Quel diagnostic pour la santé après 2015 ?

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Ce mercredi, des dirigeants participant à l’Assemblée générale des Nations Unies participeront à une « réunion spéciale » dont l’objectif est de se pencher sur l’avenir des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) après 2015.

Lorsque les Nations Unies ont lancé les OMD, en 2000, la santé en était vraiment la pierre angulaire, mais quelle place occuperont les priorités de santé après 2015 ?

Par rapport à il y a près de quinze ans, lorsque les objectifs actuels ont été négociés, le contexte général de développement a considérablement changé.

Les crises financière et économique ont eu de fortes répercussions sur les budgets que de nombreux pays, dits « donateurs », consacrent au développement.

Dans le même temps, des pays émergents comme le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud - les pays BRICS - jouent un rôle bien plus prééminent et aident désormais à esquisser les contours des priorités de santé au niveau mondial.

Un objectif de santé se démarque dans les négociations actuelles relatives à l’après 2015: il s’agit de la couverture de santé universelle qui prendra le relais des actuels OMD sur la mortalité infantile, le sida, le paludisme et la tuberculose.

Une « couverture de santé universelle » signifie que tous les habitants d’un pays donné peuvent bénéficier des soins de santé dont ils ont besoin sans courir le risque de se ruiner.

Selon Andrew Cassels, directeur de l’Unité Stratégie à l’OMS, la communauté mondiale de la santé est favorable à un objectif de santé unique plus vaste.

 « Bon nombre d’entre nous sont conscients que la situation actuelle – plutôt privilégiée – de la santé au sein des OMD, avec trois objectifs s’attachant à des problèmes de santé précis, ne pourra se répéter. »

À quoi ressemblera donc l’objectif de santé relatif à la couverture de santé universelle après 2015 ?

Son contenu est toujours en cours de négociation, mais il se dégage déjà quelques éléments.

Lors de la réunion des Nations Unies de cette semaine sur les OMD, les organisateurs plaideront en faveur d’une nouvelle forme de gouvernance de la santé, socialement responsable, incluant des approches qui vont au-delà des interventions de santé motivées par des facteurs commerciaux.

« Un exemple d’une action de santé non marchande est la possibilité de mettre en place un socle de protection sociale, explique Zusanna Muskat-Gorska, conseillère politique à la Confédération syndicale internationale (CSI).

Cette initiative devrait être universelle, équitable et pérenne, tout en se concentrant sur le rôle des services publics de qualité. »

Le mouvement syndical plaide ardemment en faveur du programme pour l’après 2015.

« Nous demandons des engagements précis en matière d’emploi (“travail décent pour tous”) et de protection sociale.

Nous voulons aussi que soient repris certains éléments liés à la santé, poursuit Zusanna Muskat-Gorska.

Nous insistons sur le fait que la santé ne peut être dissociée de ses causes et conséquences sociales et économiques, et qu’elle doit donc être abordée conjointement aux engagements en termes de protection sociale.

La santé peut être vue comme un indicateur des trois dimensions – économique, sociale et environnementale – du développement durable. »

En revanche, la place qu’occupera la lutte contre le sida et le VIH dans le programme de l’après 2015 n’est pas encore bien définie.

Le VIH reste l’un des indicateurs les plus puissants de l’inégalité qui règne dans le monde au niveau des soins de santé.

Encore aujourd’hui, l’Afrique subsaharienne continue d’abriter 67 pour cent du nombre total de personnes qui vivent avec le VIH, et 90 pour cent des nouvelles infections d’enfants s’y produisent.

« Le sida reste une injustice sociale, explique encore Zusanna Muskat-Gorska, encourageant la discrimination et la stigmatisation, ainsi que les inégalités économiques.

Il est évident que le cadre pour l’après 2015 doit relever ce défi et qu’il faut se souvenir des enseignements tirés. »

Et que peuvent faire les syndicats ?

« Nous sommes des catalyseurs de progrès au sens plus large en matière de santé et de développement; nous devons montrer que la santé doit être reconnue comme un droit humain et un bien public universel.

Il faut donc que le cadre pour l’après 2015 mette l’accent sur les responsabilités légitimes de la communauté internationale, des gouvernements nationaux et des autres parties prenantes. »