à propos de leurs expériences devant le Panel, et ce aux fins de préparer un rapport à l’intention du Comité de l’application des normes de l’Organisation internationale du travail (OIT).

Au lieu de cela, Naidoo et l’équipe d’enquête ont eu des entretiens individuels avec des travailleurs avant de repartir pour l’Afrique du Sud.

Un point de presse a eu lieu vendredi après-midi au siège du COSATU, à Johannesburg.